tag:blogger.com,1999:blog-46281914859653366862024-02-19T06:50:02.041-08:00Humeurs SanguinesVincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.comBlogger33125tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-85860976458608174622013-02-27T04:37:00.001-08:002013-02-27T04:42:28.242-08:00Shock Waves<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on"><br />
À l'instar d'un bon trader, le producteur bis se doit d'avoir le nez creux. Rarement à la pointe de l'innovation thématique, il sait, en revanche, renifler le filon populaire qui va lui permettre d'enchaîner les succès, ce qui explique la multiplication des productions formulaïques et des sous-genre ultracodifiés. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVPOU5cH6du4i0vIZgcxB9O0Kq13aM_NH_jdvdjV3gkVghxK4vcNopHDLOYSRTUQD2TM5BKH1_lseBfJA7IUTL673C31E2ZFn0YKDkCh1CQhlbrlUGSDamkjUytq4lnLv1sLtz-K4hMKM/s1600/02-30+Shock+Waves.jpg" imageanchor="1" ><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVPOU5cH6du4i0vIZgcxB9O0Kq13aM_NH_jdvdjV3gkVghxK4vcNopHDLOYSRTUQD2TM5BKH1_lseBfJA7IUTL673C31E2ZFn0YKDkCh1CQhlbrlUGSDamkjUytq4lnLv1sLtz-K4hMKM/s320/02-30+Shock+Waves.jpg" /></a></div><br />
Avec <i>Shock Waves</i> (le titre original que l'on préférera à sa VF, pataude : <i>Le Commando des morts-vivants</i>), Ken Wiederhorn aborde un sous-sous-genre : le film de zombies nazis aquatiques. Les nazis zombies ont une filmographie rien qu'à eux, et, lorsqu'on connaît le goût prononcé d'Heinrich Himmler et d'Adolf Hitler pour le mysticisme, et la fantasmatique qui entoure leurs tentatives occultes (concernant la Terre creuse, notamment), on peut s'étonner que ce sous-genre n'ait d'ailleurs pas essaimé plus encore. Les zombies aquatiques sont plus communs mais restent contingents, sans doute parce que moins photogéniques : on se souviendra surtout des zombies maritimes de <i>L'Enfer des zombies</i> de Lucio Fulci, où l'on voit notamment un combat d'anthologie entre un zombie et un requin. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVWKzvYLqUPZnulEgmru_s2zRPRoSqFTMeFv0c8yPcCK06jmYgynhjSSS1516KNhq25wxTcXHfBvZBuGh9nVCgy_FCAVLvSPBdgDi_3bq_zxUEQ__rf95C_gd_JlOa1wqOeSy74FN8F-w/s1600/Enfer.jpg" imageanchor="1" ><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVWKzvYLqUPZnulEgmru_s2zRPRoSqFTMeFv0c8yPcCK06jmYgynhjSSS1516KNhq25wxTcXHfBvZBuGh9nVCgy_FCAVLvSPBdgDi_3bq_zxUEQ__rf95C_gd_JlOa1wqOeSy74FN8F-w/s320/Enfer.jpg" /></a><br />
<i>Le combat sous-marin titanesque de </i>L'Enfer des zombies</div><br />
Alors, le film de zombies nazis aquatiques ! L'énoncé, en lui-même, évoque avant tout les tentatives maladroites des producteurs bis pour renouveler, sans succès, les genres qui s’essoufflent en opérant des croisements improbables. La filmographie du genre est peu fournie, mais brille avant tout par sa figure de proue, son chef-d’œuvre, sa merveille : <i>Le Lac des morts-vivants</i>. Réalisé dans les années 1980 par un Jean Rollin peu concerné (qui se cache sous le clinquant pseudo de J.A. Lazer !), le film accumule les contre-performances et s'est constitué, au fil du temps, un culte fervent auprès des pervers amateurs de choses cinématographiques déviantes. <i>Shock Waves</i>, qui lui est pourtant antérieur, souffre d'ailleurs de cette parenté thématique, qui le décrédibilise d'emblée.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3bG7iAbFRGQ-o1eyKAzdswEQdvy9SRhupTIa_ZOcsIYzgXvRF6ejj9E2W1AjJNS1kh5RVZ2_xOeQYpZeXKSPkoZbWU3C2JoGiltIyMKjsKHC4r4aRLs-zidHdPMYzH5clshUPOb2YlTo/s1600/Lac.jpg" imageanchor="1" ><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3bG7iAbFRGQ-o1eyKAzdswEQdvy9SRhupTIa_ZOcsIYzgXvRF6ejj9E2W1AjJNS1kh5RVZ2_xOeQYpZeXKSPkoZbWU3C2JoGiltIyMKjsKHC4r4aRLs-zidHdPMYzH5clshUPOb2YlTo/s320/Lac.jpg" /></a><br />
<i>Les zombies de la mare aux canards, l'une des multiples grandes réussites du</i> Lac des morts-vivants.</div><br />
Pourtant, le premier film de Ken Wiederhorn mérite bien plus qu'une curiosité narquoise. Admettons une déception : si le film réunit John Carradine et Peter Cushing, on n'aura hélas pas le plaisir de les voir confrontés l'un à l'autre. C'est avant tout le traitement de son sujet qui se révèle intéressant : un bateau de tourisme fait naufrage suite à une collision avec une épave rouillée, ce qui va conduire les passagers à explorer une île toute proche, refuge d'une escouade de soldats nazis zombies amphibies qui vont évidemment reprendre du service avec l'arrivée de la chair fraîche. L'argument paraît certes un peu ridicule, et renvoie au <i>Lac des morts-vivants</i>. Pourtant, Ken Wiederhorn est concerné par bien autre chose que le cahier des charges homicide d'un film de zombie. Il place son film sous un soleil écrasant, tropical, une chaleur moite qui n'est pas, encore une fois, sans évoquer Lucio Fulci. Mais, faute d'un budget suffisant, ou par choix, Wiederhorn évite les débordements charnels putrescent de Fulci : il laisse s'abattre sur son film une torpeur lente, estivale, à la faveur de laquelle il va composer des plans surréalistes, comme autant de mirages.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9WzbcNDSUMzWezfrP8sPHzzQEeHRQMh4_-E6mQoHmu1aDrscvw1alkCfJgRiZIEAhwbdZqC3ZrNPy9VEbfGkWx3qQKl9xQqwck6Snv_ZOJFodHqVcuzM63rajJ1MCtjf4tlkHTsCs8eU/s1600/BAT.png" imageanchor="1" ><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9WzbcNDSUMzWezfrP8sPHzzQEeHRQMh4_-E6mQoHmu1aDrscvw1alkCfJgRiZIEAhwbdZqC3ZrNPy9VEbfGkWx3qQKl9xQqwck6Snv_ZOJFodHqVcuzM63rajJ1MCtjf4tlkHTsCs8eU/s320/BAT.png" /></a><br />
<i>L'épave rouillée, étrangement posée sur les eaux.</i></div><br />
Ses zombies diffèrent également de la norme : étranges créatures qui semblent se conserver, apathiques, dans l'eau de mer, elles ne sont pas cannibales, à la différence de quasiment tous les autres morts-vivants cinématographiques. Préférant noyer leurs victimes, les soldats zombies apparaissent avant tout comme un avatar inéluctable de la mort – pourtant, la terreur est curieusement absente. Pas de mutilation, pas de douleur monstrueuse dans les derniers moments, pas même de retour parmi les monstres une fois la victime décédée... L'horreur est atténuée, ouatée, comme endormie, elle aussi, par la chaleur écrasante. On se prend à penser à la nouvelle de Maupassant, <u>La Peur</u>, dans laquelle le son d'un tambour sous le soleil du désert cause plusieurs morts, alors qu'il ne pourrait bien s'agir que d'un mirage auditif...<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuglrVfYD_K5hsQuP1ELoVLvVOjWXm1Nb-DydfSUiaJEtCrkzi0h_ORt9EgVsZXi78k7Y4qeJqV38Ravsv8utEPFIdUS-LT99ie8BlhT5WbFuQGtDS2oZcfWyuQbzikgs-pPoWeSH1bc8/s1600/HORI.png" imageanchor="1" ><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuglrVfYD_K5hsQuP1ELoVLvVOjWXm1Nb-DydfSUiaJEtCrkzi0h_ORt9EgVsZXi78k7Y4qeJqV38Ravsv8utEPFIdUS-LT99ie8BlhT5WbFuQGtDS2oZcfWyuQbzikgs-pPoWeSH1bc8/s320/HORI.png" /></a><br />
<i>L'escouade zombie comme seul horizon.</i></div><br />
Alors, certes, le film fourmille de défauts formels et narratifs : la stupidité aberrante des protagonistes, par exemple, ou les scènes obligées du genre (comme celle qui voit les survivants, en sécurité dans un réduit fermé, ressortir face au danger à cause de la claustrophobie de l'un d'entre eux). On pourrait aussi pointer que les zombies sont terriblement rapides dans l'eau, tandis que les survivants peinent comme vous et moi, ou l'incohérence de certaines scènes, telle celle qui voit une femme poignarder une porte derrière laquelle se trouve un zombie, avant de lâcher son arme sans s'en être servie et de laisser le passage libre à son futur meurtrier... Pour autant ces scènes rappellent Jean Rollin, l'autre, pas le tâcheron, celui qui est capable de tableaux surréalistes poétiques et énigmatiques dans <i>Lèvres de sang</i> ou dans <i>La Rose de fer</i>. Ken Wiederhorn tisse, à la manière de Rollin, une entrelacs de scènes où la cohérence disparaît, au profit d'une narration elliptique, rêveuse, qui pourrait bien n'être, au fond, qu'un conte mis en place par l'esprit de la seule survivante pour faire face à la mort de tous les autres dans le naufrage. Les scènes finales laissent planer un doute salutaire, bien supérieures en cela à la conclusion, sans subtilité ni délicatesse, du récent <i>L'Odyssée de Pi</i>.<br />
<br />
</div>Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-88357471798292030342013-02-20T10:37:00.002-08:002013-02-27T04:30:56.174-08:00Le Train des épouvantes/Histoires d'outre-tombe<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgfQdceeZ2ouUkUt0Ddn4XNkoDxDs02FDB6ouUTZqkwSWPWcyy-w0xtTJpGcAGP6zCki-5V98wa78g7Z4tayRQaFbKie5N6Nx_vEwTxMVZ1QvxX-nRimz5R6N_jOZuqfsi4gS_YfUIS-VU/s1600/00.jpg" imageanchor="1" ><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgfQdceeZ2ouUkUt0Ddn4XNkoDxDs02FDB6ouUTZqkwSWPWcyy-w0xtTJpGcAGP6zCki-5V98wa78g7Z4tayRQaFbKie5N6Nx_vEwTxMVZ1QvxX-nRimz5R6N_jOZuqfsi4gS_YfUIS-VU/s320/00.jpg" /></a></div><br />
En 1945, sort <i>Au cœur de la nuit</i>, excellent film à sketches (on dit aussi « omnibus », ou « porte-manteaux » chez les anglophones) issu du studio Ealing, qui conserve le ton ironique propre au studio anglais, à qui l'on doit notamment le célèbre <i>Tueurs de dames</i>. Milton Subotsky, alors trentenaire, connaît à la vision du film une épiphanie – il restera selon lui le meilleur des films d'horreur. Quelques années plus tard, lorsqu'il décide de fonder avec Max Rosenberg la maison de production Amicus, Subotsky n'a de cesse de porter à l'écran sa propre contribution au genre de l'omnibus. Il sera d'ailleurs crédité en tant que scénariste au générique d'un bon nombre de ces films, devenus la spécialité de l'Amicus, pour le meilleur et pour le pire. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjh5Y44MUPfbJYKY0LSpeQny1ZNXLSfNfli59d-UnPzV_r-qUc-70fyQxMb0afNX52kXn6C77S4ym4ka71-EgkuGnUHKxKvtqQxGyZhJvzOFaN2awONcoomFzAcR7lad-YpRgRe5FN1K80/s1600/02.jpg" imageanchor="1" ><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjh5Y44MUPfbJYKY0LSpeQny1ZNXLSfNfli59d-UnPzV_r-qUc-70fyQxMb0afNX52kXn6C77S4ym4ka71-EgkuGnUHKxKvtqQxGyZhJvzOFaN2awONcoomFzAcR7lad-YpRgRe5FN1K80/s320/02.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>L'affiche originale d'</i>Au cœur de la nuit.</div><br />
Voir bout-à-bout <i>Le Train des épouvantes</i> (<i>Dr. Terror House of Horrors</i>, 1965) et <i>Histoires d'outre-tombe</i> (<i>Tales from the Crypt</i>, 1972) permet de discerner les qualités et les défauts de ces productions Amicus. Tous deux réalisés par Freddie Francis (« Freddy » au générique du <i>Train des épouvantes</i>), les films reprennent la structure de <i>Au cœur de la nuit</i> : une histoire canevas permettant de lier les uns aux autres quelques courts métrages horrifiques. Notons par ailleurs que les hommages américains au genre, les <i>Creepshows</i> et autres <i>Contes de la nuit noire</i> initiés par George Romero et Stephen King, ne saurons jamais retrouver la pertinence de ces histoires-canevas, les ravalant le plus souvent au rang de simple prétexte sans saveur. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-Vx8Ia1wfCgeiWsZMMUySPSZVzR05urMqvPpN5SScG3xQmvYzUiujjvLXX8l9IaE5AsNSvINXasQtaZZn2WeSF-OEOtf8j7QpRh95Ef2ZIGIaIwo1eO1lckaggfp18IbpU_2SXY0m9Qk/s1600/03.jpg" imageanchor="1" ><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-Vx8Ia1wfCgeiWsZMMUySPSZVzR05urMqvPpN5SScG3xQmvYzUiujjvLXX8l9IaE5AsNSvINXasQtaZZn2WeSF-OEOtf8j7QpRh95Ef2ZIGIaIwo1eO1lckaggfp18IbpU_2SXY0m9Qk/s320/03.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Peter Cushing a à la fois le chapeau et le sourcil circonflexe dans</i> Le Train des épouvantes<i>. Quel talent !</i></div><br />
<i>Le Train des épouvantes</i> va ainsi donner la parole à un Peter Cushing broussailleux, cartomancien sibyllin qui va, à l'aide de son tarot de Marseille (<i>I call it my « house of horrors »</i>, nous dit-il), révéler à chacun des autres passagers l'horrible histoire qui l'attend dans son futur proche, et lui donner la clé grâce à laquelle il pourra, éventuellement, y échapper. Mystère et froncements de sourcils sont au rendez-vous. <i>Histoires d'outre-tombe</i> se montre plus littéral : égarés lors de la visite de catacombes (c'est toujours une bonne idée), quelques touristes vont se voir confrontés à un moine bergmanien, sis devant une statue de crâne colossale – celui-là, on comprend vite qui il est – et prompt à leur raconter des histoires épouvantables les mettant en scène. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSEAOPm086P4kRG6bjYQ9eV3UywZQehJ2XkBjapAp_Tu9XSZNU4pBM4Rb4q49fVyr1YEQ39FagGB2q6eVDGwhLHWJBenG7tljjNuRWJ-nk3wwYhRx2s5gbOsOhwelCdHGykZh9MnMTZao/s1600/04.jpg" imageanchor="1" ><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSEAOPm086P4kRG6bjYQ9eV3UywZQehJ2XkBjapAp_Tu9XSZNU4pBM4Rb4q49fVyr1YEQ39FagGB2q6eVDGwhLHWJBenG7tljjNuRWJ-nk3wwYhRx2s5gbOsOhwelCdHGykZh9MnMTZao/s320/04.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">"Mais qui êtes-vous bon sang ?!" <i>À ton avis, petit personnage inconscient ? (</i>Histoires d'outre-tombe<i>)</i></div><br />
À plus d'un titre, les différences entre <i>Le Trains des épouvantes</i> et <i>Histoires d'outre-tombe</i> sont déjà soulignées ici : le deuxième manque de l'enthousiasme, de la spontanéité du premier. Sept ans ont passé, pendant lesquels la Amicus a produit <i>La Maison qui tue</i> ou <i>Le Jardin des tortures</i>, tandis que, en 1972, la part du lion du film-omnibus revient à <i>Asylum</i>. <i>Histoires d'outre-tombe</i> fait donc figure de parent pauvre, avec ses cinq histoires dont deux sortent seules du lot. À oublier, donc, la variation sur le thème du Père Noël tueur (particulièrement creuse), la redite de <i>L'Incident à Owl's Creek</i> d'Ambrose Bierce et le conte aux trois-vœux-un-peu-trop-littéraux. Restent donc deux contes : celui qui clôt le film, <i>Blind Alleys</i>, est avant tout remarquable par l'absurdité de son propos. On y voit une congrégation de vieux aveugles se retourner contre un militaire borné chargé de diriger leur hôpital. Le bonhomme étant un bureaucrate particulièrement détestable – une bonne caricature antimilitariste, quoi – les aveugles décident de l'enfermer dans un labyrinthe truffé de pièges sadiques. Bravo donc à la troupe, qui réussit notamment à construire un couloir bordé de lames de rasoirs sans y voir goutte. Mais passons : en lui-même, le conte est amusant et annonce les débordements baroques de la saga d'Anton Phibes. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgPrIlrOymISkS-kI6r_GShJ9Dm0BhC7TgBMgn7uvQMYbn-OMO7RxtBX38xq2Fj0ONjNUXn6-d8-vmu4Jvb70-3Mr5LBOAHfANZaJ94WUk7z_EP-NkwH56KCBa7sBuTt20H7WsHVngduow/s1600/05.jpg" imageanchor="1" ><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgPrIlrOymISkS-kI6r_GShJ9Dm0BhC7TgBMgn7uvQMYbn-OMO7RxtBX38xq2Fj0ONjNUXn6-d8-vmu4Jvb70-3Mr5LBOAHfANZaJ94WUk7z_EP-NkwH56KCBa7sBuTt20H7WsHVngduow/s320/05.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Le Méchant Militaire méprise ouvertement ses pensionnaires aveugles. Coup de bol, ils ne le voient pas faire !</i></div><br />
L'autre conte, qui vaut à lui seul de découvrir le film, est <i>Poetic Justice</i>. On y découvre un Peter Cushing doux et candide, loin de ses performances précédentes. Vieux chiffonnier vivant de peu dans une petite maison, le bonhomme scandalise le jeune bourgeois de la villa d'en face, qui décide de le pousser à déménager – voire pire. Deux aspects du court métrage sont remarquables : d'une part, la cruauté perverse du jeune homme (interprété par Robin Phillips), d'autre part, la fragilité de l'interprétation de Peter Cushing. À un peu moins de 60 ans, l'acteur est devenu veuf l'année précédente. Il était marié à Helen Beck depuis 28 ans, et le décès de son épouse l'a tellement éprouvé qu'il aurait, selon son autobiographie, tenté de se suicider. On peut donc aisément imaginer à quel point sa détresse personnelle ressort dans son interprétation d'Arthur Grimsdyke, vieux bonhomme solitaire dont les seuls plaisirs sont la compagnie de ses chiens et les cadeaux qu'il rafistole pour les enfants du voisinage. La conclusion de <i>Poetic Justice</i>, retombant dans un surnaturel peu spontané et aux effets bâclés, peut être ignorée, au profit de cette composition poignante, sans équivalent dans la carrière de l'acteur. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiTTlkbBFYyFmCTc1VKPW1PZJW08KpNImJfIkvug2yIdwIgPwwXNPQuNgNgeIPb9BvvX4nbo9uNgO-OyGlMFh1fhHQelmk6gVSI4qPaIIxcgYmf-jSDW_MmNBtVC2BoF2-NzDYxqomhl9g/s1600/06.jpg" imageanchor="1" ><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiTTlkbBFYyFmCTc1VKPW1PZJW08KpNImJfIkvug2yIdwIgPwwXNPQuNgNgeIPb9BvvX4nbo9uNgO-OyGlMFh1fhHQelmk6gVSI4qPaIIxcgYmf-jSDW_MmNBtVC2BoF2-NzDYxqomhl9g/s320/06.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Peter Cushing dans </i>Histoires d'outre-tombe.</div><br />
Si <i>Histoires d'outre-tombe</i> fait référence aux magazines d'horreur à bon marché dans son titre original (<i>Tales from the Crypt</i>), c'est pourtant <i>Le Train des épouvantes</i> qui rend le mieux hommage à l'esprit ironique desdits magazines. Avec un seul temps mort, le film – littéralement omnibus puisque se déroulant dans un train – est une suite délicieuse de contes inventifs, servis par une ribambelle d'acteurs de talent. C'est également l'occasion pour la Amicus de marcher sur les plates-bandes de sa principale concurrente : la Hammer. Ainsi, le premier segment met-il en scène une histoire de loup-garou qui souligne avec malice les complexités et les aberrations de cette mythologie, tandis que Donald Sutherland, alors tout jeune acteur, est pris dans une histoire de vampire bien éloignée des canons de la saga avec Christopher Lee et Peter Cushing. Mettons de côté le très décevant segment mettant en scène une plante intelligente et assassine, moins convaincante encore que celle de Roger Corman dans <i>La Petite Boutique des horreurs</i>, cinq ans plus tôt, pour nous consacrer aux deux morceaux de choix.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgK2kpWTy2FVGi9fB7ZEyZfNGvXHgmCIzY1IYwIgts12_H330AlrNOgKRTumS8aBZwoU3npw9WryAC-bDF6VYevQuXd1iZfMW8my1LhyhTHKGV4zp6fbo_FowdZW6fUkd-ffkScsZymwXo/s1600/07.jpg" imageanchor="1" ><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgK2kpWTy2FVGi9fB7ZEyZfNGvXHgmCIzY1IYwIgts12_H330AlrNOgKRTumS8aBZwoU3npw9WryAC-bDF6VYevQuXd1iZfMW8my1LhyhTHKGV4zp6fbo_FowdZW6fUkd-ffkScsZymwXo/s320/07.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Aaaaah ! Le géranium a mangé notre invité !</i></div><br />
Dans le premier d'entre eux, Bill Bailey, qui n'était pas encore l'institution télévisuelle qu'il est aujourd'hui, interprète un jazzman un tantinet simplet qui, au retour d'un voyage en Haïti, décide de forger sa réputation avec un titre reprenant la mélodie d'une chanson dédiée à un dieu vaudou. Ses amis lui disent que c'est une mauvaise idée, son patron confirme, sa concierge le lui dit aussi, les spectateurs, même, le lui crient, mais rien n'y fait. Bill Bailey balade sa bouille ravie de jeune premier content de lui au fil d'une histoire dont l'argument horrifique n'est pas du tout pris au sérieux par Freddie Francis, qui réalise le tout comme une comédie, avec une efficacité certaine. D'humour, il est aussi question dans le segment mettant en scène Christopher Lee – un humour à l'image de son protagoniste : froid, ironique et cassant. Lee interprète ici un critique d'art prestigieux, hautain et suffisant qui se verra ridiculisé dans sa rivalité avec le peintre Eric Landor (Michael Gough qui, avant d'être d'Alfred des <i>Batman</i> de Tim Burton, a fait ses armes dans le redoutable <i>Crimes au musée des horreurs</i>). Pour regagner sa dignité, il ira jusqu'aux dernières extrémités... Christopher Lee campe son personnage avec un sérieux papal, infligeant en passant un camouflet ironique aux critiques cinématographiques.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgO6oPZpmfIlUtiyGr5Y21cYgpEPIiKlW5l28ZzF_UDGoLHK6UwMvvmVNRO9s_YjGylqR-GQi8TyibvZmbKbIeu9bQcDVHEJIXZuUJ-CtJNULosA1-0PHUwH8KFIIUaZ0PUoGWJkXzB-Is/s1600/08.jpg" imageanchor="1" ><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgO6oPZpmfIlUtiyGr5Y21cYgpEPIiKlW5l28ZzF_UDGoLHK6UwMvvmVNRO9s_YjGylqR-GQi8TyibvZmbKbIeu9bQcDVHEJIXZuUJ-CtJNULosA1-0PHUwH8KFIIUaZ0PUoGWJkXzB-Is/s320/08.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Freddie Francis dans ses œuvres.</i></div><br />
Plutôt atone dans <i>Histoires d'outre-tombe</i>, la réalisation de Freddie Francis est beaucoup plus volubile dans <i>Le Train des épouvantes</i> – plus, en tout cas, que ne le laissait supposer son <i>Empreinte de Frankenstein</i> chez la Hammer, deux ans plus tôt. Composant des atmosphères soignées, Francis profite pleinement de ses sujets : son loup-garou lui inspire des couleurs chamarrées, gothique à foison, et son utilisation de la lumière témoigne de sa principale carrière de directeur de la photo, particulièrement dans les segments de Christopher Lee et de Donald Sutherland.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbRirzmE5UN_T2z8-8HfDNfdorxXhYlfOdPkvQ0CqVWBJM7ywifxytlGcfHlOZ13DSK2fpOqfRsYaZXbWHqftzvvbnfR8vGeQoAMcu0yJ6D8cuCWzOlsDMPbX5-08JsLym-hQvoQT2H6c/s1600/09.jpg" imageanchor="1" ><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbRirzmE5UN_T2z8-8HfDNfdorxXhYlfOdPkvQ0CqVWBJM7ywifxytlGcfHlOZ13DSK2fpOqfRsYaZXbWHqftzvvbnfR8vGeQoAMcu0yJ6D8cuCWzOlsDMPbX5-08JsLym-hQvoQT2H6c/s320/09.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Comme dit Christopher Lee.</i></div><br />
Notons enfin que si <i>Le Train des épouvantes</i> est disponible dans un coffret DVD souvent trouvable à bas prix, la qualité des sous-titres laisse souvent à désirer : quand ce ne sont pas des erreurs de traduction patentes, ce sont d'énormes fautes d'orthographe. Il faudra certainement en passer par cela pour profiter à plein de ce coffret <i>bis</i> hautement recommandable. <br />
<br />
(Le coffret Peter Cushing comprend la mite géante du <i>Vampire a soif</i>, les bouses extraterrestres homicides de <i>L'Île de la terreur</i>, la délectable <i>Chair du Diable</i> et <i>Le Train des épouvantes</i>.)<br />
<br />
Lire également :<br />
<a href="http://humeurssanguines.blogspot.fr/2012/04/frissons-doutre-tombe.html">From Beyond the Grave</a>Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-84751993659519029062012-10-16T03:25:00.002-07:002012-10-16T03:25:59.642-07:00La Nuit des morts-vivants 1990Au début des années 1990, George A. Romero est en vacances de zombies. En a-t-il assez ? Estime-t-il avoir mis le point final à cette partie de son œuvre avec le remarquable <i>Jour des morts-vivants</i> en 1985 ? Toujours est-il qu'il est passé à d'autres univers : en 1988, il signe <i>Incident de parcours</i>, un film certes terriblement daté mais injustement oublié dans sa filmographie, avant d'aborder les grands auteurs du fantastique (Edgar Poe en compagnie de Dario Argento en 1990 avec <i>Deux Yeux maléfiques</i> et Stephen King avec <i>La Part des ténèbres</i> en 1993).<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEijUHFHdLsu-bNjbi5P8kXCLRW_IZivEhHIzXjt6Kuy6Rmv057WzXFrIFEs7CPR7GIkETiYSjTpbr03LYjGCRQxYm-Q_fz7VxldO_UGfOOYAgyuNFmHfwokFfRcuQyJSHfDfV2QhaPQMfk/s1600/01.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="400" width="269" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEijUHFHdLsu-bNjbi5P8kXCLRW_IZivEhHIzXjt6Kuy6Rmv057WzXFrIFEs7CPR7GIkETiYSjTpbr03LYjGCRQxYm-Q_fz7VxldO_UGfOOYAgyuNFmHfwokFfRcuQyJSHfDfV2QhaPQMfk/s400/01.jpg" /></a></div><br />
Pourtant, en 1990, il va revenir au monde des zombies avec le remake scénarisé par ses soins de son iconique film de début, <i>La Nuit des morts-vivants</i>. Préparé, scénarisé par Romero : on peut se demander si la présence de Tom Savini, maquilleur complice de toujours, dans le fauteuil du metteur en scène n'est pas de pure forme. Romero aurait hésité à revenir à ses zombies après la « fin » de sa saga ? Aurait-il hésité à s'associer à un remake de sa propre œuvre ? Peut-être bien...<br />
<br />
