mercredi 16 septembre 2009

"But now that I’m older, my heart’s colder, and I can see that it’s a lie."


A passer son temps partagé entre la lecture et le cinéma, on en finit toujours par se poser la question de l'adaptation.

La plupart du temps. Parce que, avouons-le, se questionner sur les rapports entre le récit écrit et le récit cinématographique dans le cas de produits ultraformatés tels que le dernier Harry Potter ou Twilight ne revient pas à grand chose. Cela dit, dans certains cas, la question se pose, l'espoir nait de voir quelque chose d'intéressant sortir de la confrontation de l'art du mouvement et de celui de l'évocation. Ce fut le cas pour l' - évidente, rétrospectivement - déception de La boussole d'or...

Et voici que, au jour d'aujourd'hui, l'espoir de voir la symbiose renaître me revient : voici que se profile à l'horizon Where the wild things are, l'adaptation au cinéma de Max et les maximonstres, un classique renégat de la littérature enfantine. Renégat, parce que personne ne croyait aux valeurs défendues par Maurice Sendak lorsqu'il sortit, en plein boom de l'éducation de l'enfant roi, un récit plein de créatures effrayantes, pourvues de grandes dents, et de gros yeux, mais qui reconnaissant dès le départ dans le petit garçon Max "the most wild thing of all". Sendak s'était souvenu, fort à propos, que le monde d'un enfant n'est pas le monde catégorisé, presque aseptisé que voudraient lui proposer les adultes : un enfant côtoie, recherche, mais aussi domine la peur. Tim Burton, Henry Selick, Neil Gaiman, ou Le Secret de Terabithia ne sont jamais meilleurs que lorsqu'ils s'en souviennent...


Quelques 40 ans après sa sortie, Hollywood s'intéresse donc à Max, et depuis quelques temps déjà circule sur le net la bande-annonce du film, à laquelle je voudrais m'intéresser ici. Max et les maximonstres, le livre, pourrait aisément être rassemblé sur une demi page de texte - comment donc les responsables de l'adaptation s'en sont-ils sortis?

Avec Les trois brigands, les scénaristes étaient parvenus à rallonger la sauce du livre éponyme de Tomi Ungerer - lui aussi un classique de l'enfance, de ceux dont on estime qu'ils ne devraient pas être profanés par la réécriture. Or, Les trois brigands est non seulement un excellent film d'animation, autant du point de vue purement cinématographique que proprement graphique, musical, ou narratif. La transposition s'est effectuée avec brio - peut-être Spike Jonze réussira t-il le même tour de force, mais finalement peu importe.

Ce qui importe, c'est que le talent de monteur, de choix de musique des responsables de la bande-annonce du film a déjà donné l'adaptation du livre, finalement : la nostalgie, la candeur, la beauté de cette séquence supplée avec brio la poésie du livre de Sendak - qu'importe si la "version longue" ne se montre pas à la hauteur?

Enfin, que faire? Voir le film dans son intégralité pourrait-il gâcher la bande-annonce, comme ce fut le cas pour l'adaptation de 300 de Zack Snyder? Probablement pas. En tous les cas, il demeure que les responsables de cette bande-annonce ont fait preuve d'un talent consommé de l'évocation nostalgique de l'enfance, mais pas une enfance mièvre et policée : une enfance où sont les choses sauvages.

Chapeau bas.