Car, il faut bien le dire, il s'agit ici d'un remake d'une grande fidélité – à tel point que les premières séquences laissent dubitatif : quel intérêt y a-t-il à coloriser le noir et blanc du film original (sorti en 1968) ? L'aura de Romero – depuis bien écornée par les suites dans l'ensemble assez dispensables – est alors parfaitement intacte : qui oserait le soupçonner de mercantilisme, de vouloir revendre son premier succès sans beaucoup d'efforts ? <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgNDn9s2L19MRmCRC5yTlrWRq1lpNa2TxV2jW2xbRwpIG5eOmNeMAXAJiLQR_d_uD1T2fgHlXyzmBs5mxUVqo6IUHdLPZVzSktBUDOB2BnXOb_PocgLJ4uVcZPb_TlVhr_bS4jbv_XjUiQ/s1600/04.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="210" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgNDn9s2L19MRmCRC5yTlrWRq1lpNa2TxV2jW2xbRwpIG5eOmNeMAXAJiLQR_d_uD1T2fgHlXyzmBs5mxUVqo6IUHdLPZVzSktBUDOB2BnXOb_PocgLJ4uVcZPb_TlVhr_bS4jbv_XjUiQ/s400/04.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>On peut certes regretter - ou pas - les excès gore de Tom Savini, plutôt absents du film. Mais en était-il vraiment besoin, lorsqu'on trouve par hasard (dans un taxi, dit-on) des figurants déjà tout à fait inquiétants ?</i></div><br />
Pourtant, à mesure que le film progresse – et que l'on note une sagesse plutôt surprenante dans les effets gores, avec Savini à la réalisation – on s'aperçoit que la copie a été revue et corrigée. Si les références sont bien présentes – « They're coming to get you, Barbara... » –, le film se veut surtout une opportunité de corriger les défauts de sa version originale (notons d'ailleurs que certaines références, celle de la truelle dans le sous-sol notamment, peuvent être extrêmement mal utilisées...). Majoritairement, ces corrections concernent le personnage de Barbara. De blondinette écervelée, criarde et finalement aussi énervante que passablement bécasse, Barbara devient une femme forte, volontaire, par le biais de laquelle Romero moque en passant certains défauts de sa propre mythologie (la lenteur des zombies, notamment).<br />
<br />
C'est aussi l'occasion de revoir les rapports de force dans la maison assiégée : les personnages de Ben (excellent Tony Todd), le leader de fait dans l'original, et du lâche Harry Cooper ne sont plus placés en opposition manifeste, l'un froid et intelligent, l'autre couard et stupide. L'un comme l'autre vont, dans cette nouvelle version, tenter de tirer la couverture à soi, à tel point que ce comportement de coqs de basse-cour va mettre en danger tout le monde. Finalement, Barbara va choisir de laisser les deux à leur querelle, décidée à aller chercher du secours – ce à quoi elle va parvenir. Dans ce personnage de femme de tête, forte et indépendante, on voit la conjonction des univers de Romero et de John Carpenter – une fusion de discours plutôt réussie.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEix06z0zoZHBC-1Rjp_6Ye9RJs0f6Pop7FOhsZEDvt8BD-lLj9a3OX123UOGCoWbgfXg-m8bv4V-ArcyFYdoyU3QLTyTZAHRa_fICoyJu_9lew611dZun3B0PqxCzdErkEd_bOSFoVgOUA/s1600/00.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="123" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEix06z0zoZHBC-1Rjp_6Ye9RJs0f6Pop7FOhsZEDvt8BD-lLj9a3OX123UOGCoWbgfXg-m8bv4V-ArcyFYdoyU3QLTyTZAHRa_fICoyJu_9lew611dZun3B0PqxCzdErkEd_bOSFoVgOUA/s400/00.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Barbara, à 30 ans de distance. Les temps ont changé.</i></div><br />
Avec le recul, <i>La Nuit des morts-vivants</i> 1990 apparaît comme un film beaucoup plus intéressant que ce qu'on aurait pu en attendre : non seulement il est la marque d'une véritable réflexion de la part de Romero sur son univers, mais il fait montre d'un post-modernisme qui n'est pas sans rappeler celui de Wes Craven pour <i>Scream</i> (1996). Là où le père de Freddy Krueger fait preuve d'une ironie féroce, Romero affecte un positionnement plus brutal – son propos critique dans la saga des morts-vivants n'est pas particulièrement subtil, après tout. De part cette brutalité (qui se reflète notamment dans la conclusion du film, glaçante) et l'intelligence de sa relecture du matériau originel, <i>La Nuit des morts-vivants</i> 1990 appartient certainement aux meilleurs films de George Romero – quand bien il ne l'aurait pas officiellement signé. Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-86125571929780171692012-09-01T07:59:00.001-07:002012-10-04T03:34:45.632-07:00Frankenstein créa la femmeAvec <i>Frankenstein s'est échappé</i> (1957) et <i>Le Cauchemar de Dracula</i> (1958), la <i>Hammer </i>avait pris la main haute dans le domaine de l'horreur. La recette est simple, et en adéquation avec son époque : plus de sang, plus de sexe – un diagnostic qui vaut surtout pour la saga du Prince des ténèbres. Celle du baron Frankenstein, quant à elle, doit avant tout son succès au duo Peter Cushing, qui incarne le baron éponyme, et Terence Fisher, à la mise en scène. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheDTM8P-Rw7hqTicx9jbpLG6wLqYVrpuHC9VI9Idb-yMfJrBB7sZBL-YdXI8Sn36wkXJGaSatDzM3AqWeCImszihE2B0YWjHK23NIs_oOIJtNugVn2qQTQC9AloP3RbcpWdpd8IADCCQ4/s1600/01.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="400" width="322" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheDTM8P-Rw7hqTicx9jbpLG6wLqYVrpuHC9VI9Idb-yMfJrBB7sZBL-YdXI8Sn36wkXJGaSatDzM3AqWeCImszihE2B0YWjHK23NIs_oOIJtNugVn2qQTQC9AloP3RbcpWdpd8IADCCQ4/s400/01.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>L'affiche française, un rien fantaisiste comme de juste.</i></div><br />
Les films <i>Hammer </i>s'intéressent surtout au baron : l'être torturé et fanatique, incarné par un Colin Clive drogué jusqu'aux yeux dans les films de l'<i>Universal</i>, est oublié, au profit d'un aristocrate hautain, méprisant quiconque ne lui arrive pas à la cheville intellectuellement – ce qui revient à dire tout le monde – et auquel le jeu et la prestance de Peter Cushing s'adaptent à merveille. <i>Frankenstein s'est échappé</i>, sa suite directe à l'introduction remarquable, <i>La Revanche de Frankenstein </i>(1959), et la variation sur le thème <i>L'Empreinte de Frankenstein</i> (1964) se focalisent surtout sur la création du « monstre » par le Baron, privilégiant l'approche horrifique. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNHjIOkrWJvekywMRIcj-9VMthNR7PSY8KFoA7z1YI5pYV8rTTJTVh3iVdHUgVMgdAyfxDKRiD3c22cPg73yz-TxTGTaIY1RQvn-qnXpAghiAx8TQXDNQajydsLeBomY-G6Hi_wzSQpsI/s1600/02.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="225" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNHjIOkrWJvekywMRIcj-9VMthNR7PSY8KFoA7z1YI5pYV8rTTJTVh3iVdHUgVMgdAyfxDKRiD3c22cPg73yz-TxTGTaIY1RQvn-qnXpAghiAx8TQXDNQajydsLeBomY-G6Hi_wzSQpsI/s400/02.jpg" /></a></div><br />
L'étonnement est donc de mise lorsque, en 1967, Terence Fisher réalise pour la Hammer <i>Frankenstein créa la femme</i>. L'introduction laisse le spectateur dans la confusion : ce cercueil de métal dont on extrait un baron Frankenstein congelé fait-il référence au film précédent,<i> L'Empreinte de Frankenstein </i>? Celui-ci ne se situant pas réellement dans la chronologie, on serait plutôt tenté de penser à <i>La Revanche de Frankenstein</i>, où le baron et son assistant finissent à Londres, exilés mais tout à fait à leur aise. Là encore, le rapport narratif direct ne semble pas avéré : peut-être, sentant que la bienveillance du public pour les péripéties abracadabrantes conduisant aux multiples résurrection du baron commençaient à s'effriter, le scénariste Anthony Hinds prit-il le parti de placer son film dans une temporalité parallèle.<br />
<br />
On serait donc dans le même cas de figure que pour <i>L'Empreinte</i>... Si ce n'est que <i>Frankenstein créa la femme</i> ne s'intéresse pas réellement au thème central de la saga : la réanimation d'un cadavre par les soins du baron. En lieu et place, celui-ci et son hôte, un docteur de campagne suisse quelque peu dépassé, discourent de l'âme. Les expériences menées par le baron le prouvent : elle existe, elle persiste <i>post-mortem</i>, elle peut même être capturée par un champ de force. À charge pour le baron et le docteur, une fois une âme capturée, de la replacer dans un corps sans vie... Le thème traditionnel est donc toujours au centre de l'histoire, mais nous nous éloignons du cinéma d'horreur : ni morceaux de cadavres, ni gibet, ni expéditions nocturnes – pas même un assistant bossu et boiteux, puisque le bon docteur Hertz semble être avant tout là pour offrir un repos comique à la narration.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiW8HikGA1yQ4VqvW4o79tBZPQn85hByJzBAa791cjbVVgdC2XvdXG0XZXNKeeU-NMprnDzdr7TJAjeSdp0TYDyH6NnVP9Y34sTB631ROrTaXI9TFrguwf07rHz3BbKjjtewF9S54MIprw/s1600/03.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="225" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiW8HikGA1yQ4VqvW4o79tBZPQn85hByJzBAa791cjbVVgdC2XvdXG0XZXNKeeU-NMprnDzdr7TJAjeSdp0TYDyH6NnVP9Y34sTB631ROrTaXI9TFrguwf07rHz3BbKjjtewF9S54MIprw/s400/03.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Le docteur Hertz, gros ahuri sympathique.</i></div><br />
Non, si les instruments ésotériques du laboratoire du baron demeurent, <i>Frankenstein créa la femme</i> fait foin du reste du folklore. En lieu et place, nous assistons à la création par Terence Fisher d'une Suisse rurale où le féodalisme perdure avec force : des jeunes gens bien nés passent ainsi leur temps à moquer cruellement et en toute impunité la fille de l'aubergiste, née boiteuse et défigurée (tiens, un substitut thématique ?). Terence Fisher, avec une réelle sensibilité sociale et politique, en profite pour ciseler une ambiance romanesque en diable, mélodramatique, où s'affrontent le pouvoir imbécile et la passion pure. Les circonstances feront que les jeunes dandys arrogants causeront la mort du jeune amoureux de la demoiselle – voici une âme, baron – et que celle-ci se suicidera par la suite – et voici un corps. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiBy21zWvLqnC4bij4NpQf0kPpHl1UtvF1bziIZYD_85vfVGdGWz9o8cxfT_HmGZxCPriBHk1akHPN19UuPYNPr4Niv7Ve5KeskMNQtuevqJL75q7ibNm1gaz_7ikevctzdAC6HqKieRlc/s1600/04.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="225" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiBy21zWvLqnC4bij4NpQf0kPpHl1UtvF1bziIZYD_85vfVGdGWz9o8cxfT_HmGZxCPriBHk1akHPN19UuPYNPr4Niv7Ve5KeskMNQtuevqJL75q7ibNm1gaz_7ikevctzdAC6HqKieRlc/s400/04.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Christina (Susan Denberg) cache sa balafre à son amant (Robert Morris).</i></div><br />
Une âme masculine dans un corps de femme ! Qui plus est, l'âme d'un amant dans le corps de sa bien-aimée ! Le scandale menace – surtout si la <i>Hammer</i> persiste dans la sexualisation à outrance de son récit. Ce sera le cas dans le sulfureux et mésestimé <i>Dr Jekyll et Sister Hyde</i> (Roy Ward Baker, 1971), mais pas celui de <i>Frankenstein créa la femme</i>. Terence Fisher affirme ici son goût pour le mélodrame, son admiration pour Douglas Sirk : nous sommes toujours bien dans l'horreur, puisque le film va trouver son aboutissement dans la vengeance orchestrée par la créature androgyne, mais une horreur qui s'intéresse, avant tout, aux tourments de l'âme, de l'identité, à la vacuité de la vengeance, à l'impossibilité d'être lorsqu'on est à ce point contre-nature, à l'inutilité tragique de l'amour. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGdpalqOGy-UNyRRBlCisWAXhML9IcMFYcT0WsIyBYFYzhfQS7JdWSuLFDy2DgmBa6q6kx13LdhyrfDPOquOubsDg9jOO-3fCS71QWkANosgxxBFiYxg-BJ8-m-fPpw-hFnzGf8UzTe24/s1600/05.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="225" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGdpalqOGy-UNyRRBlCisWAXhML9IcMFYcT0WsIyBYFYzhfQS7JdWSuLFDy2DgmBa6q6kx13LdhyrfDPOquOubsDg9jOO-3fCS71QWkANosgxxBFiYxg-BJ8-m-fPpw-hFnzGf8UzTe24/s400/05.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Christina devenue créature (et donc soignée de toute imperfection, exceptée peut-être une tendance au costume folklorique) et son créateur.</i></div><br />
Touchant au sublime, Terence Fisher et Anthony Hinds créent une créature fascinante, qui ne porte aucune stigmate de monstruosité, mais dont les actes parlent d'eux-mêmes. Face à cela, le baron Frankenstein se trouvera, pour la première fois de la saga, à court : comprenant que la raison ne peut rien, que persister à vouloir tout contrôler serait avant tout de la cruauté, il devra laisser sa création libre de choisir son destin. <i>Frankenstein créa la femme</i> se termine alors que les autorités sont aux trousses de la créature mais, pour une fois, pas de son créateur.<br />
<br />
Le tragique de la créature rappelle le traitement de celle-ci dans les films de James Whale chez <i>Universal</i> : associez à cela un baron Frankenstein en tout point digne de celui créé par l'univers de la <i>Hammer</i>, et vous obtenez sans doute l'un des meilleurs films de la saga, tous pays et toutes époques confondus.Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-57643305268118557652012-08-22T04:31:00.001-07:002012-08-22T04:34:53.464-07:00Cthulhu Fluxx<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHT6z37efUfkeQp_ihE5S7O2VTSzj9TGg4Iwup6szMA6Kwy6i8GYdz2wFmTj7XF5VdE3I323dvse1VhoFbOdlCR00mODTogjeE4K0oDyrM9fk3r0xGl1vH-u38NwGnRaGxrJs0qAdRQ3s/s1600/Cthulhu+bo%25C3%25AEte.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="400" width="309" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHT6z37efUfkeQp_ihE5S7O2VTSzj9TGg4Iwup6szMA6Kwy6i8GYdz2wFmTj7XF5VdE3I323dvse1VhoFbOdlCR00mODTogjeE4K0oDyrM9fk3r0xGl1vH-u38NwGnRaGxrJs0qAdRQ3s/s400/Cthulhu+bo%25C3%25AEte.jpg" /></a></div><br />
« Déjà que, à la base, le jeu rend fou... », s'est exclamé un ami à l'annonce de la sortie du dernier avatar – à ce jour – de Fluxx. Il ne croit pas si bien dire : sis dans l'univers perturbé du jeu de rôle issu des nouvelles de Lovecraft, <i>Cthulhu Fluxx</i> est l'un des plus intenses de la gamme. D'une part, en accord avec l'ambiance de menace permanente de l'univers du mythe de Cthulhu, les Buts négatifs sont nombreux, et plutôt simples à réaliser. Ajoutez à cela des Nouvelles Règles qui forcent les joueurs à poser les Buts négatifs dès qu'ils les ont en main, et la multiplication des Creepers : il faut donc, dans <i>Cthulhu Fluxx</i>, faire preuve de prudence. Pour pimenter le tout, une Surprise permet à un joueur de gagner au moment où un But négatif est réalisé – il peut donc jouer activement dans le but de faire gagner le jeu, ce qui est résolument une nouveauté dans l'univers <i>Fluxx</i>.<br />
<br />
Thématiquement, un effort notable a été fourni pour adapter le jeu à l'univers du mythe de Cthulhu : de nombreuses cartes, notamment dans la catégorie des Actions, sont nouvelles et originales, là où les autres éditions reprennent souvent, en gros, une petite moitié des cartes d'Action et de Règles du jeu de base. Dans l'ensemble, l'univers du mythe imprègne intelligemment le jeu, et les illustrations rendent justice à l'imaginaire lovecraftien. En somme, <i>Cthulhu Fluxx</i> est une réussite, même si les amateurs du <i>Fluxx</i> d'origine déploreront sans doute la complexité croissante du jeu.<br />
<br />
<i>Cthulhu Flux</i> comprend des <b>Actions</b>, des <b>Keepers</b>, des <b>Nouvelles Règles</b>, des <b>Buts</b>, des <b>Creepers</b>, des <b>Buts négatifs</b> et des <b>Surprises</b>. Pour l'explication de ces termes, voir l'article consacré à <a href="http://humeurssanguines.blogspot.com/2012/08/fluxx.html"><i>Fluxx</i></a>.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8liusgGbo8cv13Ub5_cL4T-gGr8zD6_6hmxzaRNF96w-xocGjmnOkArZflLhBhzkjt1jOtoNWkn7BHH0tZWdfIhn5RdkL8Ga7jxfegkw1BrRyvb176SuKk7EkeH_QZOc-rTC25jzOTaE/s1600/Rgith+Wrong.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="285" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8liusgGbo8cv13Ub5_cL4T-gGr8zD6_6hmxzaRNF96w-xocGjmnOkArZflLhBhzkjt1jOtoNWkn7BHH0tZWdfIhn5RdkL8Ga7jxfegkw1BrRyvb176SuKk7EkeH_QZOc-rTC25jzOTaE/s400/Rgith+Wrong.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Les Astres sont propices. Ou pas.</i></div><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZozOp4jHrxEcREtTq0OQavR7SRdWyAGOyTA9V6JQ-pSGHoO-skJgKHt2GjLOwWgaKb0Ch7qKGqTsgjoXp5Ir1UgjE8EdUQTNkiS5fLkh0iQ6HfPrWjAcHxbqq8qm0NuVNyUTmVQdC0Y4/s1600/Ungoals.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="285" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZozOp4jHrxEcREtTq0OQavR7SRdWyAGOyTA9V6JQ-pSGHoO-skJgKHt2GjLOwWgaKb0Ch7qKGqTsgjoXp5Ir1UgjE8EdUQTNkiS5fLkh0iQ6HfPrWjAcHxbqq8qm0NuVNyUTmVQdC0Y4/s400/Ungoals.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>La fin du monde est proche.</i></div><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhguaIIWPKPdlXMhL1hKEUL9253Swwhlotx_2SUHfx_mCAN5pVYgIpKiD4Sj1E5tDyrzQzEB5elsnPW_HQTwrZRbH5vgI_RNfJLVGRCrxTmzKPhr4mM_E1SHyePEJ4Aw6zlQ_smPEtiLB0/s1600/M%25C3%25A9nagerie.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="400" width="268" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhguaIIWPKPdlXMhL1hKEUL9253Swwhlotx_2SUHfx_mCAN5pVYgIpKiD4Sj1E5tDyrzQzEB5elsnPW_HQTwrZRbH5vgI_RNfJLVGRCrxTmzKPhr4mM_E1SHyePEJ4Aw6zlQ_smPEtiLB0/s400/M%25C3%25A9nagerie.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>D'autant que la ménagerie du mythe s'est donné rendez-vous dans le coin.</i></div><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdcoA6S3fsgn_OrstDx7iU6aDaRJf8p0tiOQkVak057smLc72M08PTv0Cd4vdoAVErg0qv_TOAhZoTzDSs4b6MHKMtEGE9L-Eyk97Ewir5l3aKyI4UIppF9HY2RdhvVgM6SqNwKiDPYYs/s1600/Cthulhu+The+Cat.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="400" width="255" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdcoA6S3fsgn_OrstDx7iU6aDaRJf8p0tiOQkVak057smLc72M08PTv0Cd4vdoAVErg0qv_TOAhZoTzDSs4b6MHKMtEGE9L-Eyk97Ewir5l3aKyI4UIppF9HY2RdhvVgM6SqNwKiDPYYs/s400/Cthulhu+The+Cat.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Heureusement, des alliés (et quels alliés) sont à disposition des joueurs !</i></div><br />
<br />
<br />
Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-61615058280995330992012-08-21T08:47:00.001-07:002012-08-22T04:27:38.526-07:00Martian Fluxx<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7mqyEVyBYFhn2wuuT9VSQvCL-_pEhc2jRf1PVBf5E1Fvls-Ve7ZymiQ_rYSimytLqoE6D-9YTVtchmqEDqmn4gq4-xhTd2eq9keoFZgecid8gBGYuvzFUrdJ9nbCjraNFGziLlzCncek/s1600/0+Bo%25C3%25AEte.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="400" width="310" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7mqyEVyBYFhn2wuuT9VSQvCL-_pEhc2jRf1PVBf5E1Fvls-Ve7ZymiQ_rYSimytLqoE6D-9YTVtchmqEDqmn4gq4-xhTd2eq9keoFZgecid8gBGYuvzFUrdJ9nbCjraNFGziLlzCncek/s400/0+Bo%25C3%25AEte.jpg" /></a></div><br />
<i>Fluxx</i>, c'est un jeu universel : voyez ce <i>Martian Fluxx</i>, à destination de nos amis Martiens ! Original dans son approche, <i>Martian Fluxx</i> propose donc de jouer des Martiens, venus, au choix, apporter leur ineffable sagesse aux humains égarés, ou conquérir la Terre par la force. C'est d'ailleurs une faiblesse de cette édition, tant les joueurs ont tendance à se placer instinctivement du côté des humains.<br />
<br />
Quelle que soit l'approche retenue, le ton de <i>Martian Fluxx</i> reste dans tous les cas d'une ironie féroce : en témoigne le nombre de <b>Creepers</b> <i>Pathetic Humans</i> contenus dans le jeu : 10 cartes sur 100. Il faut dire que ces pitoyables et agaçants humains sont partout, on ne peut pas conquérir tranquille. <br />
<br />
Bourré de références, <i>Martian Fluxx</i> s'adresse avant tout aux connaisseurs de la science-fiction des 1950s (même si on aperçoit un ou deux <i>Men in Black</i>...) : la <i>Guerre des mondes</i> de H.G. Wells et les films de l'âge d'or de la SF forment la base du jeu, avec un petit crochet par le <i>Rencontre du troisième type</i> de Spielberg. Dans l'ensemble, donc, <i>Martian Fluxx</i> exhale un parfum suranné très agréable, mais qui ne parlera peut-être pas à tous. <br />
<br />
<i>Martian Flux</i> comprend des <b>Actions</b>, des <b>Keepers</b>, des <b>Nouvelles Règles</b> et des <b>Buts</b>, moult <b>Creepers</b> humains pathétiques, et un <b>But négatif</b>. Pour l'explication de ces termes, voir l'article consacré à <a href="http://humeurssanguines.blogspot.com/2012/08/fluxx.html"><i>Fluxx</i></a>.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiQgBNOMFvRfzBS4V44T65Nf9FbO_8rnuMnLTOV8vtHcu6Qo6e2Ey7RXU6fNOgf3Drlsq0pS8BsRkOss6MDuaiW71MzjC4rCNiZFLBMtd_Iw-M8rm9GeFnh8Lu1wXzrzCtUwoaGlt_kZLU/s1600/1+Wells+Tripod+Germs.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="285" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiQgBNOMFvRfzBS4V44T65Nf9FbO_8rnuMnLTOV8vtHcu6Qo6e2Ey7RXU6fNOgf3Drlsq0pS8BsRkOss6MDuaiW71MzjC4rCNiZFLBMtd_Iw-M8rm9GeFnh8Lu1wXzrzCtUwoaGlt_kZLU/s400/1+Wells+Tripod+Germs.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Un petit clin d’œil à l'univers de H.G. Wells.</i></div><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhyBXBVlNvCQLJfh_YMxTzXsCq2ElSJrk5kK682U39hBvttXy9adPJNBvK6BfBZKpSmFXl4mQ8UdVRPzvNyzTEo19h_tcHkb1oi_u_LJclU3Q0DV0p8M6sUkKRPf8VWD16ctIe-aAiG14c/s1600/2+Pathetic+Humans+Leader.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="285" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhyBXBVlNvCQLJfh_YMxTzXsCq2ElSJrk5kK682U39hBvttXy9adPJNBvK6BfBZKpSmFXl4mQ8UdVRPzvNyzTEo19h_tcHkb1oi_u_LJclU3Q0DV0p8M6sUkKRPf8VWD16ctIe-aAiG14c/s400/2+Pathetic+Humans+Leader.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Notons que les pathétiques femelles humaines sont pourvues d'un signe permettant de les identifier. C'est vrai, aux yeux de nous autres Martiens, ils sont tous pareils !</i></div><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOcKNCvtOUOG-Y2o4tV_yTaaErBnAf4Jb4_8ZUGXZJbGKgr3ov70QUbqkWM2VDY_vxa4lG2tuww0D5O0rCurofEeD_F7hXtoZGFTSBZEIRCphA6FfCBP_1KfEnLDaeTSWY3jty36CnhyphenhyphenQ/s1600/3+Peace+Take+me.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="285" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOcKNCvtOUOG-Y2o4tV_yTaaErBnAf4Jb4_8ZUGXZJbGKgr3ov70QUbqkWM2VDY_vxa4lG2tuww0D5O0rCurofEeD_F7hXtoZGFTSBZEIRCphA6FfCBP_1KfEnLDaeTSWY3jty36CnhyphenhyphenQ/s400/3+Peace+Take+me.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>D'ailleurs, ils sont tellement misérables : autant tenter une approche pacifique, sinon, ça ne serait pas </i>fair-play...</div><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibYWuQvV2qKM3XaqMIoMcXd9b78vdY0IyI2dev2WmpFEXTywAXiVFfDvY58edLNmiuzIJjPNkbik8UlaiY_LScOOyWv67ft6OUc9dCjc5-se57DrcfITS5Zz7bG80bDgLFFbfJ09TCBg8/s1600/4+Black+Mars+need+women.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="285" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibYWuQvV2qKM3XaqMIoMcXd9b78vdY0IyI2dev2WmpFEXTywAXiVFfDvY58edLNmiuzIJjPNkbik8UlaiY_LScOOyWv67ft6OUc9dCjc5-se57DrcfITS5Zz7bG80bDgLFFbfJ09TCBg8/s400/4+Black+Mars+need+women.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Approche pacifique... ou pas !</i></div><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRya2PMZvOnjVXD16N7rTucGYFqoX279tSn7rcKAf_Fdc0ZbDIjnBJjzMOjk4nJY89ujWXGs2zG8ACEwpc3dGJ58jOajuSx7mfV_6zIHemHydTrY_W6D3_cOZ07QRGKXrhWpTyNbbyJqg/s1600/5+Retreat%2521.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="400" width="267" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRya2PMZvOnjVXD16N7rTucGYFqoX279tSn7rcKAf_Fdc0ZbDIjnBJjzMOjk4nJY89ujWXGs2zG8ACEwpc3dGJ58jOajuSx7mfV_6zIHemHydTrY_W6D3_cOZ07QRGKXrhWpTyNbbyJqg/s400/5+Retreat%2521.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Finalement, ils sont trop forts pour nous !</i></div><br />
<br />
<br />
<br />
<br />
Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-61123455785473948592012-08-21T08:03:00.001-07:002012-08-21T08:03:48.467-07:00Pirate Fluxx<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8FH1VilLWuLxe7mhB6e3e6CBUp0bJty943dwAAR9tjRlGQ9V14yN3dqAGA47H8ImDZ73bHf0f15u9y6ADJQyhAcXteceraNoykyeelhsqAksHGxy_C_3RYaVKEBZ4OMtRVCdcDW3f84E/s1600/Bo%25C3%25AEte.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="400" width="310" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8FH1VilLWuLxe7mhB6e3e6CBUp0bJty943dwAAR9tjRlGQ9V14yN3dqAGA47H8ImDZ73bHf0f15u9y6ADJQyhAcXteceraNoykyeelhsqAksHGxy_C_3RYaVKEBZ4OMtRVCdcDW3f84E/s400/Bo%25C3%25AEte.jpg" /></a></div><br />
Sur la mer, survivre relève souvent autant de la chance que du savoir-faire - que dire, alors, de la vie de pirate ? Capitaine sanguinaire, abordages homériques, sciences des courants et des vents... Tout cela réduit à néant si l'on croise le chemin d'une tempête malveillante... ou si l'on est victime d'une épidémie de scorbut parce que le quartier-maître a voulu réduire la facture ! Vite, un citron ! Et une rasade de rhum !<br />
<br />
<i>Pirate Fluxx</i> nous offre donc l'opportunité de vivre la vie de marin libre, de corsaire héroïque, ou de flibustier à l'âme noire comme le <i>Jolly Roger</i>. Plutôt réussie en ce qui concerne l'illustration de la thématique dans les cartes, cet Fluxx est une édition qui assure une partie sympathique et plutôt tranquille. <br />
<br />
Deux sympathiques particularités, cependant :<br />
- un <i>Chapeau du capitaine</i> (voir ci-dessous) qui oblige les autres joueurs à vous appeler "mon capitaine" (et accessoirement à convoiter l'accessoire...). <br />
- une Nouvelle Règle, "Plunder", qui vous permet d'aller piquer dans le trésor des autres joueurs une fois par tour. La bonne ambiance est assurée au sein du bateau pirate !<br />
<br />
<i>Pirate Flux</i> comprend des <b>Actions</b>, des <b>Keepers</b>, des <b>Nouvelles Règles</b> et des <b>Buts</b>, ainsi que quelques rares <b>Creepers</b> et <b>Surprises</b>. Pour l'explication de ces termes, voir l'article consacré à <a href="http://humeurssanguines.blogspot.com/2012/08/fluxx.html"><i>Fluxx</i></a>.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixQ-PXlsY6-oclj7CV8zxeLsc3AA_sM8v4GXRfbR-S_Vdl_D3YcWX1DHO0ERCIH80fxRyVqVA3TuDkbl3uJhlGucq8L93hLVWPLLa079raNm6Zk54Ouw4XsMSD23nFjuR6XDPvS_LGydk/s1600/Hat+Shackles.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="285" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixQ-PXlsY6-oclj7CV8zxeLsc3AA_sM8v4GXRfbR-S_Vdl_D3YcWX1DHO0ERCIH80fxRyVqVA3TuDkbl3uJhlGucq8L93hLVWPLLa079raNm6Zk54Ouw4XsMSD23nFjuR6XDPvS_LGydk/s400/Hat+Shackles.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Dans</i> Pirate Fluxx<i>, les marins respectent le capitaine, ou bien ils finissent aux fers !</i></div><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhf9LFFzUsNSENBaEI5hDPlWJjweoylO2r-kp05ELbEPVPxo8oq5eas0uGtDT5QjZ_FjSureTA2rk_uMj7PqZsOnCuGrG9JF03y78AWkSxhtNtRnE66mq4CPeGkkff6vHps3CDAjrNa9iY/s1600/Scurvy+Plank.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="285" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhf9LFFzUsNSENBaEI5hDPlWJjweoylO2r-kp05ELbEPVPxo8oq5eas0uGtDT5QjZ_FjSureTA2rk_uMj7PqZsOnCuGrG9JF03y78AWkSxhtNtRnE66mq4CPeGkkff6vHps3CDAjrNa9iY/s400/Scurvy+Plank.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>La vie de marin, c'est le bonheur : quand on n'attrape pas le scorbut, on n'est passé à la planche par un capitaine irracible !</i></div><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6OIJ_3Gkzq6GeuzuErwjtYgDQxUrGLQdese-oUOyUTHsZBRiXyu5EFjMW7zIdvxT7O128HzLS2m9QXnKkzslX8kina0Put7L6sccizmQIC7C2cp-uw4XezARd0PSeHGM-EZklRj3bPBY/s1600/Mutiny+Gems.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="285" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6OIJ_3Gkzq6GeuzuErwjtYgDQxUrGLQdese-oUOyUTHsZBRiXyu5EFjMW7zIdvxT7O128HzLS2m9QXnKkzslX8kina0Put7L6sccizmQIC7C2cp-uw4XezARd0PSeHGM-EZklRj3bPBY/s400/Mutiny+Gems.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>... De quoi motiver une mutinerie ! Une fois maître du navire, à vous les pierres précieuses...</i></div><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIoPT3rK0PiTNzppoggcjgL3a5vWyQFiHjNhBk902j0Wn24muBkm0epIk_gmVs35Jk3-J0MNpmq00tgAFe8RUqLr7wvrRHUUFEEwOPhwRw0E1PufiyZ92hAxybzWAaIYMuXgjGmVfL4aU/s1600/Long+live+X.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="285" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIoPT3rK0PiTNzppoggcjgL3a5vWyQFiHjNhBk902j0Wn24muBkm0epIk_gmVs35Jk3-J0MNpmq00tgAFe8RUqLr7wvrRHUUFEEwOPhwRw0E1PufiyZ92hAxybzWAaIYMuXgjGmVfL4aU/s400/Long+live+X.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Enfin, on peut rêver : tout le monde respecte le capitaine, et de toute façon, il n'y a que lui qui sache où est enterré le trésor...</i></div><br />
<br />
<br />
<br />
<br />
Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-26411917641101390792012-08-21T08:02:00.000-07:002012-08-22T04:42:40.369-07:00Fluxx<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWyq6_Vgde4J_-g-XQBVNZdrOqHrap2cnbVVK11RdlubKyfzPqOTW7R30ctIIUQQJDm1U6GHxeg1GNi_z8B8elh7R1CWNTijQZLPd_hP_wnxT2yFh8J0YaDK8cMYW-csX1rj88wsbXxbg/s1600/Fluxx.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="268" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWyq6_Vgde4J_-g-XQBVNZdrOqHrap2cnbVVK11RdlubKyfzPqOTW7R30ctIIUQQJDm1U6GHxeg1GNi_z8B8elh7R1CWNTijQZLPd_hP_wnxT2yFh8J0YaDK8cMYW-csX1rj88wsbXxbg/s400/Fluxx.jpg" /></a></div><br />
Fluxx est un jeu de cartes convivial qui présente la particularité d'avoir des règles évolutives, et d'être pourtant d'une grande simplicité – du moins, au début. Comme il est souvent dit lorsqu'on explique le fonctionnement du jeu aux novices : « c'est tout simple, c'est marqué dessus ». Encore faut-il, pour le comprendre, parler l'anglais – allez comprendre pourquoi aucun éditeur ne s'est lancé dans la traduction de ce jeu sympathique et, au vu de ses multiples avatars, hautement profitable...<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6jfVfxTIRL9ljGwD7brlIF1VwSt6LScd_8Xb2ADDmJ8urg87FrPtPSHAu4c5QAMr_z0k4dtsKHSiBC0wfL2gxEFRAVIunNt7db5LmdsXrSX4Ylpke1c5b-D1t1zB50SJ30NkKI1FPYu8/s1600/Rules.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="400" width="263" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6jfVfxTIRL9ljGwD7brlIF1VwSt6LScd_8Xb2ADDmJ8urg87FrPtPSHAu4c5QAMr_z0k4dtsKHSiBC0wfL2gxEFRAVIunNt7db5LmdsXrSX4Ylpke1c5b-D1t1zB50SJ30NkKI1FPYu8/s400/Rules.jpg" /></a></div><br />
<b>Le principe du jeu</b> : puisque c'est marqué dessus, lisons : chaque joueur commence le jeu avec une main de trois cartes, et les « règles basiques » (ci-dessus) au centre de la table. Le mécanisme, pour le moment, est : tirer une carte, jouer une carte. Le jeu de Fluxx de base est constitué de quatre types de cartes : <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHUK-WZ586hW7FKrzpmXCJjhRH7x8mCfl32uO5BHh3YoHCeR7chdOmSXuIPKUTUYX0a2sjQdy5nGGw0_pnOE36wE9b08vOwL65gKCX2p5u4OjV3Rh1Ew_ud2vj0Xqsx9dgs6gMw0qyFFk/s1600/Fond.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="150" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHUK-WZ586hW7FKrzpmXCJjhRH7x8mCfl32uO5BHh3YoHCeR7chdOmSXuIPKUTUYX0a2sjQdy5nGGw0_pnOE36wE9b08vOwL65gKCX2p5u4OjV3Rh1Ew_ud2vj0Xqsx9dgs6gMw0qyFFk/s400/Fond.jpg" /></a></div><br />
Les <b>Actions</b> (cartes bleues) : produisent un effet sur le jeu, puis sont défaussées.<br />
<br />
Les <b>Nouvelles Règles</b> (<i>New Rules</i>, cartes jaunes) : changent <i>immédiatement</i> les règles du jeu. Ainsi, une carte indiquant « Tirez 3 cartes » jouées sur la carte des règles basiques permet au joueur de tirer deux cartes supplémentaires (puisqu'il en a déjà tiré une à ce tour). De même, une carte « Jouez deux cartes » permet, dans le même cas de figure, de jouer une carte supplémentaire, puisque le joueur en a déjà joué une. Les Nouvelles Règles restent en jeu jusqu'à ce qu'elles soient défaussées, soit par une nouvelle règle influençant le même aspect du jeu (une nouvelle règle « Jouez quatre cartes » remplacera une « Jouez deux cartes », par exemple), soit par une carte action ayant cet effet.<br />
<br />
Les <b>Keepers</b> (cartes vertes) : sont des objets, personnes, de façon générale, des « choses ». Elles ne produisent, de base, aucun effet, sauf si c'est indiqué sur la carte. Les Keepers sont toujours en rapport avec l'édition de Fluxx dont ils sont issus. Ces cartes sont posées devant le joueur les ayant mises en jeu, mais elles peuvent être défaussées, volées, soit par l'effet de cartes Action, soit par l'effet de Nouvelle Règles.<br />
<br />
Les <b>Buts</b> (<i>Goals</i>, cartes roses) : sont les cartes qui fixent la manière de gagner. Tant que personne n'a posé de But en jeu, le jeu ne peut avoir de vainqueur. Généralement, les Buts se réfèrent à deux Keepers : le premier joueur à avoir ces deux Keepers en jeu remportent instantanément la partie. C'est l'originalité de Fluxx : admettons qu'un joueur doive jouer toute sa main, et possède dans celle-ci un But assurant la victoire d'un adversaire, il sera obligé de la jouer – à lui de trouver une façon de jouer ses autres cartes pour empêcher cela ! Un But joué remplace instantanément le But précédent : ce dernier est défaussé.<br />
<br />
Au fil du temps, les éditions de Fluxx se sont dotées de nouvelles cartes : <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8yUVJHILopfYc8pW5JUCV_hxppXW7ByoeKdsirDJcb9cZv1ZNRxipVLLAwIgmOWnuia8VqWwx8HEPDHEM-n7u8TBjd67SZyLfUMwNr0YxyyZBkgB7eFfKVUwNloRhHZv49pt8FaHBm9w/s1600/Fond+2.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="220" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8yUVJHILopfYc8pW5JUCV_hxppXW7ByoeKdsirDJcb9cZv1ZNRxipVLLAwIgmOWnuia8VqWwx8HEPDHEM-n7u8TBjd67SZyLfUMwNr0YxyyZBkgB7eFfKVUwNloRhHZv49pt8FaHBm9w/s400/Fond+2.jpg" /></a></div><br />
Les <b>Surprises</b> (cartes violettes) : sont, certainement, les cartes les plus complexes à jouer. Elles peuvent soit être jouées pendant le tour d'un joueur, fonctionnant dans ce cas exactement comme une Action, mais elles peuvent aussi être jouées hors du tour d'un joueur, en réaction à une autre carte. C'est à ce jour la seule façon de jouer des cartes hors de son tour à Fluxx. Dans les deux cas, une fois son effet produit sur le jeu, une Surprise est défaussée.<br />
<br />
Les <b>Creepers</b> (cartes noires) : d'un maniement apparemment également complexe, les Creepers sont finalement assez simples d'utilisation. Si un joueur tire un Creeper à son tour, il le pose instantanément devant lui, avant de tirer une carte pour le remplacer. En règle générale, un Creeper est une carte qui empêche son possesseur de gagner, tant qu'il n'a pas trouvé le moyen de s'en débarrasser. Cette carte peut cependant intervenir dans certains Buts. Comme les Keepers, dont ils sont le pendant négatif, les Creepers sont le reflet du thème de l'édition de Fluxx dont ils sont issus. <br />
<br />
Les <b>« Buts négatifs »</b> (Ungoal, cartes rouges) : sont le pendant négatif des Buts. Grâce à un But négatif, une partie peut se terminer sur une victoire du jeu contre les joueurs. Ils sont, le plus souvent, liés aux Creepers. Jouer une carte de But négatif remplace aussi bien un autre But négatif, qu'un But normal.<br />
<br />
<b>Le public cible</b> du jeu n'est pas clairement identifiable. Rappelons une bonne fois que le jeu n'est disponible qu'en langue anglaise : évidemment, une pratique relativement bonne de cette langue est indispensable (même si les cartes sont pratiquement toutes pourvues d'illustration permettant de comprendre instinctivement leur effet). En dehors de cela, le jeu vaut surtout par son adéquation avec les thématiques qu'il aborde : les références sont traitées avec beaucoup d'humour et de connaissance des univers dépeints, ce qui constitue le principal plaisir du jeu. Sa rapidité, le plus souvent au moins car les parties peuvent s'éterniser, en fait un jeu idéal pour un quart d'heure ludique au coin d'une table de café. En revanche, les amateurs de jeux sérieux, n'impliquant pas le hasard, devront passer leur chemin. S'il est potentiellement possible de construire une stratégie à Fluxx, il s'agit le plus souvent d'une stratégie à court terme, sans beaucoup de réflexion : le jeu est construit pour être rapide, facile d'abord et amusant. <br />
<br />
Il convient de noter également que les différentes éditions de Fluxx peuvent être mélangées les unes aux autres. C'est effectivement possible, mais sans beaucoup d'intérêt, et cela accroît considérablement la durée et la difficulté des parties.<br />
<br />
<b>Nombre de joueur</b> : virtuellement illimité.<br />
<b>Durée d'une partie</b> : 10 à 15 minutes.<br />
<b>Prix moyen constaté</b> : 20 euros par édition. Il convient de noter que, malgré le fait qu'il n'ait pas été traduit, Fluxx se trouve disponible dans beaucoup de boutiques en France, et dans de nombreuses déclinaisons.<br />
<br />
<b>Thématiques de Fluxx</b> : <br />
- Fluxx basique<br />
- Oz Fluxx : basé sur l'univers du magicien d'Oz<br />
- Star Fluxx : basé sur l'univers de Star Trek<br />
- <a href="http://humeurssanguines.blogspot.com/2012/08/pirate-fluxx.html">Pirate Fluxx</a> : comme son nom l'indique, basé sur l'univers des pirates<br />
- Zombie Fluxx : où Fluxx s'intéresse aux films de zombies<br />
- <a href="http://humeurssanguines.blogspot.com/2012/08/martian-fluxx.html">Martian Fluxx</a> : les Martiens envahissent la Terre !<br />
- Monty Python Fluxx : inspiré par l'univers des célèbres comiques anglais<br />
- <a href="http://humeurssanguines.blogspot.com/2012/08/cthulhu-fluxx.html">Cthulhu Fluxx</a> : Fluxx chez Lovecraft.<br />
- Eco Fluxx : le Fluxx écoresponsable<br />
- Family Fluxx : Fluxx avec des règles encore plus simples !<br />
- Stoner Fluxx : le Fluxx politiquement incorrect, sur le thème de marijuana<br />
<a href="http://humeurssanguines.blogspot.com/2012/08/pirate-fluxx.html"></a><br />
Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-36137327962917284602012-06-29T07:07:00.001-07:002012-06-29T07:07:38.467-07:00Fleeced!<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixerwlCpsjTXayP-2wGKG66-wlA37_IZeu0zTw4uAtsJxudKMJ3GfAvMrCjZKcEiXzW2ZOAUrfjBc1S7RhngYn_78MUuzhqGkiAuqHPAJ9kZmejJtXAYuTgFXNekpl7SRj1sdQSK5Tkjo/s1600/sheep.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="400" width="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixerwlCpsjTXayP-2wGKG66-wlA37_IZeu0zTw4uAtsJxudKMJ3GfAvMrCjZKcEiXzW2ZOAUrfjBc1S7RhngYn_78MUuzhqGkiAuqHPAJ9kZmejJtXAYuTgFXNekpl7SRj1sdQSK5Tkjo/s400/sheep.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>"Mouton sur noir", étude, 2012.</i></div><br />
Si l'homme est un loup pour l'homme, alors je ne vous parle pas de l'homme pour un mouton ! Et si l'homme est un chien-cyborg ! Ou un pingouin transformiste ! C'est là le sujet de <i>Fleeced!</i>, le jeu de plateau inspiré des héros du studio Aardman, Wallace & Gromit, ou ils côtoient Gwendolene, Shaun le mouton, et les terribles Feather McGraw et Preston le chien-cyborg dans la course au plus gros troupeau.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhKGum8KoDrUTAvZCezzJKPD9sx-JtJIYsCTGZ4i6hR5YucJpsXsxKGD0fhYeMnXxFUF-BclkD1NQdL2OmArMF_gTCX7oKrZLDQpy91Vd-F5LsMjBLJ1YxTgRZCW91rcVyNKNPi3MYgqXM/s1600/persos.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhKGum8KoDrUTAvZCezzJKPD9sx-JtJIYsCTGZ4i6hR5YucJpsXsxKGD0fhYeMnXxFUF-BclkD1NQdL2OmArMF_gTCX7oKrZLDQpy91Vd-F5LsMjBLJ1YxTgRZCW91rcVyNKNPi3MYgqXM/s400/persos.jpg" /></a></div><br />
Faire un jeu qui soit à la fois bon et drôle à partir d'un univers de cinéma, disons-le, est sacrément casse-gueule, et malheureusement, <i>Fleeced!</i> est un jeu qui ne passionnera guère que les amateurs – éclairés, nous ne saurions trop suggérer à ceux qui ne connaissent pas cet univers de se précipiter dessus – des aventures rocambolesques de Wallace & Gromit, avec moutons, inventions délirantes et fromage. <br />
<br />
Ceux-là, en revanche, seront comblés. La mécanique de jeu de cette course-aux-moutons n'est certes pas des plus fluides, mais elle est hilarante : une fois sa file de moutons récupérées, le joueur devra rentrer chez lui à toute vitesse, sous peine de se les voir voler par ses petits camarades. Ce qui ne manquera pas d'arriver. Pour tout dire, le jeu tourne assez vite à la foire d'empoigne et aux crises de rire incontrôlées. Pour quelle raison ? Parce que LE SIFFLET.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMHYV-lx9YfuRXf_FZi97IF0SVWtWBzFgdDWWaxMpZ4BThY4FjuznAsMvAMHMgk5zdPXhdyvcqeG2g-iEJMzYNzNa8QL1FhfbUUzlNSkpYyCFSQ-wEKKgl8DuU3c63AYQmLuDOW1_GNPQ/s1600/Sifflet.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMHYV-lx9YfuRXf_FZi97IF0SVWtWBzFgdDWWaxMpZ4BThY4FjuznAsMvAMHMgk5zdPXhdyvcqeG2g-iEJMzYNzNa8QL1FhfbUUzlNSkpYyCFSQ-wEKKgl8DuU3c63AYQmLuDOW1_GNPQ/s400/Sifflet.jpg" /></a></div><br />
Il faut bien sûr siffler pour attirer ses moutons, avant de se mettre en marche. Évidemment. Mais le faut-il lorsqu'on relance les dés après un double ? Et après avoir joué une carte ? Car, si l'on siffle à tort et à travers, voilà les moutons qui s'égayent dans les rues, direction le pré central... et les autres joueurs, en embuscade, et qui savent, EUX, à quel moment il faut siffler ! (ou pas) Le beau sifflet en plastique, qui émet un terrible « pfiuûut », sera donc source de rires déments et de désespoir profond avant la fin de la partie – tout comme le joyeux chaos dans lequel baigne le jeu. <br />
<br />
Voilà donc un exemple parfait de jeu destiné à une niche précise : les joueurs amateurs d'humour anglais. Pour les autres, la longueur des parties (potentiellement interminables), les règles dont la prise en main est assez délicate seront des <b>défauts</b> rédhibitoires. Le chaos inhérent au jeu, la beauté remarquable des figurines, l'humour non-sensique qui baigne le tout seront des <b>qualités</b> indéniables pour les amateurs de Wallace & Gromit, et même les plus jeunes, qui prendront à n'en pas douter un plaisir certain à donner du sifflet – toujours quand il faudra, en plus !<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEig0Zklk1Rjwi2aGd78dsO7Ar9pRK8d5zW7tqM2N4ovtcUUpd7gRkN5Wk6av1qw-MBtv8vDF583qB00rE3bNylIVcCIzvwqoAzSkkQfH0i6R7kR8b8vuto7LGbhaB7Q0nXUg_IWKT_y47I/s1600/Board.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEig0Zklk1Rjwi2aGd78dsO7Ar9pRK8d5zW7tqM2N4ovtcUUpd7gRkN5Wk6av1qw-MBtv8vDF583qB00rE3bNylIVcCIzvwqoAzSkkQfH0i6R7kR8b8vuto7LGbhaB7Q0nXUg_IWKT_y47I/s400/Board.jpg" /></a></div><br />
<b>Nombre de joueurs</b> : 6<br />
<b>Durée d'une partie</b> : 60 à 120 minutes<br />
<b>Prix moyen constaté</b> : une trentaine d'euros, pouvant aller jusqu'à cinquante.<br />
<b>Note</b> : attention, jeu disponible uniquement en anglais !Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-69808610829438600182012-06-29T06:15:00.001-07:002012-06-29T06:15:24.860-07:00Carcassonne<i>Carcassonne</i>, comme son nom ne l'indique pas, est un jeu allemand. Voilà qui, <i>a priori</i>, annonce un jeu de qualité : avec <i>Carcassonne</i>, nous avons à faire à un jeu de référence. Il s'agit d'un jeu de placement, avatar simplifié des interminables jeux de stratégie, revu via le fonctionnement d'un jeu de domino : si la forme est simple, le jeu s'avère très vite plus complexe. Pour comprendre les règles, la boîte de base suffit (on la trouve aujourd'hui vendue directement avec l'extension « La Rivière »). Cependant, si l'on rêve d'une partie un peu plus corsée, se procurer une ou plusieurs extensions est indispensable – nous y reviendrons.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCuUoYvq1IdA85v2etP-NGCqy0McVdVx9y-rWXq6OP3evdna9sgva3YcRArHqM4TJYgaUrnhojDrYZh_dpT1hcRB8E9CRtdbcwkLKMImBc2iVwuKRqib-llhH7txs2WzdxowWRl5iD6Sw/s1600/Base.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCuUoYvq1IdA85v2etP-NGCqy0McVdVx9y-rWXq6OP3evdna9sgva3YcRArHqM4TJYgaUrnhojDrYZh_dpT1hcRB8E9CRtdbcwkLKMImBc2iVwuKRqib-llhH7txs2WzdxowWRl5iD6Sw/s400/Base.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Une carte réalisée avec les tuiles présentes dans la boîte de base de</i> Carcassonne.</div><br />
<b>Le principe du jeu</b> est relativement aisé à comprendre : chaque joueur, à son tour, va piocher une tuile, et choisir ou non d'y placer un « partisan », petit personnage représentant son influence sur la zone. La carte est divisée en plusieurs types de construction : villes, routes, abbayes, champs, chacun rapportant plus ou moins de points. Le but du jeu n'est pas tant d'agencer son placement de partisans de façon à remporter suffisamment de points que de faire en sorte d'empêcher l'adversaire d'en marquer, en tentant de contester son influence. Le placement des tuiles est très simple : à la manière d'un puzzle ou de dominos, il faut que les bords de la (ou des) tuile(s) corresponde(nt) à celle que l'on veut poser. Le jeu est fait pour qu'il soit très rare, voire impossible, de ne pas pouvoir placer une tuile.<br />
<br />
<b>Le public-cible</b> est désigné par l'éditeur comme étant « 8 ans et plus » : il faut tout de même signaler que <i>Carcassonne</i> est un jeu qui nécessite patience, calme et un certain esprit d'analyse. <br />
<br />
Comme on peut le constater sur la photo ci-dessus, la boîte de base ne couvre que l'équivalent d'une petite table : attention toutefois au fait que, l'intérêt pour le jeu grandissant, vous pourrez avoir besoin d'un espace de jeu très important, avec les extensions : c'est sans doute le seul <b>défaut</b> réel du jeu. En dehors de cela, <i>Carcassonne</i> fourmille de <b>qualités</b>, que ce soit par la simplicité de sa prise en main, l'impossibilité de réaliser deux parties similaires, le plaisir simple du jeu de construction comme celui, plus complexe et prenant, d'un jeu de stratégie qui ne nécessiterait pas deux heures de mise en place et vingt-cinq de jeu. Best-seller depuis sa création en 2001, <i>Carcassonne</i> demeure, à raison, un jeu de référence.<br />
<br />
<b>Nombre de joueurs</b> : 5<br />
<b>Durée d'une partie</b> : 60 à 90 minutes<br />
<b>Prix moyen constaté</b> : une trentaine d'euros, une quinzaine par grande extension, 5€ par mini-extension.<br />
<br />
<b><i>Carcassonne</i> : les extensions</b><br />
<i>À partir d'ici, nous partons du principe que vous connaissez les règles. De plus, nous vous proposons un agencement des tuiles de chaque extension, pour référence.</i><br />
<br />
<u>Mini-extension de base : la fête</u><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDPSl2v9d37PuLX7PnYasv-hVlZmyxw6qyEXNQxkm8wiZKKKkozPXEx00Mp0tFXGEn363dsn6mSBYxlI_5znk_5ziATZnIu0vPSwNAnKEeJ44ayFVvg0l3DVdm8IoozziSS2qByodyU9c/s1600/Bo%25C3%25AEte+%252B+10.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="400" width="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDPSl2v9d37PuLX7PnYasv-hVlZmyxw6qyEXNQxkm8wiZKKKkozPXEx00Mp0tFXGEn363dsn6mSBYxlI_5znk_5ziATZnIu0vPSwNAnKEeJ44ayFVvg0l3DVdm8IoozziSS2qByodyU9c/s400/Bo%25C3%25AEte+%252B+10.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>La boîte du 10ème anniversaire, parfaitement hideuse et impossible à ranger.</i></div><br />
La Fête est une extension de dix tuiles très puissantes : chacune d'entre elles permet, si l'on n'a pas posé de partisan, de <i>reprendre</i> un partisan nous appartenant, posé sur la carte. À utiliser avec parcimonie.<br />
<br />
<u>Extension numéro 1 : Auberges et Cathédrales</u><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjddcIQM1CNiJanmJuy6O3gofFGQhMJG0dpzr8euETbPQKUJNbbJ4We5ADrTAJXwU-m0ywfamPR5JLQMhQy7dw106mXp8uDAhDJCYZD97-yLtO4bWnN6sZbmY4MV_4GVA8hotV_088MELw/s1600/Auberges+-+Cath.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjddcIQM1CNiJanmJuy6O3gofFGQhMJG0dpzr8euETbPQKUJNbbJ4We5ADrTAJXwU-m0ywfamPR5JLQMhQy7dw106mXp8uDAhDJCYZD97-yLtO4bWnN6sZbmY4MV_4GVA8hotV_088MELw/s400/Auberges+-+Cath.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Une extension dont les tuiles couvrent toutes les constructions.</i></div><br />
Première extension à avoir fait suite à la sortie du jeu de base, Auberges et Cathédrales est une extension majeure, mais pas en terme d'évolution des règles. De ce point de vue, les auberges et cathédrales, qui augmentent respectivement la valeur des routes et des villes, mais les laissent à 0 points si les constructions ne sont pas achevées à la fin de la partie, ne présentent qu'un intérêt anecdotique. L'extension présente, de plus, un « super partisan », qui vaut deux partisans, dont on pourra se passer. En revanche, cette extension propose également le sac pour mélanger les tuiles, très pratique, et surtout les pions permettant d'ajouter un sixième joueur à la partie. À ce jour, c'est le nombre de joueur maximal.<br />
<br />
<u>Extension numéro 2 : Marchands et Bâtisseurs</u><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUeOuKnMM0jwMm6MOTUdSfh2Gf6zGVv_iua9iqAJdHD9o8dg6RjvVFhwG1gLiDeJ1c5E26f808hjLgGhDXOZbpFd0_1i62AceJZInyNZ2EP2odO7K74gErmHJa1mgYsNMxGvdxDG2WppM/s1600/B%25C3%25A2tisseurs.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUeOuKnMM0jwMm6MOTUdSfh2Gf6zGVv_iua9iqAJdHD9o8dg6RjvVFhwG1gLiDeJ1c5E26f808hjLgGhDXOZbpFd0_1i62AceJZInyNZ2EP2odO7K74gErmHJa1mgYsNMxGvdxDG2WppM/s400/B%25C3%25A2tisseurs.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Une extension où les tuiles de villes sont très représentées.</i></div><br />
Si vous ne deviez vous acheter qu'une seule extension, que cela soit Marchands et Bâtisseurs : non seulement elle propose un nombre important de nouvelles tuiles (24), mais également beaucoup de nouveautés, toutes intéressantes : <br />
- le cochon : lorsque vous contrôlez un champ, vous pouvez, à la place d'un partisan, placer un cochon dans ce champ. Les villes environnantes rapporteront un point de plus chacune ;<br />
- le bâtisseur : lorsque vous contrôler une ville ou une route, vous pouvez y poser le bâtisseur. À partir du tour suivant, dès que vous ajoutez une tuile à la ville (ou la route), vous pouvez rejouer immédiatement ;<br />
- les blasons de commerce : lorsqu'une ville qui comporte des tuiles avec un blason commercial, le joueur <i>qui finit la ville</i> (pas forcément, donc, celui qui va marquer les points de la ville) reçoit le blason correspondant. Les marchandises sont : bière (9 tuiles), blé (6) et soieries (5). À la fin de la partie, pour chaque marchandises dont il possède une majorité de tuile, un joueur marque 10 points en plus. <br />
<br />
<u>Extension numéro 3 : Damoiselle et Dragon</u><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHNnKGDOBZLfg-b3bMpvOmvcJn3zEfWIcJJZfOY0W1HiXO2llYHd7SrH3HW6953ymdvaxgW3Uv1FY3pfHeKD0u-Zl7eXJYCVBkUnW-pvytGGDDJ0Skl5opEjaxFXdtajwTR9yZ_Yjjx2s/s1600/Dragons.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHNnKGDOBZLfg-b3bMpvOmvcJn3zEfWIcJJZfOY0W1HiXO2llYHd7SrH3HW6953ymdvaxgW3Uv1FY3pfHeKD0u-Zl7eXJYCVBkUnW-pvytGGDDJ0Skl5opEjaxFXdtajwTR9yZ_Yjjx2s/s400/Dragons.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Un beau dragon rouge, et de nouvelles tuiles pour toutes constructions.</i></div><br />
Avoir un dragon à <i>Carcassonne</i>, voilà qui a du chien. D'autant que la figurine (voir ci-dessus) est tout à fait réussie. Le problème, c'est que cette extension apporte des changements de règles qui rende le jeu beaucoup moins agréable : le dragon, qui va se déplacer relativement souvent, dévore (renvoie dans la main de son propriétaire) chaque partisan qu'il croise ; la demoiselle, toujours trouvée dans une ville, en retire un partisan de la même façon que le dragon. Ces nouvelles règles n'apportent pas grand-chose : de surcroît, elle apporte un élément de chaos très important à un jeu dont une grande qualité était de ne pas être soumis au hasard. Amusant, donc, mais fortement dispensable.<br />
<br />
<u>Extension numéro 8 : Bazars, Ponts et Forteresses</u><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgB__rEkAJPb6ushxkVFLC8lfpQZVU1oa-wiTGKhYiyR6PfqpkOrLEsH0U7MOaD-rCCr2Tuoz7Vs9skqZuKfThWWePRy5zMoDvrzTqGoWxhCzCZq-nSsX3ZXIf55VVjrGwl2iGDOvOJ0aw/s1600/Ponts.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgB__rEkAJPb6ushxkVFLC8lfpQZVU1oa-wiTGKhYiyR6PfqpkOrLEsH0U7MOaD-rCCr2Tuoz7Vs9skqZuKfThWWePRy5zMoDvrzTqGoWxhCzCZq-nSsX3ZXIf55VVjrGwl2iGDOvOJ0aw/s400/Ponts.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>De nouveaux accessoires pour une extension aux allures de marché aux puces.</i></div><br />
Voici également une extension dont on peut se passer. Trois nouveaux accessoires sont introduits : <br />
- les ponts : permettent de relier une route à une autre, au dessus d'une tuile sans route. L'effet serait anecdotique s'il ne rendait pas <i>beaucoup</i> plus difficile la tâche déjà ardue consistant à contrôler ses champs. <br />
- les forteresses : au lieu de marquer 4 points avec une ville à deux tuiles, vous pouvez placer dessus une forteresse. Cette forteresse, lorsqu'une des tuiles la bordant immédiatement sera partie d'une construction marquant des points, en fera marquer autant à son contrôleur. Il est possible, avec une forteresse, de réduire à néant les efforts d'un adversaire pour une construction importante, voire de multiplier par deux ses propres gains : bien trop puissant, cet effet est à banir.<br />
- les bazars : permettent de mettre aux enchères des pièces sorties du sac. Ni trop puissant, ni utile.<br />
<br />
<u>Mini-extension numéro 1 : les aéronefs</u><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJZoYR8uCTZd8vp5jqRk27b8ILH45Eb5J9nunGHC_DoV3h6YJ1Iy3L1iqkBohH-OV3aXekFjZEtVUDNEczMw2gX3Vf1ohmNT4CU9mTkqf0I7wS_ejcO_X9_wB4Y8UuPN6_gLttg_qhlSE/s1600/A%25C3%25A9ro.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJZoYR8uCTZd8vp5jqRk27b8ILH45Eb5J9nunGHC_DoV3h6YJ1Iy3L1iqkBohH-OV3aXekFjZEtVUDNEczMw2gX3Vf1ohmNT4CU9mTkqf0I7wS_ejcO_X9_wB4Y8UuPN6_gLttg_qhlSE/s400/A%25C3%25A9ro.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Des tuiles exclusivement "champ" pour cette mini-extension.</i></div><br />
Tout au plus amusante, cette mini-extension permet l'envol de partisan depuis un champ, vers une construction en cours potentiellement contrôlée par un adversaire. Pour s'amuser.<br />
<br />
<u>Mini-extension numéro 1 : les Brigands</u><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj74wmFqNjkP6iBojPfyNlUIPjITAg3F2qrU9hHN2BK8npJPE5vQTsPWuWTa5YalFviddCWPd58jKR6GSEOdCaeaVHnoDNaOy2mYDjWe0H0Tm9sb_uTEIw6bf1kPyFDITFwuRgD25y-8KQ/s1600/Voleurs.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj74wmFqNjkP6iBojPfyNlUIPjITAg3F2qrU9hHN2BK8npJPE5vQTsPWuWTa5YalFviddCWPd58jKR6GSEOdCaeaVHnoDNaOy2mYDjWe0H0Tm9sb_uTEIw6bf1kPyFDITFwuRgD25y-8KQ/s400/Voleurs.jpg" /></a></div><br />
Chaque joueur se voit doté d'un brigand, qui lui sert à « voler » quelques points à un adversaire la prochaine fois qu'il gagne des points. La mécanique associée étant équilibrée – tous les joueurs placent un brigand en même temps – cette mini-extension est également amusante, sans être indispensable.<br />
<br />
Liste des extensions non traitées : <br />
- La Rivière <br />
- La Rivière II<br />
- Le Comte de Carcassonne<br />
- Les Cathares<br />
- La Tour<br />
- Maires et Cloîtres<br />
- Comtes, roi et consorts (contient le Comte, la Rivière II et deux autres mini-extensions)<br />
- La Catapulte<br />
- Mini-extensions 2, 3, 4 et 5 : messagers, ferrys, mines d'or, magiciens et sorcières.<br />
<br />
Il convient également de noter que le jeu est disponible dans une <i>big box</i>, contenant la boîte de base et les cinq premières extensions.Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-86667384450483733682012-06-21T10:31:00.001-07:002012-06-21T10:31:48.105-07:00FrankenhookerDans la grande tradition des « films de Frankenstein » – nom qui désigne, rappelons-le, le créateur et non la créature –, on distingue deux courants majeurs : les films comiques, parodiques, et les films sérieux, tragiques. <i>A priori</i>, avec son scientifique de bazar tentant de redonner vie à sa fiancée débitée par une tondeuse télécommandée, et à laquelle il entend redonner un corps prélevé, morceau de choix par morceau de choix, sur les prostituées locales, <i>Frankenhooker</i> (1990) de Frank Henenlotter se classe dans la première catégorie. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8_F7Vz5Qxaa8SMMt7lId1ws3VhoAytghEr4xhstO69GloGaUQgg244TRS2Ocvu4NSnlcNwTBUPkVDm4vpTbQbGduGq0Zy2Xpv_OqUltUyhUewAHAEdljJj5wPkMJalmppTeCqMMudENU/s1600/06-21+Frankenhooker.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="400" width="269" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8_F7Vz5Qxaa8SMMt7lId1ws3VhoAytghEr4xhstO69GloGaUQgg244TRS2Ocvu4NSnlcNwTBUPkVDm4vpTbQbGduGq0Zy2Xpv_OqUltUyhUewAHAEdljJj5wPkMJalmppTeCqMMudENU/s400/06-21+Frankenhooker.jpg" /></a></div><br />
Toute la première partie du film conforte cette impression : après le drame de la tondeuse télécommandée, qui frappe une famille W.A.S.P. bon teint, le film se consacre aux recherches de Jeffrey Franken, jeune étudiant refoulé de l'école de médecine, afin de trouver un corps souhaitable à sa fiancée, dont il conserve la tête. Le film donne volontiers dans la comédie grasse, et n'est pas sans évoquer la recette du cinéma d'un Fred Olen Ray : un prétexte vaguement horrifique, utilisé pour montrer le plus de filles dénudées le plus souvent possible. À la clé, un petit film calibré pour une soirée pizza, qui fera le bonheur des solderies DVD. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbdi3_F7Pe9_GPoIwGSpu7XAKredPOJ3UFWzK_A2X7Z7s-qpPTs65H-EcSUg-FDG8SjFPWI9vNv9-3_fKQ8FWt-U21RLpa9fBvYmjkakXG67T1gNFIz5rA2ujFmSymPaut47fCY4OBSuc/s1600/Fred2.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="400" width="265" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbdi3_F7Pe9_GPoIwGSpu7XAKredPOJ3UFWzK_A2X7Z7s-qpPTs65H-EcSUg-FDG8SjFPWI9vNv9-3_fKQ8FWt-U21RLpa9fBvYmjkakXG67T1gNFIz5rA2ujFmSymPaut47fCY4OBSuc/s400/Fred2.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Tout l'univers, tout le talent de Fred Olen Ray en une affiche.</i></div><br />
Ce serait oublier que le rare Frank Henenlotter est le père de quelques bijoux traumatiques du cinéma gore des années 1980 : <i>Frères de sang</i> (1982), ou la relation symbiotique horrible entre un jeune homme et son siamois difforme et assassin, qu'il transporte dans un panier (qui donna lieu à deux suites, nettement moins convaincantes) et <i>Elmer le remue-méninge</i> (1988), avec son parasite cérébral aux instincts débridés. Les deux films ayant fait très forte impression, <i>Frankenhooker</i> (littéralement : « Frankenpute »), moins littéralement provocateur, sera accueilli avec plus de circonspection par le public, et la carrière de Frank Henenlotter subira un sérieux coup de frein. <br />
<br />
<i>Frankenhooker</i> s'émancipe bien vite du style qu'il assume au départ. On peut déjà déceler, dans la scène où Jeffrey « sélectionne » la prostituée dont il voudrait prendre le corps, une part de tragédie : si l'ensemble est réalisé comme un sketch digne de <i>Benny Hill</i> – le malheureux jeune homme ne sait quel corps choisir, parmi toutes les beautés qui l'entourent et doit donc prendre son temps avant de faire son choix – la tragédie frappe déjà lorsque les prostituées tombent sur le « super-crack » dont il entend se servir pour faire passer la fille de son choix de vie à trépas, disposant ainsi de son corps. Incapable d'empêcher toutes les filles, qui sont totalement accros à la drogue, de se servir dans son stock, il va les voir mourir les unes après les autres : pourtant, il est très clair qu'il n'a pas voulu cela. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4tF9hqycUHsqGHR88gg7c9A0O_EAW_yLeEq6V_KPfwNSKNmX3BRGBhkQQ68evYxrUuQIykLremFwKBqDBFsxObNZ0T25YF7leonicWzjTyJ-9sdB3ZQv-mNppZ0iUJOo9bGTYOqabfr8/s1600/D%25C3%25AEner.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="226" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4tF9hqycUHsqGHR88gg7c9A0O_EAW_yLeEq6V_KPfwNSKNmX3BRGBhkQQ68evYxrUuQIykLremFwKBqDBFsxObNZ0T25YF7leonicWzjTyJ-9sdB3ZQv-mNppZ0iUJOo9bGTYOqabfr8/s400/D%25C3%25AEner.jpg" /></a><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"></div><i>En grand romantique, Jeffrey offre un dîner aux chandelles à la tête de son aimée, tout en lui expliquant avec finesse son plan...</i></div><br />
Une scène précédente le voit d'ailleurs, désemparé, se chercher des excuses pour le meurtre qu'il envisage de commettre : « je ne vais pas la tuer, je vais juste la mettre en présence d'une drogue mortelle. Après, si elle en prend, ce sera de sa faute »... Profondément lâche, Jeffrey se démarque des Frankenstein fous à lier qui l'ont précédé : de celui, blasphématoire et hystérique, incarné par Colin Clive dans les années 1930, chez James Whale, de celui, hautain et aristocratique, de Peter Cushing pour la <i>Hammer</i>... Jeffrey Franken n'est rien de plus qu'un ado bourré d'hormones jusqu'aux oreilles, et qui trouve dans l'accident survenu l'opportunité de transformer sa fiancée en page centrale de <i>Playboy</i>. Ce benêt, lorsqu'il est mis en présence des prostituées, n'est pourtant pas dupe : le maquereau tient les filles grâce au crack, et la misère affreuse dans laquelle elles vivent le choque sincèrement. Pour autant, une fois l'overdose massive de crack survenue, cela ne l'empêche pas de ramasser tous les morceaux : pourquoi cracher sur l'occasion, surtout lorsqu'il n'est absolument pas à blâmer ? Lâcheté, stupre sans panache, burlesque premier degré : on est bien, en apparence, dans le domaine de la série Z, modèle Fred Olen Ray.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhiK-q6hhLKMMr0cYsj3Y2QPP_JUzESHM4QgBK3Y-i5_uQioynNUvoTm5CDzqo-zSQ_bQjKQjqkr9QpyyUHbHP6CC77bOib4cqaC4P1ZB63o620RF5NUmP09on4qVwQPBtJLAzi45-S_XY/s1600/Mesures.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="226" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhiK-q6hhLKMMr0cYsj3Y2QPP_JUzESHM4QgBK3Y-i5_uQioynNUvoTm5CDzqo-zSQ_bQjKQjqkr9QpyyUHbHP6CC77bOib4cqaC4P1ZB63o620RF5NUmP09on4qVwQPBtJLAzi45-S_XY/s400/Mesures.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Jeffrey fait son marché, avec une belle rigueur scientifique.</i></div><br />
Il suffit d'un coup de foudre pour changer les choses : fidèle au mythe cinématographique (créé par James Whale : les adaptations antérieures et le roman original voit la créature naître par une méthode alchimique), Jeffrey va offrir sa créature au tonnerre, et lui insuffler l'étincelle vitale. Une fois le drap tombé, la « fiancée », qu'on imaginait volontiers séduisante, provocante, disponible – dans la droite ligne des séquences précédentes, se révèle certes très belle, mais grotesque, affligée de tics outrés, incapable d'articuler autre chose que les phrases vulgaires qui faisaient le quotidien des prostituées d'où viennent les parties de son corps. Même dans la mort, les malheureuses ne peuvent donc échapper à leur condition – c'est tout ce qu'il subsistera d'elles.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEicGIUMYIGnOCZh9qenu0JZV6AtatQxIE9KtnhfxXsI8vIdZLPO_U5Iabm-tAU9GmRr1QIt11UgPmoi00jZ0UbIlqBbm1B0h3HYxLOTtyFgyos5a0SjJ7MD1Nvg5E6ZJ5uq8SZT-TCWpZM/s1600/Cr%25C3%25A9ature+%252B+appareil.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="226" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEicGIUMYIGnOCZh9qenu0JZV6AtatQxIE9KtnhfxXsI8vIdZLPO_U5Iabm-tAU9GmRr1QIt11UgPmoi00jZ0UbIlqBbm1B0h3HYxLOTtyFgyos5a0SjJ7MD1Nvg5E6ZJ5uq8SZT-TCWpZM/s400/Cr%25C3%25A9ature+%252B+appareil.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>La créature, à côté d'un... truc bien dans la tradition.</i></div><br />
Quelques clients occis plus tard – la belle leur inflige un coup de foudre parfaitement littéral – voilà le maquereau, la créature et Jeffrey réunis. Du premier, on disposera alors que les restes laissés de côtés des malheureuses prostituées décident de lui donner un aperçu de ses propres méthodes, en le bourrant de crack – mais pas avant qu'il n'ait décapité Jeffrey. Qu'on se rassure : une <i>happy end</i> est au rendez-vous – le scientifique a laissé des notes précises sur sa méthode pour ranimer des restes... féminins. <i>Exclusivement</i> des restes féminins. « Où est ma bite ? », glapit ainsi celui qui n'a, finalement, fait tout ça que pour contenter ses appétits hormonaux, et qui finit le film flanqué d'un corps féminin monstrueux.<br />
<br />
La violence de la conclusion de <i>Frankenhooker</i> étonne, après le ton badin des débuts : manifestement, cette opposition a été voulue par Frank Henenlotter, qui place de cette façon son film dans la tradition la plus sombre attachée au mythe de la créature de Frankenstein. La grande tragédie de la créature n'est pas d'être une chose monstrueuse, morbide, hideuse, lâchée dans le monde sans avoir eu le temps d'y faire ses armes : c'est, simplement, de côtoyer son créateur. Ridley Scott préfère, dans son récent <i>Prometheus</i>, fait le choix de l'efficacité pure, de la confrontation physique : ignore-t-il les leçons du legs de Mary Shelley, qui pourtant sous-titra son livre « Le Prométhée moderne » ? La créature n'a pas le choix de se faire des illusions sur les raisons de sa création : elle n'a pas le choix de se forger une foi, un espoir. C'est l'orgueil qui lui donna naissance chez Shelley, le stupre, chez Henenlotter : jamais l'espoir, jamais l'amour. <br />
<br />
Frank Henenlotter y répond donc avec un humour féroce, en doublant sa contribution au mythe originel d'un discours au féminisme rude et touchant. Ce faisant, il transcende la qualité médiocre de son <i>Frankenhooker</i>, pour lui offrir une place de choix dans son panthéon.Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-53498674722960391822012-05-25T01:50:00.001-07:002012-05-25T01:51:07.960-07:00Les Ailes de la renomméeLes Ailes de la renommée<br />
<br />
Peter O'Toole, Marie Trintignant et, en tout début de carrière, Colin Firth : voilà la distribution hétéroclite des <i>Ailes de la renommée</i> du tchèque Otakar Votocek. Doté d'une idée de scénario fascinante, le film brille plus aujourd'hui par sa résonance avec la réalité que par son exécution.<br />
<br />
Nous voici dans les années 1960, en compagnie de Peter O'Toole, acteur de référence adulé. Comme on l'apprendra plus tard, il a volé à un jeune auteur (Colin Firth) l'intégralité d'un manuscrit pour en faire son autobiographie à succès. Désespéré de ne pouvoir contacter la star, le jeune homme décide, sur un coup de tête, de l'assassiner, et meurt dans la cohue qui s'ensuit. <i>Post-mortem</i>, voici nos deux adversaires convoyés par un passeur blafard vers une île où, découvriront-ils, leur popularité dans le monde mortel conditionne le prestige dont ils jouissent...<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjG1WfKCPDvr0wxlZyIhmmw6PLwBsIfZO9xfHPtlhHzBfahyphenhyphenv3jWDvAGDV20kxdXZs-fSNycPjEjFxb13KB-D8RIDen10HTbNFIUF_J7VReTU0VKt73e-i0H86ZhaXmSRzyacdCDStCR5Y/s1600/Passeur.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjG1WfKCPDvr0wxlZyIhmmw6PLwBsIfZO9xfHPtlhHzBfahyphenhyphenv3jWDvAGDV20kxdXZs-fSNycPjEjFxb13KB-D8RIDen10HTbNFIUF_J7VReTU0VKt73e-i0H86ZhaXmSRzyacdCDStCR5Y/s400/Passeur.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Vers l'au-delà.</i></div><br />
On ne le répétera jamais assez : une bonne histoire ne fait pas nécessairement un bon film. Otakar Votocek va ainsi se perdre sur son île, incapable, semble-t-il, de garder le cap de son script : <i>Les Ailes de la renommée</i> va donc osciller entre de fascinantes séquences à l'onirisme envoûtant et d'autres, d'une gratuité redoutable. On peut sans peine imaginer, ainsi, la patte des producteurs du film derrière la scène d'amour, outrageusement démonstrative, entre Marie Trintignant et Colin Firth – une scène d'une incongruité remarquable en regard du ton éthéré du reste du film. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjY91DlnS8jyJVN84bwORtTuowM8R3ey-xSBH6kojbVO7GRl7KbbH0Boab58w4gzvV5F8auK6v6QKc54x8eFfHgKETNsD8MrpiqaUMMenw8Yy9pM_qNSEvzDaSD_QqspLPFW1Dqu0kRoXw/s1600/Trinti.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjY91DlnS8jyJVN84bwORtTuowM8R3ey-xSBH6kojbVO7GRl7KbbH0Boab58w4gzvV5F8auK6v6QKc54x8eFfHgKETNsD8MrpiqaUMMenw8Yy9pM_qNSEvzDaSD_QqspLPFW1Dqu0kRoXw/s400/Trinti.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Marie Trintignant s'amuse à s'entourer de mystère...</i></div><br />
Plus troubles sont les possibles erreurs de script, telles que la présence de musiciens rock-punk, qui évoquent fortement The Sex Pistols, au moment de la mort des personnages principaux, dans les années 1960. Le flot temporel est-il logique, dans ces limbes ? Le personnage de Marie Trintignant suscite, également, l'interrogation : amnésique, elle est incapable de se souvenir de la raison qui l'amène sur l'île. N'ayant, semble-t-il, d'occupation autre que d'écouter un disque de son cru (dont la piètre qualité nous dissuade de penser qu'il serait la source de sa célébrité), elle incarne à elle seule le mystère du lieu. Son personnage est fascinant, mystérieux – est-elle autre chose qu'une simple résidente, est-elle une déesse du monde des morts, posée ici pour désespérer ceux qui tombent dans ses filets ? L'idée est séduisante, et la succession de scènes à la limite de l'abstraction qui la mettent en scène ne peut que renforcer celle-ci. Le mystère va, d'ailleurs, demeurer au-delà du film, qui ne nous dira finalement rien de ce beau personnage. La mort tragique de l'actrice, sous les coups de son compagnon Bertrand Cantat, quelques années plus tard, donne, de plus et malheureusement, un caractère plus poignant encore à cette morte évanescente qui semble vouloir oublier les raisons pour lesquelles le monde humain se souvient toujours d'elle avec tant de force...<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJ3_jmey_da6LmsscIO9cFHjiHaAGRSJRP0AwM6IA5mBHJSkcbHn0RbDFcv4tOJmCq0dl-v6QL3OzkQob7GAPGfhuU8huIP0c7JgWGb7IKm3ejGYnt5bd_5Ml07gKw8PtjKtAl97YsNdY/s1600/Peter+OTool.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJ3_jmey_da6LmsscIO9cFHjiHaAGRSJRP0AwM6IA5mBHJSkcbHn0RbDFcv4tOJmCq0dl-v6QL3OzkQob7GAPGfhuU8huIP0c7JgWGb7IKm3ejGYnt5bd_5Ml07gKw8PtjKtAl97YsNdY/s400/Peter+OTool.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>...et Peter O'Toole s'amuse à cabotiner.</i></div><br />
<i>Les Ailes de la renommée</i> répond aussi, et plus volontairement, au réel dans la relation entre le jeune loup frustré de son succès Colin Firth par le vieux beau usé Peter O'Toole. Si le premier n'est guère constant dans la qualité de son interprétation – la maturité est encore à venir à l'époque du film, en 1990 –, Peter O'Toole est remarquable d'élégance et de dandysme suffisant et fatigué. Cependant, le cabotinage raffiné et maîtrisé de l'acteur n'est pas, loin s'en faut, la seule raison de découvrir le film. Les scènes inutiles ou trop longues dont nous avons déjà parlé ne font pas oublier les belles idées qui parsèment <i>Les Ailes de la renommée</i> : les limbes de l'oubli, brumeuse mer dans laquelle nagent perpétuellement des damnés incapables de se noyer, le Grand Hôtel de l'Au-Delà, dont le fonctionnement inhumain et froid donne à Otakar Votocek l'occasion de construire une critique efficace de la bureaucratie soviétique – le tout agrémenté d'une photo ouatée très pertinente.<br />
<br />
Demeuré présent dans la mémoire de quelques-uns pour la force de son idée originale, <i>Les Ailes de la renommée</i> a donc évolué avec le temps, alors que le réel a donné plus de corps aux personnages principaux. Et si le temps a certes accentué les défauts du film, le fait est que ses beautés demeurent, et méritent qu'il ne disparaisse pas, à l'instar de ses damnés, dans les eaux troubles de l'oubli.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgt6dqk_5bF_wGukR_H5gywFTfQGwTVO7Xqm7ApfIrJqV5NHbhK1z1No7zL2ay-cW6mrty9q6-1wVxGJKBq24P7VhkADbyG9yrIx5vHonYiWAft2a-yzcIMB5QAkQqesjMScyREeocxS1g/s1600/Damn%25C3%25A9s.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgt6dqk_5bF_wGukR_H5gywFTfQGwTVO7Xqm7ApfIrJqV5NHbhK1z1No7zL2ay-cW6mrty9q6-1wVxGJKBq24P7VhkADbyG9yrIx5vHonYiWAft2a-yzcIMB5QAkQqesjMScyREeocxS1g/s400/Damn%25C3%25A9s.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Les limbes aux oubliés.</i></div>Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-2020423379779043082012-05-23T08:31:00.001-07:002012-05-23T08:33:28.011-07:00PaperhouseEntre 1988 et 1992, Bernard Rose va marquer le cinéma fantastique, dans l'acception la plus large du terme. Sur les pentes enneigées d'Avoriaz, qui a encore à ce moment-là quelques années avant de se faire dévorer par Gérardmer, on peut découvrir quelques perles qui témoignent d'un désir pour un fantastique différent, alors que le genre est dominé par le <i>slasher</i>. <br />
<br />
<i>Paperhouse</i> (1988) fait partie de cette école, qui ne laisse pas d'étonner la presse d'alors : le film est profondément onirique, n'appartenant au genre de l'horreur que par l'effroi, la tension qu'il génère, et non par les effets de manche et de maquillage coutumiers du genre. <i>Paperhouse</i> ne fait allégeance à aucun genre, création unique au croisement d'une esthétique surréaliste et d'un imaginaire revu à la mode freudienne. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEga0-9FOIkYli7-djaBueVLpR_v_y9eFXOQ_3Kb4P_VNNipF9yI5Ae2U0MvjEOJVwvnbgVKObs3kfQiS-RUuDLl9t060ruaheF59TQuTsc2qnvo6ihp13R2swvsiYsd2GVk9qgPuG9AAEs/s1600/Paperhouse.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="249" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEga0-9FOIkYli7-djaBueVLpR_v_y9eFXOQ_3Kb4P_VNNipF9yI5Ae2U0MvjEOJVwvnbgVKObs3kfQiS-RUuDLl9t060ruaheF59TQuTsc2qnvo6ihp13R2swvsiYsd2GVk9qgPuG9AAEs/s400/Paperhouse.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>La maison de papier.</i></div><br />
Bernard Rose va, quatre ans plus tard, entrer dans le panthéon de l'horreur par la grande porte, et avec tous les honneurs, pour <i>Candyman</i>. Remarquable relecture du mythe du croque-mitaine, le film est avant tout celui du scénario de l'écrivain d'horreur Clive Barker et de la partition, hypnotique, de Philip Glass. Bernard Rose subsiste-t-il, aux côtés de ces deux géants ? À comparer <i>Candyman</i> à <i>Paperhouse</i>, on se rend compte que le réalisateur persiste dans certaines obsessions : la déshumanisation de son époque, et l'idée d'exprimer celle-ci via les bâtiments. Ainsi, le Cabrini Green de <i>Candyman</i> est-il autant un personnage central que l'héroïne, Helen, ou que Candyman lui-même : à tout prendre, Candyman <i>est</i> Cabrini Green. <br />
<br />
Évidemment, les bâtiments jouent un rôle central dans <i>Paperhouse</i>, avec en premier lieu la maison de papier du titre. C'est la construction imaginaire d'une petite fille, Anna, qui fuit un réel qui ne la comble aucunement : trop intelligente, trop douée, elle est également trop sensible. Son père étant toujours loin de sa famille – pour son travail, nous dit-on, elle manifeste son état de manque par une hypersensibilité, une arrogance aussi difficiles à supporter pour sa mère que pour le spectateur. Sa chambre, dans laquelle elle est bien vite confinée, l'étouffe autant que sa salle de classe : elle va lui préférer les plaines infinies du monde onirique dans lequel prend place sa maison de papier.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIiCWEfFLTsz_H9OvR4sV92KFfUvwROjNCk768YOM9dGTp3TxAosf4Q67cSbx0XC708BcXaIuwFOmpnKvpUKxYTp-z3iO9KaN2A6StQgX-m9YYqWg2QjHUjo46z-2M8qAbFEjfRInuBE8/s1600/Int%25C3%25A9rieur.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="249" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIiCWEfFLTsz_H9OvR4sV92KFfUvwROjNCk768YOM9dGTp3TxAosf4Q67cSbx0XC708BcXaIuwFOmpnKvpUKxYTp-z3iO9KaN2A6StQgX-m9YYqWg2QjHUjo46z-2M8qAbFEjfRInuBE8/s400/Int%25C3%25A9rieur.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Créé d'un simple coup de crayon, l'intérieur de la maison est dépouillé, et le visage du jeune homme inconnu dessiné à la fenêtre est, logiquement, privé de l'usage de ses jambes.</i></div><br />
Bernard Rose privilégie les gros plans oppressants dans le monde réel, tandis qu'il se plaît à mettre en valeur l'espace dans le monde du rêve : grandes étendues herbeuses, grandes pièces aux teintes pâles. Lorsque le rêve vire au cauchemar, le réalisateur va donner, plus encore, dans l'abstraction, le symbolisme, et pénétrer de plain-pied dans le monde horrifique : c'est d'ailleurs le seul moment où <i>Paperhouse</i> peut être rattaché à un genre particulier, tant le ton du reste du film échappe à toute classification. <br />
<br />
Le plus intéressant de <i>Paperhouse</i> demeure la transition opérée entre une première partie tangible, sise dans le monde réel, dans lequel tous les personnages semblent être parvenus aux limites de leur nervosité, prêts d'exploser, et la seconde partie, qui survient alors qu'Anna prend conscience de la correspondance entre ses dessins et son monde onirique. La tension accumulée par Bernard Rose va subrepticement alimenter la terreur sous-jacente qui parcourt le film : quand les adultes vont-ils décider que l'asile est la seule pour Anna, dont le comportement arrogant laisse place à une fièvre perpétuelle oppressante.<br />
<br />
Bernard Rose se charge de donner corps au monde du rêve d'une façon exagérée, grotesque, qui évoque les peintures surréalistes de Dali autant que le monde des morts du <i>Beetlejuice</i> de Tim Burton : la progression des décors est également celle de la tension, voire de l'épouvante, qui demeure pourtant perpétuellement tapie sous les images – une épouvante qui ne va se révéler qu'en tout dernier recours. De là, la circonspection des amateurs du genre. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEglCyLwkDDk1yhiAKfeWZmoy5mT2qQhiE6VQWai7ALTvQmXc59Y5yixRTnBLb9x2sTpS3fsItxoL_aB5bmhXZARbOhjgY-cTJdsyR2rfb7A0sYomdT8R1LsOVSA2RgpiJ4mqOrZn_iaM90/s1600/Cauchemar.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="249" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEglCyLwkDDk1yhiAKfeWZmoy5mT2qQhiE6VQWai7ALTvQmXc59Y5yixRTnBLb9x2sTpS3fsItxoL_aB5bmhXZARbOhjgY-cTJdsyR2rfb7A0sYomdT8R1LsOVSA2RgpiJ4mqOrZn_iaM90/s400/Cauchemar.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Le basculement dans le cauchemar : le croque-mitaine, déjà, paraît à l'horizon.</i></div><br />
Malgré toute l'attention portée à ce monde onirique et à la façon qu'il a d’interagir avec le réel, <i>Paperhouse</i> demeure bancal, manquant peut-être du soutien de la partition d'un Philip Glass pour faire de lui le classique qu'il aurait du être. Malgré tout, on ne peut manquer de saluer la subtilité avec laquelle le film va revenir vers le monde du conte de fée « à l'ancienne », de ceux où les thèmes du passage à l'âge adulte, de la sexualité et de la mort étaient omniprésents, de ceux, également, qui laissent planer le doute sur la conclusion du récit – ce qui achève de placer <i>Paperhouse</i> hors des sentiers battus. <br />
<br />
Revoir <i>Paperhouse</i> aujourd'hui offre, enfin, une satisfaction supplémentaire : celle de se rendre compte de la parenté de ce film et du récent <i>The Hole</i> de Joe Dante : structure et problématique similaire, avec, pour Dante, le choix de partir sur les voies de l'horreur sombre, quand Bernard Rose reste dans la pureté clinique. Deux faces d'une même pièce, en somme, guère plus rassurante l'une que l'autre.Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-27611248467607969732012-05-08T01:25:00.001-07:002012-05-08T01:25:16.710-07:00L'Impasse aux violencesLoin de la figure éthérée et absurde du monstre de <i>slasher</i>, la légende du croque-mitaine a des racines bien charnelles, réelles : ainsi, le Sweeney Todd adapté au cinéma, notamment, par Tim Burton est une légende populaire attestée en Angleterre, mais également en France (Jacques Yonnet situe le barbier monstrueux entre l'Hôtel-Dieu et Notre-Dame), voire en Chine (dans le <i>Au bord de l'eau</i> de Shi Nai-an). La légende serait donc suffisamment symbolique pour être universelle.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiC4qJ91EcpUjsKgf2RfYKn7wricG-GAXYa_B7-9res32nXuN4X3K09h694iUat_UlkyKkOs_13njKnYQlZ3N255rdhJk4Tl_uXkNIY2fQEu2OVoLi9xTvS9bkUdht9mdv0OQVD8ufFmSI/s1600/05-04+L%2527Impasse+aux+violences.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="222" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiC4qJ91EcpUjsKgf2RfYKn7wricG-GAXYa_B7-9res32nXuN4X3K09h694iUat_UlkyKkOs_13njKnYQlZ3N255rdhJk4Tl_uXkNIY2fQEu2OVoLi9xTvS9bkUdht9mdv0OQVD8ufFmSI/s400/05-04+L%2527Impasse+aux+violences.jpg" /></a></div><br />
Burke et Hare, figures historiques bien réelles et croque-mitaine de plein droit, sont des bonshommes de la même eau : doucement idiots, ils sont plus inconscients que véritablement malveillants, ce qui les sépare des tueurs de <i>slashers</i>. Eux ne sont pas animés de la jouissance de tuer, mais juste contents de pouvoir s'enrichir facilement, fut-ce au prix de la vie des malheureux qu'ils assassinent pour les revendre à l'université de médecine. Inconsciemment – presque ataviquement – cyniques, les deux <i>resurrectionnists</i> (« ressusciteurs ») sont l'une des stigmates visibles de la machine de mort industrielle, de l'avènement de l'humain en tant que quantité négligeable. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjeysb1lKAryyDuNE0I1TOqM8WOL-cluhC_htDZ7p2zhg556oMBGhj7zMoqNzhQFp1B7KBazEqHRJiFnkrCqeHElAnv82tozCdTEmZNU0-h_TDnufpn98Wm1ipAsLCNB3t9-TLNStvOD4c/s1600/Burke+and+Hare.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="170" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjeysb1lKAryyDuNE0I1TOqM8WOL-cluhC_htDZ7p2zhg556oMBGhj7zMoqNzhQFp1B7KBazEqHRJiFnkrCqeHElAnv82tozCdTEmZNU0-h_TDnufpn98Wm1ipAsLCNB3t9-TLNStvOD4c/s400/Burke+and+Hare.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>William Hare (Donald Pleasance) et William Burke (George Rose)</i></div><br />
Burke et Hare ont eu de nombreux avatars, sur scène et à l'écran, le dernier en date étant le burlesque <i>Cadavres à la pelle</i> de John Landis. Pas question d'esquisser le moindre sourire, en revanche, pour le film qui nous occupe : <i>L'Impasse aux violences</i>. Le titre français, plutôt efficace dans son aspect <i>bis</i>, n'a cependant pas de prime abord le ton sinistre du titre original, <i>The Flesh and the Fiends</i> (« La Chair et les Démons »). L'allitération soufflante, comme produite par une langue bifide, ajoute encore à l'impression de mystère sinistre qui se dégage de ce titre.<br />
<br />
Mais peut-être est-ce faire au titre français une injustice. De prime abord, <i>The Flesh and the Fiends</i> semble désigner la chair des morts amenés au Dr Knox par Burke and Hare - <i>the Fiends</i>. Mais ne peut-on pas également considérer l'insensible docteur comme l'un de ces « démons » ? Ne peut-on pas, également, appliquer le titre à la relation entre la prostituée Mary Patterson et son jeune et naïf amant, l'étudiant en médecine Chris Jackson ? <i>L'Impasse aux violences</i> est-il un titre moins signifiant ? S'il désigne certainement l'endroit où Burke et Hare commettent leurs assassinats, le Dr Knox, pourtant persuadé de son bon droit, ne se rend-il pas de l'impasse morale dans laquelle le mène les violences qu'il cautionne par son silence ? Enfin, la violence – atavique ? – de Mary Patterson, un personnage de prostituée irrémédiablement perdue très dickensien, ne condamne-t-elle pas la conception romantique de l'amour, celle de Chris Jackson, à l'impasse ?<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqBWIkIH6k59wRxWUnO_ZDtG8EmCkzklL6CfbncYOJ2DnhQ2KYW19hBxIFiYhrnuoxEKm4zcOfRI8WR_2sQ1CLR0zjhWDzV9mnar3XPAxKZRy5F2u2bpzX6sAdP9FOhg23CUgvJDZfjkQ/s1600/Jeune+et+prostit.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="170" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqBWIkIH6k59wRxWUnO_ZDtG8EmCkzklL6CfbncYOJ2DnhQ2KYW19hBxIFiYhrnuoxEKm4zcOfRI8WR_2sQ1CLR0zjhWDzV9mnar3XPAxKZRy5F2u2bpzX6sAdP9FOhg23CUgvJDZfjkQ/s400/Jeune+et+prostit.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>La prostituée et le jeune premier.</i></div><br />
L'impasse se révèle plus large encore : s'y trouvent certainement les médecins, adversaires de Knox, plus soucieux de leur prestige que de faire progresser la médecine, comme les élèves du même Knox qui, après l'avoir déserté tant qu'il était inquiété par la justice, lui reviennent, le sachant coupable mais les lauriers à la main, une fois qu'il a été acquitté. <i>L'Impasse aux violences</i>, c'est le monde industriel, déshumanisé et sans issue. Le film n'est pas, pour autant, passéiste et réactionnaire : le progrès pour lequel se bat Knox au prix, finalement, de son âme, est souhaitable, indispensable. Aussi froidement que ne pourrait le faire le professeur incarné par Peter Cushing, le film établit un diagnostic lucide sur le prix humain colossal qu'il y a à payer – un diagnostic d'autant plus valide aujourd'hui que la situation est tout aussi valide aujourd'hui qu'elle l'était en 1828 au moment de l'action, ou en 1960.<br />
<br />
Au moment où sort <i>L'Impasse aux violences</i> (1960), Peter Cushing est déjà bien connu des amateurs de cinéma de quartier : il a déjà ressuscité le baron Frankenstein, qui est plus volontiers docteur que baron dans <i>Frankenstein s'est échappé !</i> (1957) et <i>La Revanche de Frankenstein</i> (1958), et va camper avec brio son propre Robin des Bois, dans <i>Le Fascinant Capitaine Clegg</i> (1962). Le maintien élégant, le phrasé ferme que tous ces personnages assez semblables ont en commun vient, avant tout, du talent magnétique de Cushing. Le Dr Knox ne diffère qu'en peu de choses du Dr Frankenstein : l'acteur met son attitude aristocratique, sa scansion précise au service d'un Knox que menace, encore et toujours, les machinations envieuses de ses collègues autant que la vindicte populaire. Ce n'est pas Knox qui offre un blanc-seing à Frankenstein, disant que les travaux impies de ce dernier sont le prix à payer pour le progrès, mais bien l'inverse – Frankenstein transparaît sous Knox, montrant que sous le plus inflexible des scientifiques sommeille toujours le savant fou. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8EOYVCdDLc7TjcrEUiDU1stKHdl_yNFuAFKcQPYHbKCT9UycrYa6rahQCAXYjwuWhfYW33q-Fmxtrts6EFUe77awkbKSN5z-b2O98kXpsWPI316FCx_Bu5yUp7jomsnPLLmisTkziKlU/s1600/Knox.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="170" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8EOYVCdDLc7TjcrEUiDU1stKHdl_yNFuAFKcQPYHbKCT9UycrYa6rahQCAXYjwuWhfYW33q-Fmxtrts6EFUe77awkbKSN5z-b2O98kXpsWPI316FCx_Bu5yUp7jomsnPLLmisTkziKlU/s400/Knox.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Peter Cushing s'en lave les mains... mais plus pour très longtemps.</i></div><br />
Face à lui, Burke (George Rose) and Hare (Donald Pleasance) rivalisent de vilenie grotesque, crapules veules suintantes, rarement saisissables face à un Peter Cushing inflexible – en somme, les deux faces d'une même pièce. Le couple Burke et Hare est un avatar ironique acide de la révolution industrielle, un sujet de chanson de taverne : grotesques, monstrueux et sensationnels, ils touchent à l'essence du monstre industriel. Peter Cushing, Donald Pleasance et George Rose élèvent le sujet au dessus du simple Grand-Guignol, de la simple horreur de boulevard, pour lui donner une résonance universelle terrible. <br />
<br />
Lire aussi <a href="www.critikat.com/Cadavres-a-la-pelle.html"><i>Cadavres à la pelle</i> sur Critikat.</a>Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-49290314666099613462012-04-28T02:12:00.001-07:002012-10-04T03:36:09.386-07:00Frissons d'outre-tombeLa maison de production Amicus tient, dans l'histoire du cinéma britannique, la place de la petite sœur de la Hammer : moins connue, moins réputée, arrivée plus tard... Mais, la principale différence est résumée par un simple nom : Terence Fisher. En effet, les productions Amicus voit défiler un bon nombre de faiseurs de bonne tenue, parfois également attachés à la Hammer : Gordon Flemyng, le prolifique Freddie Francis, Roy Ward Baker, voire l'excellent et méconnu Seth Holt. Mais pas de Fisher. Pas de réécriture révolutionnaire du corpus du fantastique et de l'horreur, pas ou peu de vision de mise en scène – pas de génie, en somme.<br />
<br />
Et, effectivement, ce n'est pas du transcendant – et trangressif – génie de Fisher qu'il sera question ici, mais du plus modeste artisanat de Kevin Connor. Réalisateur principalement attaché à la Amicus avant d'aller voir à la télévision s'il y était, Kevin Connor est surtout connu pour des <i>serial</i> d'aventure aux titres « continentaux » interchangeables : <i>Le Sixième Continent</i>, <i>Centre terre, septième continent</i> et <i>Le Continent oublié</i>. Sans beaucoup de personnalité, le réalisateur remplit dans ces productions commerciales des années 1970 le cahier des charges nécessaire à renflouer la Amicus. Drôles et sympathiques mais sans identité, ces films sont bien vite oubliés.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAkSyqCyP5BaROECGhmrSx6ce8D26_L_9vodn8sgGYPQk6a1TVl7RI_DwNcZJFpTYIskDk5M3nHDgmoT3uNeO1SmcxY15usGV_NS7E3yGoZivI-EzpdbpiP_z4eylx781mpIO5tF-WxaM/s1600/04-32+Frissons+d%2527outre+tombe.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="400" width="262" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAkSyqCyP5BaROECGhmrSx6ce8D26_L_9vodn8sgGYPQk6a1TVl7RI_DwNcZJFpTYIskDk5M3nHDgmoT3uNeO1SmcxY15usGV_NS7E3yGoZivI-EzpdbpiP_z4eylx781mpIO5tF-WxaM/s400/04-32+Frissons+d%2527outre+tombe.jpg" /></a></div><br />
Et pourtant : le premier film de Kevin Connor est d'une tout autre nature. En 1973, alors que les ors de la Hammer, qui peine à se renouveler, pâlissent, la Amicus va sortir un film à sketches, comme elle en a déjà l'habitude (chercher, à cet égard, l'amusant <i>Jardin des tortures</i> de Freddie Francis (1967)) : <i>Frissons d'outre-tombe</i> (<i>From Beyond the Grave</i>). Pour assurer le liant, nous nous retrouvons en présence d'un Peter Cushing souffreteux en antiquaire dont l'échoppe, sise dans une impasse, ne doit guère ses clients qu'au hasard. De plus, il n'apprécie guère qu'on tente de l'arnaquer, mais ne se prive pas d'en donner l'occasion à ses clients : gare, pourtant, à ceux qui auront cette audace (on se rend compte, à cette occasion, que le diabolique protagoniste du <i>Bazaar de l'épouvante</i> de Stephen King doit sans doute beaucoup au personnage interprété par Cushing). <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6MZtJsEJm08IGcLdHe70C1Lz6D9HPLHoI1qfuyg6Fdg6_7h8Kr5zAb-5zyTkJRWG_RK6m_3b5oqLmb9n6krWVFoaFy_oxwk6Kf0-nqpVkJwJSF0vDnCyifh6KxDMxK4tPNjafZM_k4oI/s1600/Cushing.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="221" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6MZtJsEJm08IGcLdHe70C1Lz6D9HPLHoI1qfuyg6Fdg6_7h8Kr5zAb-5zyTkJRWG_RK6m_3b5oqLmb9n6krWVFoaFy_oxwk6Kf0-nqpVkJwJSF0vDnCyifh6KxDMxK4tPNjafZM_k4oI/s400/Cushing.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>"Temptations LIMITED" ? Allons, monsieur Cushing, vous voulez rire !</i></div><br />
Chaque client donne donc lieu à une historiette : un exercice qui, le plus souvent, laisse surnager un ou deux segments, au détriment d'autres, plus faibles. <i>La Quatrième Dimension, le film</i> ne vaut ainsi que pour le segment réalisé par Joe Dante, les <i>Creepshow</i> de King et Romero sont diversement réussis, tandis que les tardifs <i>Contes de la nuit noire</i> sont intégralement d'une consternante platitude. Or, ici, nul segment ne surnage : tous sont d'égale qualité, avec, en commun, un sens de l'humour redoutable, très noir et sans le moindre pitié pour ses personnages. Scénaristes et réalisateur prennent, semble-t-il, autant de plaisir à tourmenter les clients indélicats que l'antiquaire diabolique Peter Cushing. <br />
<br />
Pour qui connaît quelque le style de Kevin Connor, la forme est également une surprise : à la manière de Bava dans <i>Les Trois Visages de la peur</i>, le réalisateur change de style avec chaque récit : on passe ainsi d'une rêche comédie de mœurs urbaine à un pur <i>giallo</i>, d'une comédie grotesque à un style paranoïaque perturbant. Voilà qui a dû susciter les espoirs de nombreux spectateurs, à l'époque – en vain. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjXkHcONBm_94_ZZBTodBv6bXjyCyLLclSm-QjsrPJNAPI-3_mtYU-mEidtdCBREGlSrtCH7gS44eWNUFFWSfZ9w3QswdoTxHBJ-2zSgyRS2TzOJX6VlUwYMoRK5FcApodTOxufYyTrYRw/s1600/From+Beyond+the+Grave+08.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="221" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjXkHcONBm_94_ZZBTodBv6bXjyCyLLclSm-QjsrPJNAPI-3_mtYU-mEidtdCBREGlSrtCH7gS44eWNUFFWSfZ9w3QswdoTxHBJ-2zSgyRS2TzOJX6VlUwYMoRK5FcApodTOxufYyTrYRw/s400/From+Beyond+the+Grave+08.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Les Pleasance père et fille, toujours prêts à rendre service...</i></div><br />
<i>Frissons d'outre-tombe</i> bénéficie également d'une distribution de choix : si David Warner, dans le premier segment, ne surprend guère, le couple formé par Donald Pleasance et sa fille Angela est tout à fait inquiétant. Margaret Leighton compose une spirite totalement délirante, tandis que Ian Ogilvy donne la réplique à une Lesley-Anne Down à laquelle l'esthétique <i>giallo</i> offre quelques très beaux plans (dont elle sera privée dans la suite de sa carrière, qui la voit cachetonner dans <i>Amour, gloire et beauté</i>). <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6EeoBELEADAJC-__FWWmgRYZuifYCwh8iV092Z8lUNdikFBlLYY4EfHNo2gSJF4Upwg_OQTpbvWXzlMODqbrWJn55mvWv72wXLKGSfHvcUCvqgC0R9IL7GGwTkrERZ8bNhF23ZoSYRoE/s1600/From+Beyond+the+Grave+14.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="221" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6EeoBELEADAJC-__FWWmgRYZuifYCwh8iV092Z8lUNdikFBlLYY4EfHNo2gSJF4Upwg_OQTpbvWXzlMODqbrWJn55mvWv72wXLKGSfHvcUCvqgC0R9IL7GGwTkrERZ8bNhF23ZoSYRoE/s400/From+Beyond+the+Grave+14.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Lesley-Anne Down</i></div><br />
Dans l'ensemble, les historiettes de <i>Frissons d'outre-tombe</i> évoquent <i>La Quatrième Dimension</i> de Rod Serling, autant par la qualité de ses scripts que par la sécheresse de ses conclusions, rarement en faveur des protagonistes. Cependant, le film de Kevin Connor dépasse beaucoup d'épisodes de la série de Rod Serling par son savant agencement de grotesque et d'élégance, et surtout son attachement à un fantastique très européen (et très anglais !), charnel et ironique, là où <i>La Quatrième Dimension</i> affichait surtout une préférence pour une SF plus froide. <br />
<br />
Le film a subi sans trop de dommages le passage du temps, grâce, certainement, à un casting de grande qualité, à la méchanceté réjouissante, et aux intuitions de mise en scène de Kevin Connor. Que ces intuitions ne se soient guère confirmées par la suite ne devra pourtant pas condamner <i>Frissons d'outre-tombe</i> à l'oubli. (Re)Découvrir le film est un plaisir dont il serait dommage de se priver. <br />
<br />
Lire aussi : <a href="http://www.critikat.com/Les-Contes-de-la-nuit-noire.html">La critique des <i>Contes de la nuit noire</i></a>Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-26669639593948020692012-04-19T05:25:00.001-07:002012-04-19T06:30:23.335-07:00Sanctuaire (Démons 3)Difficile, pour Lamberto Bava, de porter le nom de son illustre géniteur. Malgré quelques idées plutôt amusantes, le fils de Mario Bava n'est guère digne du génial auteur de ses jours. L'amateur de fantastique se souviendra de lui pour <i>Apocalypse dans l'océan rouge</i>, avec son risible ersatz de requin des <i>Dents de la mer</i>, et surtout pour le diptyque des <i>Démons</i>. À la base, l'idée est plutôt amusante : dans le premier film, un film maudit transforme ses spectateurs en... oui, en démons, bravo, il y en a qui suivent. Dans le second, la diffusion télévisuelle dudit film provoque la transformation des habitants d'un immeuble en... démons, oui, encore bravo. <br />
<br />
Minimaliste mais assez logique, le scénario du premier laisse libre court aux effets gore de transformations, très complaisants, qui font le sel du film. Pour le reste : charge en moto dans les travées du ciné, arrivée d'un hélicoptère dans la salle, multiplication des « séparons-nous on sera plus forts » et autres « ce masque a l'air maudit, surtout ne le mets pas »/« mais si mais si »... Lamberto Bava n'existe pratiquement pas, se contentant d'une mise en scène sans aspérités et de quelques filtres destinés à montrer qu'il est bien le fils de qui-vous-savez, mais sans une once du sens esthétique. <i>Démons</i> est un film prototypique de son époque – 1985 –, avec ses forces <i>très</i> relatives, et ses nombreuses faiblesses.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9tv6aj_7tBvIK04VumtAAJLu-GrsslTWrqy0AZzVssp45BrZT5Jq65-e75z0unS8IVbzSbixmD1AltQ7nASILbussCE1tsR_GD05YRQF3ZNOzLb3wpndA9PV80oIWVm8bawrq5ZdIFOg/s1600/D%25C3%25A9mons.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="246" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9tv6aj_7tBvIK04VumtAAJLu-GrsslTWrqy0AZzVssp45BrZT5Jq65-e75z0unS8IVbzSbixmD1AltQ7nASILbussCE1tsR_GD05YRQF3ZNOzLb3wpndA9PV80oIWVm8bawrq5ZdIFOg/s400/D%25C3%25A9mons.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Avec</i> Démons, <i>on n'est pas là pour rigoler. Pas intentionnellement, au moins.</i></div><br />
Le second épisode, étonnamment, est plus intéressant : une fois passé l'argument un peu crétin cité au-dessus, la contagion démoniaque se déchaîne, et la créativité perverse de Lamberto Bava également. Beaucoup plus influencé par le cartoon que son très sérieux premier épisode, <i>Démons 2</i> reprend ses péripéties par le menu (souvent avec les mêmes acteurs), mais avec un ton à la fois plus sadique et plus drolatique. Le film se rapproche ainsi du Sam Raimi des Evil Dead – sans l'inventivité bondissante, malgré tout. Car, dans l'ensemble, Bava semble surtout s'inquiéter que l'action se déroule à l'écran, sans plus de questions de mise en scène. Plus gore, plus amusant, plus pervers aussi (plus amusant parce que plus pervers ? Oui. Disons oui.), <i>Démons 2</i> doit avoir été suffisamment rentable pour provoquer chez son producteur-scénariste, Dario Argento, l'envie d'en lancer un troisième.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhKa_MKVrm6C0QloXwYgSRyJYhVeVpmznXlGztvtDEOiJtCj9YM1VW3IpF4MbeU-WxoO3Okpm0xznfae5VipG9Dre4zr265inU20GSAw1we_N_CtoAo7AnTcMgkFe7MJj1yFTzkLKTov_A/s1600/D%25C3%25A9mons+2.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="243" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhKa_MKVrm6C0QloXwYgSRyJYhVeVpmznXlGztvtDEOiJtCj9YM1VW3IpF4MbeU-WxoO3Okpm0xznfae5VipG9Dre4zr265inU20GSAw1we_N_CtoAo7AnTcMgkFe7MJj1yFTzkLKTov_A/s400/D%25C3%25A9mons+2.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">Démons 2<i>, c'est une autre histoire.</i></div><br />
Pourtant, <i>Démons 3</i> ne verra pas le jour, du moins pas sous ce titre. En 1989, Argento va ainsi produire <i>Sanctuaire</i> (<i>La Chiesa</i>, « l'église », en VO) avec, changement notable, Michele Soavi à la réalisation. L'argument pousse Argento à titrer le film <i>Démons 3</i>, mais il y renoncera. On est, là encore, dans le domaine de la passation de témoin : alors que Lamberto Bava est allé s'enterrer à la télévision (pour laquelle il tournera notamment la très kitsch saga de la <i>Caverne de la rose d'or</i>) sans jamais montrer l'ombre du commencement du talent de son père, Michele Soavi montre, avec ce film, combien il a su tirer les enseignements du cinéma de Dario Argento.<br />
<br />
L'église de <i>Sanctuaire</i> n'est, ainsi, pas sans rappeler les bâtiments de <i>Suspiria</i> et d'<i>Inferno</i> : construite sur le site du massacre d'une communauté jugée impie par l'Inquisition, elle sert de sceau à ce qui s'apparente à une porte de l'Enfer – une porte qui va bien évidemment s'ouvrir, laissant passer dans notre monde moult démons, dont la griffure et la morsure sont contagieuses. Il s'agit donc bien, fondamentalement, d'un scénario dans la lignée des <i>Démons</i> de Lamberto Bava – mais la présence de Michele Soavi à la caméra change tout. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_v-B6VtCgdRKFtPo-5HJlfPvsb2sfi65K-py6A6xpsFlAkojMivMzJwHNc-yT-EhNjaNX-2WAdhoKzefw4mStaO-letuXFDFjM7sHzC-8oRy-ITsYGOUIX9o8A9OjAeblhIkNgi2-7S8/s1600/Argento.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="218" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_v-B6VtCgdRKFtPo-5HJlfPvsb2sfi65K-py6A6xpsFlAkojMivMzJwHNc-yT-EhNjaNX-2WAdhoKzefw4mStaO-letuXFDFjM7sHzC-8oRy-ITsYGOUIX9o8A9OjAeblhIkNgi2-7S8/s400/Argento.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Une architecture qui n'est pas sans rappeler</i> Suspiria<i>...</i></div><br />
Depuis le <i>giallo</i> <i>Bloody Bird</i>, deux ans avant, le réalisateur jouit déjà auprès des amateurs d'une solide réputation. Dans <i>Sanctuaire</i>, il va affirmer son style visuel – un prélude indispensable à sa maîtresse-œuvre, <i>Dellamorte Dellamore</i>, en 1994. En termes de mise en scène, le réalisateur ne tient pas en place : notre arrivée dans l'église est ainsi soulignée par un plan-séquence prodigieux, qui part des sous-sols de l'endroit pour embrasser l'ensemble de l'église et de ses occupants en un unique travelling arrière. Cette mise en scène dynamique souligne, pour Soavi, la volonté surnaturelle qui anime les lieux : à plusieurs reprises, cette caméra furetant le long des allées, se jetant sur les protagonistes, est accompagnée d'un inquiétant son de sabots désincarné. Un cheval-fantôme avançant au pas ? Des sabots bien plus démoniaques ? Le doute est encouragé.<br />
<br />
Comme pour <i>Suspiria</i> et <i>Inferno</i>, une fois passé le prologue médiéval (un passage aux choix esthétiques étonnants – une partie est filmée depuis l'intérieur d'un casque de croisé ! – et déjà d'une grande cruauté) la première partie de <i>Sanctuaire</i> appartient à la mise en place, qui s'inscrit dans la tradition littéraire du roman à mystère. L'église contient en effet une énigme, qu'il appartient au nouveau bibliothécaire de résoudre. Celui-ci, parallèlement, séduit la jeune femme chargée de la restauration de l'église, sous les yeux désapprobateurs du père supérieur. D'une part, nous avons donc le monde séculaire, pétri d'ambition (c'est ce qui anime notre enquêteur occulte avant tout), de stupre, de l'autre, le monde religieux, dont la pureté et la droiture se changeront, plus tard, en une glaçante malveillance à l'égard du genre humain. Nul n'est pur, nul n'est sauf – pas même l'ingénue interprétée par Asia Argento (rôle qu'elle tenait déjà dans <i>Démons 2</i>, par ailleurs).<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiXkOPmk5hD4L4fpri8Y2RUEi0H_hf42UJYDaPk6AZbOmY7R__fKFLy0oiczJRr0vnFx5ROC39yNzbWm3KnahQujsix7G0rtriyTJMGttRuU1kxVPL4fkEhYNwa4qjdUwvp2D2xmHJxufU/s1600/Pierre.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="218" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiXkOPmk5hD4L4fpri8Y2RUEi0H_hf42UJYDaPk6AZbOmY7R__fKFLy0oiczJRr0vnFx5ROC39yNzbWm3KnahQujsix7G0rtriyTJMGttRuU1kxVPL4fkEhYNwa4qjdUwvp2D2xmHJxufU/s400/Pierre.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Le sceau de la porte des Enfers.</i></div><br />
<i>Sanctuaire</i>, le titre français, prend alors un sens double : à la fois celui désignant l'endroit, l'église, mais également celui de l’îlot intime de l'intégrité – le dernier à déchoir, mais qui, pour Soavi, déchoit inévitablement. Plus que dans la tradition du bis transalpin gore, on est ici dans celle, humaniste, de l'étude de la pureté illusoire de l'homme. Pour appuyer son propos, Michele Soavi va plonger, dans la dernière partie du film, dans un enfer fantasmagorique, hérité des romans gothiques et de l'univers de Bosch. <br />
<br />
Car le piège moral qui se referme sur les protagonistes est appuyé par sa contrepartie physique, fascinante. L'église est, en fait, un piège colossal, qui se referme sur ses occupants dès que l'enquêteur parvient au bout de sa recherche, et qu'il ouvre les portes infernales. Dès lors, l'imagination de Michele Soavi prend un tour onirique influencé autant par Bosch que par Frazetta. Parfois, comme lors de l'apparition du démon majeur, les effets ne suivent pas vraiment, et le ridicule n'est pas loin ; parfois, le réalisateur sait mettre en scène des images inédites, fascinantes ou grotesques : une mariée proprement étouffée par sa robe, une vieille dame qui sonne les cloches avec la tête de son vénérable époux en guise de battant, des enfants organisant des blagues finissant par le meurtre des adultes...<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5EbOFc3xuh_OsaIbV4OnJC8nFY7wIs6eHitPhx8Kw62j9LVYQNyI5v8ErneiswZEnqay8HW9WaABuY4Ga5kpzk9npZY2lKl-2gHYKJw8Y5oTX_5waBZ_h_kgq00XcAAE2Hk00Guu3mos/s1600/Fraz.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="218" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5EbOFc3xuh_OsaIbV4OnJC8nFY7wIs6eHitPhx8Kw62j9LVYQNyI5v8ErneiswZEnqay8HW9WaABuY4Ga5kpzk9npZY2lKl-2gHYKJw8Y5oTX_5waBZ_h_kgq00XcAAE2Hk00Guu3mos/s400/Fraz.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>En haut, un démon inspiré par Frazetta. En bas, un démon... moins inspiré, disons. Mais, je vous le demande, qui est à son meilleur dans de telles circonstances ?</i></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjufQPzu9tonrA6frtoDW4ehOgMbweLz6bnd4ifTkqFIXbgJ2oyVlYqdSpBxq4a-3bFCeHMRtigdcGh0mQY3SY1Qs4-_IuWSp8WBMt5u9HVzgOmeP2GgdYBnsD_G-PubeBe_D3jMgj4JDU/s1600/Oups.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="218" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjufQPzu9tonrA6frtoDW4ehOgMbweLz6bnd4ifTkqFIXbgJ2oyVlYqdSpBxq4a-3bFCeHMRtigdcGh0mQY3SY1Qs4-_IuWSp8WBMt5u9HVzgOmeP2GgdYBnsD_G-PubeBe_D3jMgj4JDU/s400/Oups.jpg" /></a></div><br />
Alors que le film insiste énormément sur l'aspect sonore (voir, ainsi, le bruit des sabots, ainsi que les borborygmes terrifiant qui accompagnent la possession), <i>Sanctuaire</i> bénéficie également d'une musique composée par les Goblin et, plus étonnamment, par Philip Glass, ce qui achève de singulariser l’œuvre de Soavi vis-à-vis de celle d'Argento, de la placer au croisement du conte initiatique pessimiste et de la fantasmagorie pure. <br />
<br />
Plus qu'un continuateur de Dario Argento, Michele Soavi s'affirme avec ce film comme un artiste pourvu d'une vision stylistique réelle, de l'audace dont il convient de faire montre pour l'affirmer – un des grands du fantastique et de l'horreur, par lesquels le genre transcende ses limites.Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-82403341943498107742012-03-23T03:22:00.001-07:002012-04-19T05:14:06.863-07:00Le Grand SilenceDe quoi parle-t-on, lorsqu'on évoque ce Grand Silence ? De la grandeur d'âme du personnage muet interprété par Jean-Louis Trintignant ? De l'omerta qui entoure, dans l'histoire des États-Unis, ce moment de la fin du XIXème siècle où la Loi a armé les chasseurs de prime pour pallier son impuissance croissante, et des excès terribles qui en ont découlé ? Ou bien, du silence qui entoure le nom de Sergio Corbucci, « l'autre Sergio », celui qui n'est pas Leone, dans l'histoire du cinéma ? <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh43FWc9nestDNZn82mv_t12-lBPMaPHNkInF2teb9Q-tallbncSObcm8TPQQR3vKUHnlxNyiPUgsWQ4Bgy9dq9bRs6xdhjNV2_xWXjC6tbYgOPEkTtxGkKOqA9Foy2DXFwzpsswuMJ2HE/s1600/affiche.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="400" width="283" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh43FWc9nestDNZn82mv_t12-lBPMaPHNkInF2teb9Q-tallbncSObcm8TPQQR3vKUHnlxNyiPUgsWQ4Bgy9dq9bRs6xdhjNV2_xWXjC6tbYgOPEkTtxGkKOqA9Foy2DXFwzpsswuMJ2HE/s400/affiche.jpg" /></a></div><br />
Et pourtant ! Avec <i>Compañeros !</i> et <i>Django</i>, Corbucci méritait déjà certainement une place parmi les maîtres du western italien ; avec <i>Le Grand Silence</i>, il transcende sa propre maîtrise du genre. Le film se situe au croisement des deux marques majeures de l'univers de Sergio Corbucci : une idéologie progressiste affirmée, et un pessimisme sans concession. Ce trait de caractère est le corollaire d'une lucidité remarquable, qui s'exprime tout particulièrement dans le personnage de Tigrero, interprété par Klaus Kinski. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQNcftkUnvGO2kEz10SqzQ1HTsCmBD8tOVRYB51zJgYeFghce9WTlFtSTJ5oifJ-opFnpp2t9h7_Z2fU79OptgUkXZSj9j1sP9b6uKxypVrpL6jHzYgQk0GrZoilSfNzSxrN_BDlnQjdE/s1600/Kinski.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="221" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQNcftkUnvGO2kEz10SqzQ1HTsCmBD8tOVRYB51zJgYeFghce9WTlFtSTJ5oifJ-opFnpp2t9h7_Z2fU79OptgUkXZSj9j1sP9b6uKxypVrpL6jHzYgQk0GrZoilSfNzSxrN_BDlnQjdE/s400/Kinski.jpg" /></a></div><br />
Figure étonnante dans la filmographie colossale de l'acteur d'<i>Aguirre</i>, Tigrero ne répond pas aux canons habituels du western : c'est bien « le méchant », mais un méchant intelligent, sensible, et surtout qui opère dans le cadre de la loi, tandis que Silence, le personnage de Jean-Louis Trintignant, a la morale pour lui, mais une morale idéaliste qui n'a pas vraiment sa place dans un monde où la loi, par la force des choses, a été dévoyée. Souvent prompt au cabotinage, Kinski joue ici son personnage avec une retenue exemplaire, un dandysme ironique. Son doublage dans la version originale du film renforce cette impression (signalons d'ailleurs que celui Vonetta McGee laisse légèrement à désirer) d'un homme qui a perçu l'immoralité intrinsèque du monde, et qui fait sa place dans celui-ci selon les codes en vigueur, mais presque à son corps défendant. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrsBLhMMfPkOe05l5ltzqpnyrDPvdDEiPc-P5_GnFpztjTx9k27l3LQOjF2dZzQgtdIHf9aNHZ1FRg7VKxER-CXWkVn4Pw3qsm-RVr5zACkwcedtTIZmrYs5cp0-r_rJ-O5JcqZLpyQdg/s1600/Femme.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="225" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrsBLhMMfPkOe05l5ltzqpnyrDPvdDEiPc-P5_GnFpztjTx9k27l3LQOjF2dZzQgtdIHf9aNHZ1FRg7VKxER-CXWkVn4Pw3qsm-RVr5zACkwcedtTIZmrYs5cp0-r_rJ-O5JcqZLpyQdg/s400/Femme.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Vonetta McGee.</i></div><br />
Lors du duel final, alors que Silence fait face à Tigrero, sans la moindre chance d'en sortir vainqueur, la véritable confrontation a lieu par le regard : l'un est le miroir de l'autre, et si l'absolutisme moral de Silence peut faire baisser les yeux à la corruption de Tigrero, la victoire est à lui. Les yeux clairs de Jean-Louis Trintignant et de Klaus Kinski tranchent d'ailleurs avec ceux du reste de la distribution : ils sont le véritable champ de bataille, celui dans lequel tout se joue. <br />
<br />
Si la présence de Jean-Louis Trintignant est étonnante, c'est avant tout en tant qu'acteur de western : sa filmographie n'est en effet pas exempte de projets à la marge, loin de son image populaire en France. Le rôle de Silence est, d'ailleurs, une véritable gageure pour lui : muet, il doit tout faire passer par le regard, le langage corporel – pas exactement la façon la plus évidente d'incarner un avatar de la Justice la plus pure. La Justice n'est plus aveugle, elle est muette : elle se doit de voir, d'être témoin de la corruption de l'époque, et n'a plus la possibilité de s'en sortir par des mots – ces mots mêmes que le cynisme tranquille de Tigrero a dévoyé –, elle doit agir. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVEQKkea0CxkD1kkFQrLJZy61aBB-WIULCMHAM0zU83TYeGbUyfHzZwuYONaD5XXx9sIadsrpnRBg1Xpz9UgSfEjtN_zdzn124QdO7Ii0I8p9-D4eiq6sSU7KI0ac0dGFy3PnfniqdGis/s1600/Trintignant.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="216" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVEQKkea0CxkD1kkFQrLJZy61aBB-WIULCMHAM0zU83TYeGbUyfHzZwuYONaD5XXx9sIadsrpnRBg1Xpz9UgSfEjtN_zdzn124QdO7Ii0I8p9-D4eiq6sSU7KI0ac0dGFy3PnfniqdGis/s400/Trintignant.jpg" /></a></div><br />
Le décor choisi par Sergio Corbucci place définitivement son film sur le terrain de la parabole, et à la marge du genre du western : <i>Le Grand Silence</i> prend place dans les hauteurs neigeuses – encore un symbole de la pureté, sur lequel les flots de sang des victimes sont plus que jamais visibles. Par moments, le réalisateur va jusqu'à placer son film dans le monde du rêve, lorsque la neige enveloppe tout, ne laissant que quelques silhouettes indistinctes. Deux <i>flash-backs</i> sont, à cet égard, très significatifs : ils prennent place dans le passé des protagonistes, comme avant la chute, et dans une contrée verdoyante, aux couleurs aujourd'hui oubliées... Sergio Corbucci joue également beaucoup du flou, particulièrement dans les scènes où la passion, la violence sont au rendez-vous. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVLCF4MpQspdOFuVhWIG6nlCU3XVn9Ja9BlAV_S8YAKpIH-oCJZtIFOf-Bnew6lFCcCwcOLuy_zlcDe9dE5Lv08U-7v63A4ZyM1DRmyjqcBAYOohXSskCgW_feMZl9PLv7I5apkGEBufA/s1600/Blanc.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="216" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVLCF4MpQspdOFuVhWIG6nlCU3XVn9Ja9BlAV_S8YAKpIH-oCJZtIFOf-Bnew6lFCcCwcOLuy_zlcDe9dE5Lv08U-7v63A4ZyM1DRmyjqcBAYOohXSskCgW_feMZl9PLv7I5apkGEBufA/s400/Blanc.jpg" /></a></div><br />
Servi par une partition signée Ennio Morricone de toute beauté (<a href="http://www.youtube.com/watch?v=nzIvQGZ0EL4">le thème de la scène d'amour</a>, qui est d'ailleurs repris dans la confrontation finale entre Tigrero et Silence, compte parmi les plus belles compositions du musicien), <i>Le Grand Silence</i> se distingue par sa terrible noirceur, qui est par ailleurs très logique. Ainsi, le shérif, incarné par Frank Wolff, est une figure étonnamment burlesque, ridicule malgré son attachement à la loi : on ne peut, semble-t-il, avoir les idéaux de Silence et accepter les méthodes de Tigrero sans devenir grotesque. Sa mort, rapide et proche du <i>slapstick</i>, ne laisse pas le loisir au spectateur de s'apitoyer. La même logique froide préside au finale, terrible, du film : une conclusion d'une telle noirceur que nombre de pays ont refusé d'exploiter le film tel quel, poussant les producteurs à forcer Sergio Corbucci à retourner la fin. Ce qu'il fit mais, avec l'assentiment des acteurs, d'une façon burlesque qui a rendu la séquence totalement décalée par rapport au film, et formellement inutilisable. En conséquence de quoi, <i>Le Grand Silence</i>, maîtresse-oeuvre de Sergio Corbucci, a été peu distribué : un très grand film qu'il importe de (re)découvrir.Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-44893849960905484672012-03-13T03:08:00.003-07:002012-03-13T03:09:46.682-07:00Monstres invisiblesArthur Crabtree appartient au cinéma pour deux raisons majeures : d'une part, un patronyme des plus improbables, d'autre part, pour avoir réalisé en 1959 un classique <i>bis</i>, <i>Crime au musée des horreurs</i>. Exemple intéressant d'un cinéma sadique qui trouve ses prolongements lointains – et bien moins convaincants – dans le <i>torture porn</i> des <i>Hostel</i> et des <i>Saw</i>, <i>Crimes...</i> n'en est pas moins, aujourd'hui, rien de plus qu'une curiosité pour historien du cinéma. <br />
<br />
Si l'on imagine bien le choc ressenti par le public à l'époque de la sortie du film, son intention apparaît plus clairement aujourd'hui : enfoncer à grands coups d'atrocités diverses les portes de la bienséance, et bâtir sur ce postulat son succès commercial. Finalement, nous ne sommes pas si éloigné de la recette du <i>torture porn</i>... Alors, Arthur Crabtree, vous voilà condamné à attacher votre nom à un seul film, sans grand éclat ? Ô, injustice ! Ce serait oublier que le monsieur est également le réalisateur des <i>Monstres invisibles</i> (1958), un film de SF toujours aussi <i>bis</i>, mais qui réunit ce qui manque à <i>Crimes...</i> : un sens de la mise en scène et une approche originale de son sujet. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj69DQnkjFjBQHJVO8uteTjoP4hW1ga5HnYsezKtWv_PdxcZJ-RW1jlRv_fbPum6pb0BJYMT1xZQ_pMTZfljDKPLzKHrSTB_-bEqjWPvgcNBlGu3NI6H1eEISdICANUvozDjhItd10veHU/s1600/Foin.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="240" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj69DQnkjFjBQHJVO8uteTjoP4hW1ga5HnYsezKtWv_PdxcZJ-RW1jlRv_fbPum6pb0BJYMT1xZQ_pMTZfljDKPLzKHrSTB_-bEqjWPvgcNBlGu3NI6H1eEISdICANUvozDjhItd10veHU/s400/Foin.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Sur cette photo, un monstre invisible.</i></div><br />
Cette originalité, pourtant, ne saute pas aux yeux : de prime abord, on est, avec ce film, en présence d'une resucée de la recette traditionnelle des films de terreur atomique extrêmement rentables aux États-Unis à cette époque : des morts mystérieuses, des radiations, et pour finir une confrontation avec de grosses bébêtes mutées (ou des êtres humains, parfois) qui tournera à l'avantage de nos héros sous le claquement de la bannière <i>stars and stripes</i>. <i>Monstres invisibles</i> suit le cahier des charges : des meurtres – mystérieux donc – se multiplient aux alentours d'une base militaire utilisant des radiations. Pour ne rien arranger, le comportement des animaux des fermes locales se met à changer inexplicablement. L'atome serait-il responsable ? Les villageois le croient fermement, et se mettent en tête de confronter les militaires...<br />
<br />
Le budget du film est estimé à 50.000 £, c'est-à-dire près de deux fois moins que le budget du <i>Dracula</i> de Terence Fisher, un autre classique, un autre film déjà bien fauché, sorti la même année. Dans la grande tradition du cinéma <i>bis</i>, <i>Monstres invisibles</i> fait appel à la débrouille pour pallier le manque de moyens : débrouille scénaristique ici, puisque lesdits monstres sont effectivement invisibles pour la plus grande partie du film. C'est sûr, ça économise le budget des effets – mais le film ne s'arrête pas là. Les attaques des monstres sont, elles, très présentes et, si elles dépendent avant tout de la capacité des acteurs à jouer la terreur absolue et l'étranglement par une créature invisible, elles sont également accompagnée par un bruit de reptation parfaitement répugnant, et qui ajoute beaucoup au potentiel horrifique de ces scènes.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXSdOjgRdwljlMlfQXD1jz3rLv_8A3x-dYS57f5rlHHIt26gJu83GHhH6XptgrJOyzlL6FtE1LyGVNOFAITnuU-EsxfQt_YuwCGTMyUy9h77YynMiyyf9gXM8cWfswp2X7hfYjD8deQjU/s1600/Victime.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="240" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXSdOjgRdwljlMlfQXD1jz3rLv_8A3x-dYS57f5rlHHIt26gJu83GHhH6XptgrJOyzlL6FtE1LyGVNOFAITnuU-EsxfQt_YuwCGTMyUy9h77YynMiyyf9gXM8cWfswp2X7hfYjD8deQjU/s400/Victime.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Aaaaargh !</i></div><br />
Le titre original du film est <i>Fiend without a face</i>, que l'on peut traduire par « le démon sans visage » - un beau titre que sa traduction par <i>Monstres invisibles</i> prive d'une jolie ambiguïté. Car ce démon sans visage, c'est également celui qui guette chaque paranoïaque, c'est le monstre tapi dans l'inconscient des villageois qui vont se déchaîner contre les militaires (innocents, pour une fois...). La majeure partie du film est certes rythmée par les meurtres, mais elle raconte avant tout la montée de la tension entre les deux communautés, également fautives. L'une (les autochtones), par son agressivité et sa paranoïa, l'autre (l'armée), par son silence. Arthur Crabtree excelle à décrire la montée en puissance de cette animosité, élargissant ainsi remarquablement le champ de son film. <br />
<br />
Finalement, la faute est à chercher encore ailleurs, dans le laboratoire d'un savant Cosinus. La solution est révélée : notre savant, en faisant des expériences sur la télékinésie, a donné naissance à une créature étrange, une pensée incarnée, qui se nourrit des radiations. Et donc, logiquement, cette pensée est invisible (MAIS, en revanche, notez que la pensée émet des bruits de reptation spongieux et parfaitement répugnants, pour l'atelier « interprétation abusive », c'est la troisième salle à gauche merci), et décide de se nourrir sur les humains locaux, d'où les meurtres. C'est également l'occasion d'apprendre que ces créatures (car elles se multiplient) se nourrissent du cortex cérébral et de la colonne vertébrale de leurs victimes, oui c'est dégueu, et que, semble-t-il, ce régime alimentaire conditionne leur apparence. Car lorsque, finalement, les radiations permettent aux bestioles de devenir visible, ça donne ça : <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgDOxx5cmQpR1R3vfSt9qGOEtURMLotaYWboBL8Z8DHHF6nvFPsfaeNxCWzeZL_vrIgg-1lJ2HSKGg_GHKUBZu8_0KYxGZ3UZH1AXoe0TOt216EuGG5r1fVKK952_wMVEl5VbKFOwXN_TA/s1600/Cr%25C3%25A9ature.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="240" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgDOxx5cmQpR1R3vfSt9qGOEtURMLotaYWboBL8Z8DHHF6nvFPsfaeNxCWzeZL_vrIgg-1lJ2HSKGg_GHKUBZu8_0KYxGZ3UZH1AXoe0TOt216EuGG5r1fVKK952_wMVEl5VbKFOwXN_TA/s400/Cr%25C3%25A9ature.jpg" /></a></div><br />
Et c'est toujours aussi dégueu, oui. Les effets spéciaux sont plutôt convaincants, surtout lorsqu'on pense au budget ridicule dont dispose le film, et étonnamment démonstratifs. <i>Monstres invisibles</i> va donc se clore sur une séquence traditionnelle de siège des héros (avec les figures attendues du Lâche, de la Fille, du Savant (qui va se sacrifier, brave homme), du Jeune Premier, et deux utilités) tout à fait efficace, et curieusement complaisante (les morts des créatures, très graphiques, se multiplient). <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_hJMbvLbsC5GWJHA47-SfOOIdp5LZkSMT8NoZjD2nWueSZ7NCXs6237b6_XqHVLv6DxVvbhfGzpljmUPG_49wOJ6osXOQrCvZuo_YyjbbcbBpolxI0ziAEvZf34AGW_nJNtE_2dvNZQ8/s1600/Cr%25C3%25A9ature+morte.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="240" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_hJMbvLbsC5GWJHA47-SfOOIdp5LZkSMT8NoZjD2nWueSZ7NCXs6237b6_XqHVLv6DxVvbhfGzpljmUPG_49wOJ6osXOQrCvZuo_YyjbbcbBpolxI0ziAEvZf34AGW_nJNtE_2dvNZQ8/s400/Cr%25C3%25A9ature+morte.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Ré-pu-gnant, je vous dis !</i></div><br />
<i>Monstres invisibles</i> ne diffère donc pas, dans son déroulement, d'un <i>Them !</i> ou d'un <i>Tarantula</i>, mais on y décèle un sens de l'humour certain, qui joue avec les codes du genre comme avec les défauts du genre humain, transformant le film en satire d'une justesse et d'une efficacité redoutables. Et, pour finir, n'oublions pas de souligner que la censure de l'époque, après avoir ordonné des coupes claires dans le film, l'a de plus interdit aux mineurs, et qu'il a choqué son auditoire. Ma foi, c'est toujours bon signe.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEir4KtiGIxef5WvxGe-b6Ww9WjjCWWGBbtM9LBlhKqYC3nywgywJaaXJrEbhu16h3svotkpMjX7sZRs_eSR8Po4sQDGvA-EwDsTkGhHVrwkZhw3VL0ETHskn44qL148h5FuxeEKbLLd6Kc/s1600/Poster.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="312" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEir4KtiGIxef5WvxGe-b6Ww9WjjCWWGBbtM9LBlhKqYC3nywgywJaaXJrEbhu16h3svotkpMjX7sZRs_eSR8Po4sQDGvA-EwDsTkGhHVrwkZhw3VL0ETHskn44qL148h5FuxeEKbLLd6Kc/s400/Poster.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Toute notre admiration pour les créateurs de l'affiche, qui gâchent le mystère du film mais n'en oublient pas pour autant la fille déshabillée (2 secondes à l'écran) et la chute de l'avion qui n'a pas lieu.</i></div>Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-82733195481912824282012-02-28T09:14:00.001-08:002012-02-28T09:14:34.593-08:00Zé du cercueilNé en 1936, José Mojica Marins n'a guère que 14 ans lorsqu'il réalise son premier film, le court métrage <i>Reino sangrento</i>, dans lequel il joue également. Fils d'un exploitant de cinéma, le cinéaste est une créature de celluloïd : avec <i>À minuit, je posséderai ton âme</i>, il crée en 1964 Zé do Caixão - « Zé du cercueil », un personnage hautement baroque qui va devenir également l'alter ego de l'artiste à la ville. Remplaçant rapidement les faux ongles du personnage par les siens propres (enfin, propres, avec cette longueur, qui sait ?), le réalisateur va faire sien son look outrageusement gothique (ongles-griffes, frac, haut-de-forme, bouc et moustache) et devenir une icône de la contre-culture dans les Amériques.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b>À minuit je posséderai ton âme</b></div><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEikz4LuFzvLNhCrlm_AteFI63VQNuGn7MqE_WkhGhIqo4JGxQJVVB5o2G9-6RqVJ6L_R54ySZepEhOTox0TJPnDLg47l0t9lmNd0d9mjezv0L-F5nCApMwa3VFjmW6SCxYELpAZ2pW-N-s/s1600/A+minuit+01.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEikz4LuFzvLNhCrlm_AteFI63VQNuGn7MqE_WkhGhIqo4JGxQJVVB5o2G9-6RqVJ6L_R54ySZepEhOTox0TJPnDLg47l0t9lmNd0d9mjezv0L-F5nCApMwa3VFjmW6SCxYELpAZ2pW-N-s/s400/A+minuit+01.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Zé du cercueil s'interroge face caméra</i></div><br />
L'acte de naissance de Zé du cercueil est le diptyque <i>À minuit je posséderai ton âme</i> et sa suite, en 1967, <i>Cette nuit je m'incarnerai dans ton cadavre</i>. Le personnage a aujourd'hui plus d'une quinzaine de films à son actif. Au-delà de la créature cinématographique grotesque et fascinante constituée par Zé, <i>À minuit je posséderai ton âme</i> est également considéré le premier film fantastique brésilien. <br />
<br />
En dehors de cela, le film n'est pas particulièrement notable. Tout au plus peut-on y déceler les prémices de l'inventivité brutale et malade du second volet. Nous y rencontrons donc Zé, croque-mort de son état, et insatisfait de sa relation avec son épouse. Celle-ci n'est pas, à ses yeux, digne de porter son héritier, un mâle bien sûr, qui serait la consécration ultime de l'existence de Zé. L'amie de son copain Antônio, en revanche, pourrait fort bien convenir. Méthodique, Zé va donc assassiner son épouse (en la faisant piquer par une araignée), puis noyer Antônio, avant de violer son amie, qui se suicide par la suite. Ses agissements, ainsi que ses bravades perpétuelles à l'égard de Dieu et du Diable, finissent par le mettre en difficulté : pourchassé par la populace locale, hanté par des visions de fantômes infernaux, Zé va finir par succomber...<br />
<br />
La première singularité du film est la façon dont il suit les pas autosatisfaits de Zé / José : les deux se confondent rapidement, comme si l'acteur-réalisateur tenait véritablement à se mettre en scène, lançant à la face du dieu de ses contemporains un défi permanent, faisant montre d'un sadisme et d'une perversion redoutables (tout cela lui vaudra d'ailleurs d'être sévèrement censuré par le régime brésilien d'alors). Jamais les contemporains de Zé ne vont oser de soulever contre lui, alors même qu'il est un assassin avéré et qu'il menace de s'en prendre à d'autres. <br />
<br />
On repense aux classiques de l'Universal, dont le film respecte la progression narrative classique. <i>À minuit je posséderai ton âme</i> ressemble ainsi à un <i>Homme invisible</i> (James Whale, 1933) qu'on suivrait du point de vue du personnage éponyme dans ses pires excès, alors que, méprisant et narquois, il s'amuse de parvenir à occire ses contemporains de la plus ridicule des façons. <br />
<br />
Le film serait pourtant bien routinier si Zé / José ne passait son temps à lancer des blasphèmes toujours plus violents, évoquant ainsi Dom Juan, ou les héros du roman gothique, déterminés à tester les limites de la patience divine. Zé semble n'avoir aucune limite, aucun tabou dans ses outrances verbales – ni dans la violence dont il fait preuve. Guidé avant tout par son sadisme manifeste, José Mojica Marins met en scène des agressions et des meurtres où il semble jubiler de pouvoir laisser libre court à son imagination outrancière. <br />
<br />
Grand bien lui fasse, mais au-delà de celle-ci, le style Marins n'impressionne guère – si ce n'est dans la scène du viol, où le cinéaste, avec une pudeur étonnante et un sens symbolique certain, cadre la main de la victime en train de broyer un canari tandis que Zé lui fait subir les derniers outrages. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjf68sjTeDoeFGttsxy3v4d9NxhBy6V8mljfjUsEuqTZASovisOk9TgfKJSwtlZvSFczjLC6MyP_5uha_fMMiAg-37dnr1fps6vme4cqcZ7afeLEZO5UM6uD1wBlsO2R4lhcnZ-XYfOGpk/s1600/A+minuit+02+canari+viol.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjf68sjTeDoeFGttsxy3v4d9NxhBy6V8mljfjUsEuqTZASovisOk9TgfKJSwtlZvSFczjLC6MyP_5uha_fMMiAg-37dnr1fps6vme4cqcZ7afeLEZO5UM6uD1wBlsO2R4lhcnZ-XYfOGpk/s400/A+minuit+02+canari+viol.jpg" /></a></div><br />
Rares, hélas, sont ces moments dans <i>À minuit je posséderai ton âme</i>, où même les visions les plus fantasmagoriques (les apparitions de fantômes) relèvent du tout-venant fantastique.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjB7UkP3J4s5qG-QnwF_PySHrlg5qPwz487EKgFDVc3hu8xuskKQ2HAyIRiBVVhNxCasyP4JIMkxIMMZARtkGoYj1X8jeGAYvIFnueJacxVRJRvxbFdfD2yBQQdjIuFPaVKYtsNUGPusKA/s1600/A+minuit+04+fant%25C3%25B4me.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjB7UkP3J4s5qG-QnwF_PySHrlg5qPwz487EKgFDVc3hu8xuskKQ2HAyIRiBVVhNxCasyP4JIMkxIMMZARtkGoYj1X8jeGAYvIFnueJacxVRJRvxbFdfD2yBQQdjIuFPaVKYtsNUGPusKA/s400/A+minuit+04+fant%25C3%25B4me.jpg" /></a></div><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8W1CNO1q18tlOr4s0WrsvJLpyXJbjkQSI4OSD0B_cpW1SNfpJu6bQTQltuHETunPnih_nhbfBZZmFnjOPHZ8e2fZi79stV86hkhxB_QXJBabkEXXahoqpAGELUyHniXCzlT-1HM9OceE/s1600/A+minuit+03+les+morts.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8W1CNO1q18tlOr4s0WrsvJLpyXJbjkQSI4OSD0B_cpW1SNfpJu6bQTQltuHETunPnih_nhbfBZZmFnjOPHZ8e2fZi79stV86hkhxB_QXJBabkEXXahoqpAGELUyHniXCzlT-1HM9OceE/s400/A+minuit+03+les+morts.jpg" /></a></div><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b>Cette nuit je m'incarnerai dans ton cadavre</b></div><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRQqwBq9UqzfNg2QQFvh7dutnom-XjDK1TCA66capdlnmIUfrrN4v-JHBBoslRbu6t4VitN7umoO25FrUkLqUqGGGYkR-AFCxfZq8YgzH0-6rIy0SpPVnq5jBCHv_DCFRyvGApza4Fnk8/s1600/02-30+Esta+Noite+Encarnarei+no+Teu+Cad%25C3%25A1ver.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="400" width="275" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRQqwBq9UqzfNg2QQFvh7dutnom-XjDK1TCA66capdlnmIUfrrN4v-JHBBoslRbu6t4VitN7umoO25FrUkLqUqGGGYkR-AFCxfZq8YgzH0-6rIy0SpPVnq5jBCHv_DCFRyvGApza4Fnk8/s400/02-30+Esta+Noite+Encarnarei+no+Teu+Cad%25C3%25A1ver.jpg" /></a></div><br />
Autant dire que la vision de <i>Cette nuit je m'incarnerai dans ton cadavre</i> surprendra donc qui vient de voir <i>À minuit je posséderai ton âme</i>. À l'image approximative de son prédécesseur (le décadrage et les tremblements de l'image <i>pourraient</i> être volontaires, certes, mais...), <i>Cette nuit je m'incarnerai dans ton cadavre</i> oppose une photographie d'une netteté remarquable. De fait, tout le film est à cette image, comme une version plus précise, qui aurait pris le temps de mûrir, du monde de José Mojica Marins. <br />
<br />
Ce qui ne signifie pas que le film soit plus fréquentable, loin de là. Zé du cercueil revient : il n'était pas mort, en fait (« il respire encore », nous indique un témoin de la dernière scène de <i>À minuit...</i> qui continue en préambule. Comme quoi, si on avait attendu un peu plus la dernière fois...). Il n'a pas appris grand-chose de ses expériences du premier film, et cherche toujours la femme idéale, la procréatrice parfaite, quitte à tuer de nouveau (on va s'gêner !). Tout cela, en prenant toujours le temps de pérorer sur les sujets les plus blasphématoires. Mêmes causes, mêmes conséquences : l'ire divine et celle, plus pressante, de ses contemporains, vont causer la ruine de Zé.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFSL9_TZW-N3PgK77ezb3pRWPPsOzP8M0zMEEw16dIJJyKC7U-lF_i5iQFVtMYGtpa5xbhn9oDMx6PVRe8vbGfRB66uvE5q9tHF-uTN474WPpzGL66I64f63ImBXU3xBgISomEJVsT7zg/s1600/Cette+nuit+03+igor.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFSL9_TZW-N3PgK77ezb3pRWPPsOzP8M0zMEEw16dIJJyKC7U-lF_i5iQFVtMYGtpa5xbhn9oDMx6PVRe8vbGfRB66uvE5q9tHF-uTN474WPpzGL66I64f63ImBXU3xBgISomEJVsT7zg/s400/Cette+nuit+03+igor.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Zé est cette fois flanqué d'un assistant bossu et défiguré bien dans la tradition (mais dénommé Bruno)</i></div><br />
José Majico Marins est toujours fidèle à ses premières influences : les films de monstres de l'Universal (cette fois, la parenté avec la saga du baron Frankenstein est avérée, laboratoire pseudo-scientifique assistant bossu et défiguré et populace locale munie de fourches et torches à l'appui !), mais aussi et surtout le surréalisme à la Buñuel. Marins multiplie ici les raccords audacieux, les montages alternés hautement signifiants : on retiendra ainsi la scène d'amour montée en alternance à celle montrant la mort de jeunes femmes submergées par des serpents monstrueux, ou le raccord superbe qui relie directement le jaillissement de sang de la tête écrasée d'un jeune premier et le mouvement de la nuisette de satin enlevée par sa fiancée, corrompue par Zé. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhR0o7BxrTE5UMqwdMh6u4uPZlMQx9gyHGAzJIXtcmKK1Qlibg_cqaHQhyXTWndUF9Ed9XFc7NVyhMGWu64VqJ5bSB5fWKQFfTnAVFOdZSp-pJPHr638wGLJ7lMRw63gsaKN9I-Y5-mico/s1600/Cette+nuit+02+nu%25C3%25A9e+de+tarentules.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhR0o7BxrTE5UMqwdMh6u4uPZlMQx9gyHGAzJIXtcmKK1Qlibg_cqaHQhyXTWndUF9Ed9XFc7NVyhMGWu64VqJ5bSB5fWKQFfTnAVFOdZSp-pJPHr638wGLJ7lMRw63gsaKN9I-Y5-mico/s400/Cette+nuit+02+nu%25C3%25A9e+de+tarentules.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Zé soumet ses prétendantes à des épreuves d'une grande cruauté : une nuée de tarentules...</i></div><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhyVbMYTgKIBhYhu72_6dLFPjJqpFs0jPVS2k5I1TYhqN6uOHb2Ft7cFsWPFN0B_v0AgxPNhfkVuzHLkr7O3UDIgwpP_EnXeZ3tgpf0bUErkhCuEXRz3qMoUiA6vPObN94SIxo7OHCjE7s/s1600/Cette+nuit+02+serpents.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhyVbMYTgKIBhYhu72_6dLFPjJqpFs0jPVS2k5I1TYhqN6uOHb2Ft7cFsWPFN0B_v0AgxPNhfkVuzHLkr7O3UDIgwpP_EnXeZ3tgpf0bUErkhCuEXRz3qMoUiA6vPObN94SIxo7OHCjE7s/s400/Cette+nuit+02+serpents.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>...et des dizaines de (gros) serpents. On n'ose s'imaginer comment le tournage de ces scènes (les animaux sont tous bel et bien vivants) s'est déroulé.</i></div><br />
Le canari broyé de <i>À minuit (...)</i> aura fait des petits. <i>Cette nuit je m'incarnerai dans ton cadavre</i> démontre qu'à l'imagination morbide audacieuse du premier volet, son réalisateur a su ajouter une richesse formelle indéniable, une compréhension presque instinctive du symbole cinématographique. Cet instinct – que le personnage de Zé tient pour la seul part valable de la psyché humaine – éclate donc à l'écran, mais Marins ne s'arrête pas là. <br />
<br />
Le catalogue choquant du premier volet laisse place à la construction d'un poème profondément inventif, une suite ininterrompue d'images à l'imaginaire somptueux et tétanisant. La peur, plutôt absente de <i>À minuit (...)</i>, survient également, en préambule de la descente de Zé aux enfers, via une silhouette noire monstrueuse qui n'est pas sans évoquer l'esthétique des films de Cocteau.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjLh33X95vcCfu1RIEyTOz_Y1f74lueffqyfLNbO96fZBI46Ep1VCqtsr3LzO73Fd3EuLoSiq7uhjn27eBBin9r2VspZVld-JKZesNvs2ShVNlsBoG1QUKW-_885KCL_3U-Le7wv9j_ZS4/s1600/Cette+nuit+04+ombre.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjLh33X95vcCfu1RIEyTOz_Y1f74lueffqyfLNbO96fZBI46Ep1VCqtsr3LzO73Fd3EuLoSiq7uhjn27eBBin9r2VspZVld-JKZesNvs2ShVNlsBoG1QUKW-_885KCL_3U-Le7wv9j_ZS4/s400/Cette+nuit+04+ombre.jpg" /></a></div><br />
Mais c'est dans cette descente aux enfers que le foisonnement de l'imagination de Marins s'exprime le mieux : les Enfers sont ainsi une contrée gelée, et non brûlante telle qu'on s'y attendrait, filmée en couleur par José Majico Marins, tandis que le reste du film était en noir et blanc. Avec cette plongée dans l'après-vie, le réalisateur quitte le domaine du marquis de Sade pour entrer dans celui de Pieter Bruegel : les murs suintent de sang, les damnés sont gelés sur place, contraints de ramper sous le fouet et le trident, noyés dans des flaques où surnagent des reptiles... Trois ans plus tôt, Kenneth Anger, autre grand blasphémateur cinématographique, sortait <i>Scorpio Rising</i> : l'univers visuel outré d'Anger aurait-il marqué Marins ? Mario Bava, dont les grandioses <i>Le Corps et le Fouet</i>, <i>Hercule contre les vampires</i> ou <i>Les Trois Visages de la peur</i> sont contemporains des débuts de Marins, aussi ?<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMX3SpRwKHifPErL7CzfAG7pUvSDB3zUvRF7xUBD6VmrD_bRgNlBY8JlTi9M2eQoITF_vh_ZugyIbaU1krc2A4sneu7s2esaW6tVfYR3tVS92NB1xqzkiftZXZPtAZBBLi0cszOCd3ouw/s1600/Cette+nuit+05+enfer+01.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMX3SpRwKHifPErL7CzfAG7pUvSDB3zUvRF7xUBD6VmrD_bRgNlBY8JlTi9M2eQoITF_vh_ZugyIbaU1krc2A4sneu7s2esaW6tVfYR3tVS92NB1xqzkiftZXZPtAZBBLi0cszOCd3ouw/s400/Cette+nuit+05+enfer+01.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Les Enfers psychédéliques de José Mojica Marins</i></div><br />
Malgré sa visite des Enfers – ce n'était qu'un rêve, ou du moins Zé tâche-t-il de s'en convaincre –, le croque-mort ne va pas renoncer, d'autant que cette fois il a trouvé la femme qu'il lui fallait, une compagne dévouée, plus intensément profane qu'il ne l'est lui-même. Le finale du film verra Zé tomber aux mains de la populace enragée – comme de juste – et abjurer sa foi mécréante alors qu'il s'enfonce dans les marais. Lucas Balbo et Laurent Aknin, dans leurs <i>Classiques du cinéma bis</i>, veulent y voir une concession absurde du réalisateur aux censures de tous pays, pour assurer le succès de son film. Pourtant, devant le regard désespéré de son assistant Bruno, qui voit disparaître Zé dans les marais, on saluera plutôt le talent de Marins, qui est parvenu, comme James Whale à l'époque de l'Universal, à nous faire prendre fait et cause pour son monstre, malgré tout martyr, et à qui sa fin sied véritablement. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgfQ5WmyWUhbYBKbkwS48Fo6EzT8ZfWlcJtPGfKIBZCDBlryShTj1SP-25VC4iIsVuTHKXrBJeVnouyEi7mHvngN3fv3rFeIDrrxu7gPW8ibPXiqkELQMC1AuEPZu3LtI0pfpWJXvFf0MQ/s1600/Cette+nuit+07+igor+pleure.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="300" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgfQ5WmyWUhbYBKbkwS48Fo6EzT8ZfWlcJtPGfKIBZCDBlryShTj1SP-25VC4iIsVuTHKXrBJeVnouyEi7mHvngN3fv3rFeIDrrxu7gPW8ibPXiqkELQMC1AuEPZu3LtI0pfpWJXvFf0MQ/s400/Cette+nuit+07+igor+pleure.jpg" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i>Ne pleure pas, Bruno, Zé va revenir dans plus de quinze films !</i></div><br />
Lire aussi sur critikat : <br />
<a href="http://www.critikat.com/L-Homme-invisible.html">L'Homme invisible</a><br />
<a href="www.critikat.com/Frankenstein.html">Frankenstein</a><br />
<a href="www.critikat.com/Le-Corps-et-le-Fouet.html">Le Corps et le Fouet</a>Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-37348494010146817542011-12-20T08:17:00.000-08:002012-02-28T07:47:21.254-08:00D'autres piratesS'il existe encore aujourd'hui, malheureusement, des exemples concrets de ce que la piraterie maritime peut représenter de plus terrible, le symbole du drapeau noir ne s'en laisse pas compter. De défiance étatique ouverte en manipulation cybernétique illégale, du Parti des pirates à la <i>Pirate Bay</i>, c'est encore et toujours sous le drapeau noir au crâne que se rassemblent ceux qui, par idéal ou par intérêt, s'inquiètent de la liberté. <br />
<br />
Probablement parce que la fiction a trouvé dans la figure des forbans libres de toute attache, sinon celle qu'ils ont à leur navire, un symbole puissant, et qu'il n'en faut pas plus pour qu'il nourrisse l'inconscient collectif. <br />
<br />
C'était en 1961. Le Portugal vivait les derniers moments de la dictature de Salazar, une quarantaine d'années placée sous le signe de l'autocratie conservatrice, d'interdiction du parlementarisme et des syndicats. Il faudra, pour que le monde se souvienne du peuple portugais, qu'un écrivain se fasse pirate. Désireux d'attirer l'attention des médias, l'auteur Carlos Malta Galvao va se rendre maître de la <i>Santa-Maria</i>, au large des Îles-sous-le-Vent. Il a raconté lui-même son exploit :<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGN68LjT_DwX6uMso8dm2dYvQykvtc6FNNIQe-E3zyJcyJnDbPOTPf3QpZaCohMDvuQKTcHOACVByO5wMU7hc6Twl4abuRiPYZQ_Ortcwwe_VjNG7Q7eIcVycj6gJE8gTsKrlHOf3jSwI/s1600/1.jpg" imageanchor="1" style="clear:left; float:left;margin-right:1em; margin-bottom:1em"><img border="0" height="255" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGN68LjT_DwX6uMso8dm2dYvQykvtc6FNNIQe-E3zyJcyJnDbPOTPf3QpZaCohMDvuQKTcHOACVByO5wMU7hc6Twl4abuRiPYZQ_Ortcwwe_VjNG7Q7eIcVycj6gJE8gTsKrlHOf3jSwI/s400/1.jpg" /></a></div><br />
« <i>Sitôt arrivé à Curaçao, j'allais m'installer dans une petite pension sur le port. Je n'avais sur moi, pour toute fortune, que quinze florins. Ce furent une horrible journée et une horrible nuit d'attente. Pendant ce temps, mes hommes embarquaient à bord de la </i>Santa-Maria. <i>Au dernier moment, l'un d'eux, le spécialiste radio, manqua à l'appel.</i><br />
<br />
« <i>De la fenêtre de ma chambre, je pouvais voir le canal par lequel arriverait la</i> Santa-Maria. <i>Le matin du 21 janvier, vers 9h, un grand fracas m'annonça que le pont qui fermait l'entrée du canal était en train de s'ouvrir. À l'entrée du canal, majestueux et digne, se profilait l'objet de mes rêves, la </i>Santa-Maria.<i> Le navire passa devant ma fenêtre et alla mouiller à l'autre bout de l'île. Au bout d'une heure d'attente anxieuse, j'entendis soudain tambouriner à ma porte. C'était Santo Maior, qui venait m'annoncer que tout s'était bien déroulé et qu'il avait passé la nuit à observer, dans les moindres détails, la marche de la </i>Santa-Maria. (…)<br />
<br />
« <i>Vers 18h, [je sortis en sa compagnie]. Nous nous arrêtâmes au siège de la compagnie, où je retirai une carte de visiteur. Puis, très détendu, je me mêlai au flot des passagers qui montaient et descendaient, et je mis le pied sur la </i>Santa-Maria.<i> Déjà, et c'était bouleversant, je sentais confusément que le navire était à moi. </i>(…)<br />
<br />
« <i>Je fis la distribution des armes. (…) À 1h25, je quittai ma cabine. À 1h30, sur un signe de moi, tous les hommes sortirent leurs armes, passèrent leur brassard et revêtirent leur béret. Les officiers ont arboré leurs épaulettes.</i> "Vamos !"<i>, dis-je alors.</i> (…) »<br />
<br />
Il faut 45 minutes aux insurgés pour s'emparer du navire. Ils font deux blessés, qui sont portés à l'infirmerie, mais l'équipage de 318 hommes est maîtrisé, le capitaine mis au fer, les passagers consignés dans leurs cabines, et le paquebot de 20.000 tonnes fait alors route pour une destination inconnue. À ce moment, nul, en dehors des personnes présentes sur la Santa-Maria, ne s'est encore rendu compte de la mutinerie.<br />
<br />
« <i>Du haut de la passerelle de commandement, je regardai la proue de la </i>Santa-Maria <i>changer de direction vers le destin que je lui imposais. (…) Ce soir, il était à moi, et il s'appellerait désormais </i>Santa-Libertade.<i> (…) Mon intention était de naviguer vers l'Afrique en secret, aussi longtemps, tout au moins, que le secret pourrait être gardé.</i> (…)<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxGnnWQTdI7NI822hdgOzeomaYhGioVMrrKueeTexaFPju965Av7Cx9RlhlmtrmCqdCG-MBZaJ5jT7U9dvan8hUtk6IBwYTqZioCWQmHgxyO-yHtXJ_CCAiX7Yu_EWqFE7eb8xbosXrQI/s1600/2.jpg" imageanchor="1" style="clear:left; float:left;margin-right:1em; margin-bottom:1em"><img border="0" height="271" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxGnnWQTdI7NI822hdgOzeomaYhGioVMrrKueeTexaFPju965Av7Cx9RlhlmtrmCqdCG-MBZaJ5jT7U9dvan8hUtk6IBwYTqZioCWQmHgxyO-yHtXJ_CCAiX7Yu_EWqFE7eb8xbosXrQI/s400/2.jpg" /></a></div><br />
« <i>C'est le lendemain matin (…) qu'une circonstance imprévue vint tout remettre en cause. Le médecin de bord m'annonça que l'officier de quart était mort, mais que le marin blessé pouvait être sauvé s'il était opéré d'urgence. (…) Je réunis mes adjoints sur la passerelle et leur demandait leur avis. Le débarquement de cet homme signifiait la découverte de notre entreprise. D'un autre côté, il y avait en jeu une vie humaine. Finalement, je donnais l'ordre de mettre le cap sur Santa-Lucia et de débarquer le blessé. Quand nous fûmes à deux milles de la côte, je fis descendre une embarcation avec un infirmier, un des commissaires et trois marins. Avec eux, s'envola le secret de la </i>Santa-Maria. »<br />
<br />
Il aura suffit d'une vie en jeu pour que Carlos Malta Galvao s'écarte du tout venant des pirates : en cela, il reste fidèle à la figure romanesque, héroïque au grand cœur, qui a supplanté celle des ruffians assoiffés de richesses, sans foi ni loi. Quel aurait été le destin de la <i>Santa-Maria</i> parvenue en Afrique ? Une prise d'otage traditionnelle ? C'est donc un heureux hasard que celui qui inscrivit l'entreprise quichottesque de l'écrivain-pirate dans la légende plutôt que dans la colonne des faits divers. <br />
<br />
Mais, ce n'est certainement pas l'avis des autorités. Les États-Unis lancent la marine nationale et ses avions à la poursuite du navire. Carlos Malta Galvao ne peut plus se rendre en Afrique : il tente un moment de négocier une reddition auprès de la marine brésilienne, à Recife, mais en vain. Alors, le 2 février, une dizaine de jour après le début de son rêve rebelle, il accepte d'échanger les passagers et l'équipage contre un remorqueur. <br />
<br />
«<i> Mon intention était, après le débarquement des passagers et de l'équipage, de revenir en eaux libres. Mais comme je n'aurais plus d'équipage, j'aurais besoin d'un remorqueur. Car j'avais pris ma décision dans la solitude de ma cabine. Si l'épopée de la Santa-Maria s'arrêtait par la force des choses, parce qu'un jour nous avions préféré au succès de notre entreprise le sauvetage d'une vie humaine, une épave scellerait à jamais dans ces eaux le souvenir de ce grand bateau qui était passé par là un jour, avec à son bord une poignée d'hommes épris de liberté.</i> »<br />
<br />
Une fois récupérés l'équipage et les passagers, les Brésiliens refusent le remorqueur promis. La reddition sans condition s'impose alors au capitaine pirate et à ses conjurés. Le réel, encore une fois, avait pris le pas sur le symbole.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHW7uzPHUYC2LyJQgpY-2DMlqTZmxexpRvbyDDbboaBsyeM0WMgpInJkfWXFUIqtOVvJyTc8mexv_bBKmmbOyXNpSCzy57b9UaMASPqXkpLjfN8HBVJwn68-MK3sFLwUsebL9zYlHe5ic/s1600/3.jpg" imageanchor="1" style="clear:left; float:left;margin-right:1em; margin-bottom:1em"><img border="0" height="400" width="301" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHW7uzPHUYC2LyJQgpY-2DMlqTZmxexpRvbyDDbboaBsyeM0WMgpInJkfWXFUIqtOVvJyTc8mexv_bBKmmbOyXNpSCzy57b9UaMASPqXkpLjfN8HBVJwn68-MK3sFLwUsebL9zYlHe5ic/s400/3.jpg" /></a></div><br />Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-45487737599622138102011-11-18T11:46:00.001-08:002012-02-28T07:47:21.294-08:00C'est ainsi que les hommes meurentÀ San Cristobal, dans les îles Salomon, une merveilleuse epopee nous raconte qu’Agunua est un serpent mâle. « Il créa tout, continue la narration : la mer, la terre, les hommes, les animaux, le tonnerre, la foudre, la pluie et les tempêtes, les fleuves, les arbres et les montagnes… Agunua créa une femme qui, devenue vieille, s’en alla change de peau à la mer, car l’usage en était ainsi. Elle avait une fille qui resta au village, et quand elle revint, ayant changé de peau, celle-ci ne voulut point la reconnaître. Elle dit : “celle-ci n’est pas ma mère”, et la chassa. Alors la mère revint chercher son ancienne peau. Elle mit plusieurs jours pour la retrouver car le courant l’avait amenée au loin, parmi les branches de corail. Elle s’en revêtit donc et la fille la reconnut enfin. Hélas, c’est ainsi que la mort fut de ce monde : parce qu’une fille ne reconnut pas sa mère. S’il en avait été autrement, en vieillissant, les hommes auraient toujours pu changer de peau, et ils auraient été immortels. »
C.E. Fox, "The Threshold of the Pacific", London, 1924Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-13218874781783980572011-09-23T04:54:00.000-07:002012-02-28T02:47:05.459-08:00Charles de Lint<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhi3nkxF6x0aNgE50QPn9U4FL0Ko-T7EO0rzzA3bkqQBGW1uMl33GouH_bLq6bVA85HJdqSEpACDkDR9Dj56DQUidX63LJ2aI3sSZnE8iiH1CG7vLLnt2U7eTkxIcjdwme7fXaec5BHsNE/s1600/1.jpg" imageanchor="1" style="clear:left; float:left;margin-right:1em; margin-bottom:1em"><img border="0" height="285" width="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhi3nkxF6x0aNgE50QPn9U4FL0Ko-T7EO0rzzA3bkqQBGW1uMl33GouH_bLq6bVA85HJdqSEpACDkDR9Dj56DQUidX63LJ2aI3sSZnE8iiH1CG7vLLnt2U7eTkxIcjdwme7fXaec5BHsNE/s400/1.jpg" /></a></div><br /><br />C’est finalement assez rassurant de penser qu’il en va des livres comme des amitiés : on ne sait jamais vers quoi une rencontre inopinée vous emmènera. <br /><br />Tout commence donc par Neil Gaiman. En tout état de cause, beaucoup de choses, en ce qui me concerne, commencent par Neil Gaiman, mais passons. Amoureux fervent du roman graphique de <i>Dreamhunters</i>, où l’auteur a collaboré avec Yoshitaka Amano, je me suis intéressé à la « version graphique » de <i>Stardust</i>. La collaboration de l’auteur avec Charles Vess fait de l’ouvrage sans doute ce qu’il y a de plus délectable dans la bibliographie de Neil Gaiman, une œuvre aux airs de vieux grimoires, empreinte d’une sagesse tranquille et bienveillante. Celle-ci, toujours présente chez Gaiman, est véritablement magnifiée par la douceur des dessins de Charles Vess, ouvrant véritablement une porte sur un monde pas forcément plus doux, mais plus… signifiant.<br /><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkUdzRtGPcF9WlfPdwkhZaphUlk7vU8ZJJqtWollLb14JywO_fuMiYKEgUB0PTzON6P9cVyr4L80FvvdakUsUdFA0He488PPfs5vdMhvWF4Ct3HXUpJAYiWItU8v8PQxSnxdasUNa1hiw/s1600/2.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="264" width="354" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkUdzRtGPcF9WlfPdwkhZaphUlk7vU8ZJJqtWollLb14JywO_fuMiYKEgUB0PTzON6P9cVyr4L80FvvdakUsUdFA0He488PPfs5vdMhvWF4Ct3HXUpJAYiWItU8v8PQxSnxdasUNa1hiw/s400/2.jpg" /></a></div><br /><br />« Les fées représentent la beauté que nous ne voyons, celle que, peut-être, nous choisissons d’ignorer. C’est la raison pour laquelle je vais les peindre dans une décharge, ou en train de survoler un clodo aviné, endormi dans un caniveau. Rien ni personne n’est hors de portée de l’esprit. Prêtez suffisamment attention, et toute chose a son histoire. Chacun est important. » Placés dans la bouche de son héroïne récurrente, Jill Coppercorn, les commandements du monde de Charles de Lint montrent bien à quel point celui-ci résonne des mêmes accents que l’univers de Charles Vess – et combien il fallait donc bien que je finisse par tomber dessus. Avec <i>A Circle of Cats</i>, ils inventent un monde de conte de fée à la douceur peut être un peu trop tendre, qui ne laisse en rien présager de la noirceur de l’œuvre de Charles de Lint.<br /><br />Peu connu en France, sinon pour une vingtaine de nouvelles et trois romans, Charles de Lint est un iceberg dont les lecteurs francophones n’aperçoivent qu’une infime part émergée. Il est attaché à un style romanesque appelé la fantasy urbaine : l’irruption dans le monde moderne contemporain d’éléments de fantasy. À la lecture, donc, de ce <i>Circle of Cats</i>, on pouvait craindre que, au-delà de la joliesse du conte tissé avec l’aide de Charles Vess, le monde de Charles de Lint ne soit qu’une vision gentillette, sucrée, de la fantasy moderne, loin, par exemple, de l’univers doux-amer de Neil Gaiman.<br /><br />Grave erreur. À la lecture du <i>Very Best of Charles de Lint</i> (un compendium réalisé en collaboration avec les lecteurs !) et de son <i>Onion Girl</i>, le style de l’auteur se révèle : il ne choisit jamais de dissocier modernité et fantasy, le monde onirique est à portée de qui se préoccupe de tendre la main, et – et c’est là la rude spécificité de cette œuvre – la noirceur dans le cœur des hommes est bien présente, l’entropie du destin est toujours prompte à frapper. <br /><br />Que nous dit donc Charles de Lint, s’il n’emprunte pas les voies, bien galvaudées, de la fantasy comme une échappatoire à un réel banal, sordide, ou les deux à la fois ? S’il ne remplit pas sa fonction de « distraction », de celles qu’on prête à la littérature, parfois ? Charles de Lint a foi dans des valeurs simples, et légèrement surannées : la grandeur d’âme, l’amitié – l’amour ? –, la conscience qu’on doit avoir de la valeur de l’autre. Anthropologue averti, érudit prodigieux, le Canadien intègre dans son monde les mythologies amérindiennes, gitanes, et celtiques. On peut le soupçonner, également, d’intégrer à ses récits les mythologies personnelles de ses rencontres humaines – tant les épouvantables secrets que certains personnages cachent sans doute des douleurs véritables. Charles de Lint choisit de ne jamais juger, ni le monstre tapi dans le passé d’une gamine abusée par son grand frère, ni les créatures ancestrales qui peuplent les récits mythologiques qu’il s’est appropriés. Tout cela relève autant de l’imaginaire, et cet imaginaire ne doit jamais, nous dit l’auteur au fil de ses nouvelles et romans, ni être négligé, ni moqué. <br /><br />Charles de Lint ne va pas faire la vie facile à ses personnages : quelques magiques qu’elles soient, le fait de vaincre ses terreurs n’assurent jamais une « victoire magique » - la vie, si elle continue après (car, parfois…), est un autre combat, à mener également. Le fait d’entretenir une amitié, de conquérir un amour, des épreuves tout aussi difficiles – sinon plus. Mais le monde imaginaire qui Charles de Lint construit à côté du nôtre nous offre la possibilité de voir que la grisaille quotidienne n’est pas une fatalité, que pour qui prête l’oreille, pour qui garde l’œil éveillé, le merveilleux est à portée de main, qu’il soit dans un monde imaginaire fantasmagorique, ou dans une personne dont, l’habitude aidant, on oublie de s’émerveiller. Et, si on se prend d’une amitié réelle pour la galerie infinie de personnages créés par l’auteur, si on se trouve bouleversés par leurs petites et leurs grandes histoires, par leurs malheurs quotidiens ou par leurs fêlures les plus profondes, suivons les rencontres de Charles de Lint : c’est une rencontre qu’il ne faudra ni négliger, ni moquer. <br /><br />Lectures conseillées : <br /><br />- <i>A Circle of Cats</i><br /><br />- <i>The Very Best of Charles de Lint</i> : « Laughter in the Leaves », « The Badger in the Bag », « And the Rafters Were Ringing », « Into the Green », « The Graceless Child », « In the House of my Enemy », « Crow Girls », « Birds », « Sisters », « Pal o'Mine ».<br /><br />- <i>The Onion Girl</i><br /><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJVL1kUg0CCev5A0rJ-Ty5bwgX3P5ULB3duwa0xmXj_N0xb5cnbKfYQZhGXne4N7MQgMxCWWqjSATMM6rX5rfXVJGnaPMpDJWwnIlxa88QDH6b0rVd82Fm3Njn87LotsFJr80rwSEhl30/s1600/3.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="318" width="304" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJVL1kUg0CCev5A0rJ-Ty5bwgX3P5ULB3duwa0xmXj_N0xb5cnbKfYQZhGXne4N7MQgMxCWWqjSATMM6rX5rfXVJGnaPMpDJWwnIlxa88QDH6b0rVd82Fm3Njn87LotsFJr80rwSEhl30/s400/3.jpg" /></a></div>
Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-14268093596016710922011-09-22T04:51:00.000-07:002012-02-28T07:47:21.248-08:00Le tigre bleu de Fujian<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQZGUf3oaCw6WOjKTK-SLY3tTF1XMkAB7jtDlYpcNq4LA5R8PKJN0WN9NWWLK265eQIJ0BtIsuj3UlzJRhIek2CXLwtTf4WDuOaKqq_qkYOrvtwKnVZ49PbRhHV2B-icpCv0WA-TLdsCs/s1600/bleu2.jpg"><img style="display:block; margin:0px auto 10px; text-align:center;cursor:pointer; cursor:hand;width: 400px; height: 266px;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQZGUf3oaCw6WOjKTK-SLY3tTF1XMkAB7jtDlYpcNq4LA5R8PKJN0WN9NWWLK265eQIJ0BtIsuj3UlzJRhIek2CXLwtTf4WDuOaKqq_qkYOrvtwKnVZ49PbRhHV2B-icpCv0WA-TLdsCs/s400/bleu2.jpg" border="0" alt=""id="BLOGGER_PHOTO_ID_5655151741248522546" /></a><br /><br /><span style="font-style:italic;">Une espèce légendaire et pourtant, selon toutes probabilités, réelle de tigre mutant de la province de Fujian, Chine, qui reste à capturer.</span><br /><br />En septembre 1910, alors qu’il chassait dans la province de Fukien (aujourd’hui Fujian) au sud-est de la Chine, le missionnaire américain Harry R. Caldwell rencontra un tigre – presque – conforme en tout point à la description que l’on connaît de cet animal. Celui-ci, en effet, était bleu là où les tigres sont habituellement oranges. Caldwell raconte qu’il décida de tuer l’animal, afin de prouver son existence. Cependant, deux enfants – qui, probablement, attiraient l’attention du félin – étaient dans sa ligne de mire : le temps qu’il se dirige là où il aurait pu tuer la bête, celle-ci avait déjà disparu dans les fourrés. Les indigènes lui confirmèrent, cependant, que de tels animaux avaient été fréquemment observés dans la région, mais jamais capturés.<br /><br />Même si la couleur bleue chez un tigre peut paraître étonnante, elle peut être aisément expliquée : de la même façon qu’on trouve chez certains spécimens de lynx et de chat sauvage la coloration bleu-mauve fumé (nommée « dilution bleue ») propre aux chats bleus d'arkhangelsk cette couleur dépend d’une mutation génétique rare. L’existence des tigres blancs indiens, ainsi que d’un tigre noir né dans un zoo d’Oklahoma dans années 1970, laisse à penser que la capture d’un tigre bleu est loin d’être impossible.<br /><br />(Source : <span style="font-style:italic;">Chambers Dictionnary of the unexplained</span>)Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-3402347329159966292010-10-29T04:28:00.000-07:002012-02-28T09:50:34.926-08:00Onomastikon<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjc5GPuvtSW19JFtHyeS3iy9Zw3yepTgTcU8HRhiF9l5q1qnzvUhodDZ4E5Y1ciwANx6vNc_YCBbxYwK8kRN9W_gbOaVxQmB0jdFCB2zU8FUpTiw8ETyRso0w85G-ul3BVxh8UrRYlgIJs/s1600/Lab.jpg"><img style="display:block; margin:0px auto 10px; text-align:center;cursor:pointer; cursor:hand;width: 400px; height: 392px;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjc5GPuvtSW19JFtHyeS3iy9Zw3yepTgTcU8HRhiF9l5q1qnzvUhodDZ4E5Y1ciwANx6vNc_YCBbxYwK8kRN9W_gbOaVxQmB0jdFCB2zU8FUpTiw8ETyRso0w85G-ul3BVxh8UrRYlgIJs/s400/Lab.jpg" border="0" alt=""id="BLOGGER_PHOTO_ID_5533429288053850226" /></a><br />Renouvier, Gould…<br /><br />Les noms se ressemblent, reviennent, chez Bernard Quiriny. Ses <span style="font-style:italic;">Contes carnivores</span>, recueil de nouvelles diversement brillantes, mais toujours narrées sur un mode érudit et ironique des plus charmants, abritent ainsi une foule de personnages. Quiriny s’en amuse, comme il s’amuse à souligner leur parenté évidente : ils ont tous le même père – un père qui se projette sans mystère, et sans vergogne, dans chacun d’eux. Serait-on en train de nous proposer un symbole ô combien subtil sur l’artificialité de l’art d’écrire ? Ce serait l’œuvre d’un auteur un rien arrogant, et dans le cas de Quiriny, si ses précédentes œuvres permettait une telle prétention – parce que souvent doublée d’autocritique –, le procédé fait long feu. Avec ses <span style="font-style:italic;">Assoiffées</span>, Quiriny passe la ligne rouge.<br /><br />Pierre Gould, alterego multiforme de l’auteur, prend son envol dans ce nouveau – ce premier – roman, en littérateur aux multiples casquettes et à l’arrogance suprême. Bouffi d’importance, l’homme organise une expédition, flanqué d’une demi-douzaine de compagnes et compagnons de voyage, vers le pays le plus dangereux d’Europe : la Gynécée de Belgique. Cet empire est aux mains des femmes, qui ont réduit les hommes en esclavages et tiennent d’une main de fer un empire féminin aux forts accents de bloc de l’Est. Du fond de ce riant pays, une Belge va gravir les échelons de l’appareil d’état, en tâchant de conserver sa lucidité dans les pages d’un journal intime bien opportun.<br /><br />J.G. Ballard disait des romans que beaucoup auraient gagnés à n’être rédigé que sous la forme de nouvelles. Jusqu’à plus ample informé, on tiendra cette maxime pour vraie concernant Bernard Quiriny, tant la déception est au rendez-vous, après son passage de la nouvelle au roman. <span style="font-style:italic;">Les Assoiffées</span> se révèle, ainsi, être un cas d’école pour l’étude des défauts des récits parfaits pour une nouvelle, gonflés pour passer au format du roman. Si le procédé narratif double – l’expédition et le journal intime – fait relativement sens dans les dernières pages, on est frappé par sa vacuité, tout au long du récit. <span style="font-style:italic;">Les Assoiffées</span> est un livre éparpillé : entre ses deux grands axes narratifs, entre les personnages qui parsèment ceux-ci, se multipliant inutilement. Quiriny dissocie d'autant plus ces personnages de leur rapport au monde qu'il en multiplie le nombre, et les péripéties s'accumulent pour ces personnages-ombres, pourtant narrativement inutiles.<br /><br />Ce que veut Quiriny, outre passer par l'empathie pour appuyer son discours critique sur les égarements d'une dictature basée sur une idéologie (les références à Ceaucescu, Mao, Kim Jong-Il..., sont transparentes), c'est s'interroger sur les raisons d'être des soutiens populaires d'un tel régime, à la fois à l'étranger (la lâcheté et l'intérêt entrent en ligne de compte - rien de neuf sous le soleil), mais également au sein de ces régimes, au quotidien. La méthode de Quiriny consiste à démontrer que le corps social se fédère d'un bloc, naturellement, contre une situation inacceptable. Ici, la domination phallocrate. Pour corrompu et décadent que soit le régime de l'Empire, Quiriny montre avec justesse les sujets sincèrement désemparés lorsque l'appareil d'état se délite - autant en tant que cibles de la propagande que profondément, intimement.<br /><br />Pas modeste pour un sou - Gould est son alter-ego à juste titre, semble-t-il -, Quiriny introduit la figure de Montesquieu dans son roman. Aspire-t-il à faire des <span style="font-style:italic;">Assoiffées</span> un moderne <span style="font-style:italic;">Esprit des lois</span>, mâtinés de théories soi-disant égalitaristes à la mode ? Son dernier ouvrage a en effet la saveur d'un conte ironique et philosophique à la Oscar Wilde, mais un conte laborieux, contourné, sans l'humour du prince des dandys - sans aucun humour, finalement.Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4628191485965336686.post-55034487272127277282010-02-14T02:10:00.000-08:002012-02-28T09:50:34.931-08:00Licence poétique<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiz9j7gZv8h7NLR5BEvOJuoLmaPe9QC3Im4zkckjEPht2yncWCQnovPNlAmMskK-4GS9k82bYkeiw1pIY6HP1AFKn7DooDKBof7UET-xLbSQMUXLbyMxAzf4bWUC5ppTTnof9WKOll1_2o/s1600-h/balthus_golden_days.jpg"><img style="display:block; margin:0px auto 10px; text-align:center;cursor:pointer; cursor:hand;width: 400px; height: 290px;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiz9j7gZv8h7NLR5BEvOJuoLmaPe9QC3Im4zkckjEPht2yncWCQnovPNlAmMskK-4GS9k82bYkeiw1pIY6HP1AFKn7DooDKBof7UET-xLbSQMUXLbyMxAzf4bWUC5ppTTnof9WKOll1_2o/s400/balthus_golden_days.jpg" border="0" alt=""id="BLOGGER_PHOTO_ID_5438040518655601826" /></a><br />Le désavantage des grands magasins de librairie, c’est qu’on a toutes les chances de s’y faire sauter dessus par un bouquin planqué là où on ne s’y attend pas. Cet après-midi là, par exemple, dans la cohue d’un des temples de la consommation bibliophile parisienne : ayant sous le bras un volume longtemps cherché, et enfin retrouvé, j’aperçois sur mon passage une anthologie des Contes immoraux du XVIIIe siècle. Une merveille prometteuse de malveillance littéraire et de vilénie réjouie, et un achat qu’il me fallait faire, ne serait-ce que pour le placer en exergue de ma bibliothèque, aux côtés de Philosopher, ou l’art de clore le bec aux femmes et de Belle femme, gros ennuis, histoire de choquer les belles âmes qui se seraient égarées chez moi.<br /><br />Et comme un acte sournois ne reste jamais sans récompense, à peine suis-je installé à une terrasse de café à parcourir l’objet, que me voilà avoisiné par un couple de dames d’un certain âge. Nos tables étant proches de la porte, les malheureuses vénérables frissonnent. M’apprêtant à sortir, je leur propose ma table, elle stratégiquement placée pour éviter de mourir d’une pneumonie. La plus proche d’entre mes voisines me regarde comme si j’étais devenu le gendre idéal, et s’intéresse à moi, alors que je remballe le contenu de mon sac : « Oh, merci jeune homme. Et que lisez-vous ? »<br /><br />Temps d’arrêt, évidemment. Au départ interdit, je plisse mon sourire, et produis la couverture de mes Contes immoraux. Du côté de l’ancêtre, la tectonique des rides s’active, et les lèvres se plissent pour condamner illico les mœurs décadentes dont ce livre était la preuve. Elle qui m’eût donné le bon dieu sans confession quelques secondes auparavant, si je n’avais laissé, malicieux, traîner le bout de [m]a queue devant [m]es yeux maléfiques ! Et comme le disait il y a peu un ami fort sage dans un décasyllabe à la délicieuse perfidie : « Une vieille de choquée, c’est toujours ça de gagné ! »<br /><br />Non content de produire son petit effet, il apparaît que le volume abrite en ses pages quelques pièces dignes d’intérêt. Témoin ce poème, « Mourir pour renaître », aux audaces souriantes, mais dont la tendance est à ne laisser personne – sinon les jeunes amoureux, qui pourrait leur vouloir quelque mal que ce soit ? – indemne. Il conviendra d’en goûter la jolie irrévérence, face à son équivalent aujourd’hui bien plus terne, et aussi, surtout la joliesse qui se cache sous la paillardise…<br /><br /><span style="font-style:italic;">[Le début du poème nous amène Hortense, veuve présentée comme un peu revêche, au seuil du moment où « déjà, loin d’[elle], la troupe des amants fuyait le colombier », et qui choisit, logiquement, de se retirer loin du monde des amours, avant que celui-ci ne l’abandonne. Ayant résolu cependant de ne pas se passer d’amant, elle courtise son abbé directeur de conscience, lequel calotin se prête volontiers aux sentiments de la dame – mais qui est également courtisé par une autre veuve locale (Clarice). Et pendant ce temps, deux purs enfants (Fanfan et Mignonette) n’attendent que de se découvrir l’un l’autre.]</span><br /><br />(…)<br />Or, ces enfants jouaient souvent ensemble<br />À la boule, au volant, ou bien quelque autre jeu,<br />Et de ce les mamans s’inquiétaient fort peu.<br />Elles agissaient, ce me semble,<br />Imprudemment. La curiosité, <br />Quelque faux pas, un rien, une ingénuité<br />Vient découvrir le pot aux roses, <br />Et puis l’on ignore les causes…<br />Mais halte-là, c’est assez discouru,<br />Au fait. Un soir, au beau clair de la lune,<br />Nos deux enfants, après avoir couru<br />Et bien joué, de chacun une prune<br />Veulent se régaler ; pour ce faire, à bas bruit<br />Ils entrent au jardin ; là, chacun en cueille une,<br />Non sans se retourner, pour voir si l’on les suit,<br />Près deux, à travers le feuillage,<br />Dans une espèce d’ermitage,<br />Ils aperçurent… Qui ! Qui ? devinez, lecteur,<br />C’est Clarice avec son directeur.<br /><br />Peindrai-je la rougeur, le trouble de Clarisse,<br />Son sein jonquille à demi nu,<br />Ses yeux pourpres qui, d’un air ingénu, <br />Semblaient dire à l’abbé : faut-il que je périsse ?<br />Décrirai-je ce front où se peignait l’ennui,<br />Et ces bras décharnés qui s’étendaient vers lui ?<br />Ces hoquets amoureux, ces transports et ses larmes ?<br />Peindrai-je l’homme noir confus de tant de charmes,<br />Prêt à céder à la nécessité<br />De s’allier avec l’antiquité ?<br />- Non, non, jamais, s’écriait le squelette,<br />Personne n’eut cette faveur secrète<br />Que je ne veux faire qu’à toi ;<br />Vois ton bonheur… Je meurs !... Embrasse-moi…<br />À ces mots doux monsieur l’abbé l’embrasse ; <br />Momus accourt, rit, et les enlace ;<br />Et l’un et l’autre en poussant un soupir, <br />Crient en duo : - Je vais mourir !<br />Ah ! je me meurs !... Fanfan et Mignonette<br />Effrayés, se sauvent soudain,<br />Et vont à l’autre anachorète<br />Conter la scène du jardin.<br />Elle de dire, en faisant grise mine,<br />Et de son mieux leur cachant sa surprise :<br />- Punition et vengeance de Dieu !<br />Oui, mes enfants, quand trop près l’un de l’autre<br />On se tient, n’importe en quel lieu,<br />On meurt de mort ; et c’est un saint apôtre<br />Qui nous le dit : c’est, je crois, saint Matthieu<br />Ou bien saint Paul. – Comment, dit Mignonette,<br />Si mon petit ami venait à m’embrasser,<br />J’en mourrai ? – Eh mais oui. Se laisser carresser<br />Par un garçon, surtout étant seulette,<br />Cause la mort. Or Dieu m’a fait don,<br />Et c’est de rendre la lumière<br />À deux pêcheurs morts de cette manière.<br />Mettez-vous à genoux, et demandez pardon<br />À Dieu pour eux. Les deux anges prièrent,<br />Et les damnés ressuscitèrent.<br />Toujours les saints attrapent le démon.<br /><br />Le lendemain, en sortant de chez elle, <br />Hortense dans son cabinet <br />Les laissa. – Gardez-vous, dit-elle,<br />De rien casser ; autant vaudrait<br />Que fussiez morts. Oui, maman… Mignonette,<br />L’instant d’après, donne un coup de raquette<br />Sur une glace, et le verre à l’instant<br />Sur le pavé s’en va tombant.<br />Figurez-vous l’effroi de la fillette.<br />- Hélas ! mon Dieu ! Quel malheur ! Ah ! Fanfan, <br />Tout est perdu. Que va dire maman ?<br />Elle soupire, elle pleure, et ses larmes<br />À son visage encore donnent de nouveaux charmes.<br /><br />Fanfan, sensible à ses douleurs,<br />Sent que son jeune cœur palpite,<br />Il la console, il s’approche au plus vite,<br />Et d’un baiser veut essuyer ses pleurs,<br />- Ah ! Que fais-tu ? lui dit-elle, interdite,<br />Ne crains-tu pas ?... Si nous allions mourir !...<br />- Eh bien, mourons ; et périr pour périr,<br />Autant le faire tout de suite.<br />Autant vaudrait mourir, nous a dit ta maman…<br />- Eh bien mourons… Sur sa bouche enfantine<br />Quatre baisers sont ravis par Fanfan.<br />Il n’en meurt pas. Le voile transparent<br />Qui couvre sa gorge divine<br />Est écarté. – Meurs-tu ? lui dit l’aimable enfant,<br />- Hélas ! nenni. Je crois que le remède<br />N’est pas sûr. Cet hélas que le soupir précède,<br />Précède à son tour un soupir,<br />Doux interprète du désir. <br />Mignonette est l’idole, et Fanfan l’idolâtre.<br />Tous deux soupirent tour à tour ;<br />Et de ce sein charmant arrondi par l’amour,<br />Du feu de ses baisers fanfan rougit l’albâtre.<br />- Meurs-tu, Fanfan ? lui dit la jeune Agnès.<br />- Hélas ! non. Et toi, Mignonette ?<br />- Hélas ! ni moi. Je ne vois nul progrès,<br />Si ce n’est qu’une ardeur secrète<br />M’embrase… - Eh bien, ma petite, voyons,<br />Lui dit Fanfan, continuons.<br /><span style="font-style:italic;">- Non, non, jamais,</span> dit la jeune héroïne,<br /><span style="font-style:italic;">Personne n’eut cette faveur divine<br />Que je ne veux faire qu’à toi,<br />Vois ton bonheur… Je meurs !... Embrasse-moi !...</span><br />- Quoi ! c’est ainsi, dit-il avec surprise,<br />Quoi ! c’est ici que l’on trouve la mort ?<br />Il la trouva. La maman de l’église <br />Revenait, quand, dans un transport,<br />Ils s’écriaient, en versant quelques larmes,<br />- Ah ! pour les malheureux que la mort a de charmes ! <br />À vos avis, maman, nous déférons ; <br />Ne grondez pas… Je sens… que… nous mourons.<br /><br /><span style="font-style:italic;">Gabriel Jean Antoine Pluchon-Destouches</span>, « Mourir pour renaître »Vincent Avenelhttp://www.blogger.com/profile/03528321892313091118noreply@blogger.com1